Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

Parmi les espions, d’anciens membres récidivistes de l’ALS


Nous le savons désormais : Ziad Homsi, l'espion qui opérait pour le compte d'Israël, a entamé sa mission à l'aube de l'année 2006. Nasser Nader, un autre agent arrêté le même jour, avait commencé ses activités bien plus tôt. Ces aveux sont on ne peut plus choquants pour celui qui se souvient de la tragique guerre de juin 2006 visant les lieux stratégiques et une partie de l'infrastructure du Hezbollah, mais aussi une large partie de la population libanaise.
Les premiers éléments de l'enquête, recueillis respectivement par les services de renseignements de l'armée et les Forces de sécurité intérieure, montrent clairement l'implication de ces deux espions dans des missions et des objectifs stratégiques différents : à Ziad Hosmi, avait été confiée la tâche de rassembler des informations sur les trois soldats israéliens disparus au cours de la bataille de Sultan Yacoub en 1982, ainsi que celle, assurément plus stratégique, de parvenir à décrocher un rendez-vous avec le secrétaire général du Hezbollah. En usant de son passé idéologique de résistant arabe, l'espion de Saadnayel devait indiquer à ses recruteurs, en cas de succès, le chemin menant au numéro un du parti chiite, un objectif longtemps et maintes fois visé par l'État hébreu.
Nasser Nader, « probablement l'un des plus gros poissons » comme l'affirme le directeur des FSI, le général Achraf Rifi, avait pour sa part la charge de guider l'armée de l'air israélienne à travers les dédales de la banlieue sud, renseignements à l'appui, pour lui permettre d'atteindre les objectifs militaires recherchés. Le premier est sunnite, le second est chiite. Quelques chrétiens figurent également dans les rangs des espions arrêtés récemment.
Mais l'espionnage n'a pas de religion, tant que le bateau que tentent de saboter ces agents risque de couler avec l'ensemble des Libanais, toutes communautés confondues, dira un haut responsable du Hezbollah. Quand bien même certaines voix dissonantes parmi les responsables politiques, des députés en l'occurrence, ont tenté dernièrement de relever le fait que la majorité des « collaborateurs » ont été recrutés au sein de la communauté chiite - à l'exception de Ziad Hosmsi et avant lui de Ali Jarrah, tous deux sunnites - il reste que la couleur communautaire des collaborateurs est significative du contexte géographique, social et psychologique dont ils sont issus, comme le relève une source sécuritaire autorisée.
Cette dernière, qui rappelle que plusieurs agents recrutés sont des anciens membres de l'ALS (Armée de libération du Sud), affirme qu'Israël traite généralement avec des personnes qui ont « perdu leur immunité nationale ».
Selon cette source, la « récidive » des agents qui étaient membres de l'ALS pourrait notamment s'expliquer par le fait que les sanctions émises à l'époque contre ces derniers « avaient été minimes ». Ce qui les aurait probablement encouragés dans la reprise de leurs fonctions.
La source sécuritaire précise en outre qu'au moment du recrutement, l'État hébreu avait jeté son dévolu sur des agents sélectionnés dans les milieux « favorables » en termes de contexte géopolitique. « Il est indéniable que la question des armes du Hezbollah et de l'opposition à la Syrie au cours du conflit sunnito-chiite a été un facteur favorable au recrutement d'une nouvelle génération d'agents », indique la source.
Passé maître en matière de renseignements et de variation de ses tactiques de recrutement, Israël ne s'est toutefois pas contenté de recruter dans les milieux chiites et certains milieux chrétiens, originaires du Sud. Il a réussi aussi à profiter d'un nouveau contexte politique et idéologique induit par l'assassinat de Rafic Hariri et le conflit sunnito-chiite qui s'ensuivit et la diabolisation de l'Iran et la Syrie par l'État hébreu et ses alliés.
C'est ce qui pourrait expliquer notamment « le retournement idéologique » spectaculaire d'un Ziad Homsi, un résistant sunnite invétéré, conquis durant la majeure partie de sa vie par la cause arabe et palestinienne, avance la source qui écarte l'argument de la « précarité financière » qui aurait été à l'origine de sa reconversion.
Selon cette source, ce dernier a tout simplement changé de conviction avec l'avènement d'un nouveau contexte politique, dans lequel les armes du Hezbollah étaient devenues la nouvelle cible, et le chiisme politique, le nouvel ennemi.
Une chose est sûre : l'avalanche d'agents qui tombent l'un après l'autre aux mains des services de sécurité - lesquels nous en promettent d'autres dans les jours qui viennent - n'a fait qu'exacerber la crainte du Hezbollah, d'autant plus sur ses gardes que la découverte de ces réseaux a coïncidé avec l'annonce des manœuvres israéliennes, prévues pour la fin de ce mois.
Cela suppose d'abord et avant tout que le démantèlement de ces réseaux puisse convaincre en définitive l'ensemble des Libanais de la force de nuisance israélienne et contribuer à les aider à mieux définir le véritable ennemi, affirme la source. Par conséquent, la mobilisation des énergies à laquelle on assiste actuellement au niveau des trois principaux services de sécurité en présence, à savoir les services de renseignements des FSI, ceux de l'armée et ceux du Hezbollah, illustre certes une émulation positive qui, pour une fois, ne peut que servir l'intérêt général du pays, relèvent les sources sécuritaires presque à l'unisson.
Il reste que cette compétition positive risque également d'être exploitée à mauvais escient et de se répercuter négativement si elle n'est pas orientée vers un seul et unique but : la sauvegarde et la protection du pays.
Nous le savons désormais : Ziad Homsi, l'espion qui opérait pour le compte d'Israël, a entamé sa mission à l'aube de l'année 2006. Nasser Nader, un autre agent arrêté le même jour, avait commencé ses activités bien plus tôt. Ces aveux sont on ne peut plus choquants pour celui qui se souvient de la tragique guerre...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut