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Liban - La situation

Le Sud raye la formation du gouvernement de la liste des priorités

Sans vraiment prévenir, le volet sécuritaire a volé la vedette au processus de formation du nouveau gouvernement. Même si la raison de ce chamboulement de priorités reste obscure, il n'en demeure pas moins réel. À Baabda, tous les efforts jusque-là fournis pour parvenir à mettre sur pied un nouveau gouvernement ont cédé la place à un examen approfondi de la situation dans le sud du pays et à son évolution sur le terrain. D'ailleurs, et en ce qui concerne le désormais très hypothétique nouveau cabinet, les sources de Baabda indiquent qu'aucune formule pratique n'a jamais été couchée sur le papier car « chaque partie attend l'autre pour commencer à poser des formules concrètes ». De plus, il apparaît aujourd'hui de plus en plus évident qu'un nœud « invisible » vient entraver la mise en place rapide d'un nouveau gouvernement : le tiers de blocage auquel semble désormais tenir l'opposition et que refuse toujours la majorité. D'ailleurs, la chaîne de télévision al-Manar a souligné hier que le processus de formation du gouvernement est passé de la « tergiversation » à la « stérilité » pure et simple. Comme pour conforter publiquement cette thèse, le député Hussein Hajj Hassan a indiqué hier, lors d'un entretien télévisé, que l'intérêt de l'opposition est de « participer dans le cadre d'une formule "garantie" au sein du gouvernement, une formule qui pourrait dépasser le tiers » du nouveau cabinet. Une déclaration qu'il conviendrait de ne pas prendre à la légère à l'heure où pas un jour ne se passe sans qu'un incident, même mineur, vienne secouer la frontière sud. Pour le Hezbollah, il est évident qu'Israël cherche désormais à « étendre son hégémonie au Liban », si l'on en croit les récents propos du secrétaire général du Hezb, Hassan Nasrallah. Or, entre cette déclaration et l'accueil réservé la semaine dernière à Kherbet Selm aux Casques bleus de la Finul qui effectuaient une tournée de perquisition dans la région, réside immanquablement un paradoxe. Celui-ci consiste à dénigrer systématiquement l'action de la Finul, à déclarer que les Casques bleus ne respectent ni la procédure habituelle de perquisition ni, encore plus grave, la lettre de la résolution 1701. Ce point, le chef du parti Kataëb Amine Gemayel n'a pas pu s'empêcher de le soulever hier : « Nous avons tout fait pour obtenir de l'ONU la résolution 1701 et le déploiement de la Finul dans le Sud. Or aujourd'hui, nous mettons tout en œuvre pour compliquer sa mission. » Même si Hussein Hajj Hassan a affirmé que « le Hezbollah respecte la 1701 », le député Ali Fayyad a de son côté fait valoir que « la Finul se doit de respecter la spécificité des villages » du Sud et « les propriétés privées ». Le ministre des Affaires étrangères sortant Faouzi Salloukh a quant à lui clairement déclaré que « tout ce qu'Israël désire n'est pas forcément réalisable » et que l'État hébreu cherche en ce moment à « changer les règles d'engagement de la Finul » alors qu'il ne respecte même pas la 1701.
De gouvernement (certains ne le prédisent pas avant janvier), il ne sera donc point question dans l'immédiat, maintenant que la question du tiers de blocage est clairement revenue sur le devant de la scène et que même cette exigence semble être passée inaperçue hier face à la rapidité avec laquelle les tensions sécuritaires vont crescendo au Sud. La France a sur ce point exprimé hier son « inquiétude » et les craintes qu'elle éprouve face à une possible « détérioration » de la situation. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a quant à lui qualifié d'« intolérable » le fait que la Finul soit attaquée à Kherbet Selm. Le responsable onusien Michaël Williams a lui indiqué que « toute résolution, de temps à autre, est testée et contestée. Il y a eu quelques tests ces derniers jours. Je saisis cette occasion pour appeler les parties à renouveler leur engagement et à faire preuve de la plus extrême retenue ». C'est très certainement pour transformer ce vœu pieux en une réalité qu'il a rencontré tour à tour hier les responsables du Hezbollah et du mouvement Amal.
Sans vraiment prévenir, le volet sécuritaire a volé la vedette au processus de formation du nouveau gouvernement. Même si la raison de ce chamboulement de priorités reste obscure, il n'en demeure pas moins réel. À Baabda, tous les efforts jusque-là fournis pour parvenir à mettre sur pied un nouveau gouvernement ont cédé...

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