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Liban - Social

Réfugiée syrienne et professeure d’arabe avec « NaTakallam »

« Au début, j'étais étonnée que l'on puisse gagner de l'argent en donnant des cours à distance sur Skype. Quand j'ai essayé, j'ai adoré. »

Rasha discutant avec Lon via Skype.

« Marhaba Rasha, kifik ? »
Confortablement installée dans son appartement à Tripoli, Rasha, 25 ans, discute sur Skype avec Lon, un Américain de 71 ans, originaire du Nouveau-Mexique, qui étudie l'arabe. Les deux avaient rendez-vous à 18 heures sur la plateforme en ligne NaTakallam pour un nouveau cours d'arabe à distance. Créé en 2015 par des étudiants de l'Université de Columbia, aux États-Unis, le site propose de mettre en relation des arabisants avec des tuteurs syriens réfugiés dans plusieurs pays dans le monde, dont Rasha.

Avant d'arriver au Liban avec sa famille il y a trois ans, la Syrienne était professeure d'anglais à Homs. « J'ai essayé à plusieurs reprises de me présenter à des écoles libanaises pour y enseigner », raconte-t-elle. « J'ai envoyé mon CV dans plusieurs établissements. En vain. Les Syriens prennent les emplois qu'ils trouvent, avec des horaires contraignants et des salaires modestes. » Quand l'un de ses amis, lui-même tuteur sur le site, lui a parlé de l'initiative, Rasha a cru à une blague : « Au début, j'étais étonnée que l'on puisse gagner de l'argent en donnant des cours à distance sur Skype. Quand j'ai essayé, j'ai adoré. »

Cela fait maintenant un peu plus d'un an qu'elle donne ainsi des cours et sa situation s'est beaucoup améliorée : « NaTakallam nous a permis d'exercer un emploi, dit-elle. Pour une fois, les postes nous étaient exclusivement réservés. » De cette façon, elle peut apporter un complément de revenu à son mari, qui travaille comme menuisier à temps partiel. Seules conditions requises : savoir parler anglais et disposer d'une connexion Internet.
Rasha a environ dix élèves et donne en moyenne dix cours par semaine, entre une demi-heure et une heure et demie chacun. Chaque demi-heure lui rapporte 5 dollars. L'équipe du site associe les élèves avec les professeurs en fonction des centres d'intérêt ou du temps libre. Les élèves n'ont plus qu'à choisir un créneau sur le calendrier du professeur.

« J'ai beaucoup de chance »
Avec son carnet, Rasha reprend la leçon là où elle l'avait arrêtée avec son élève. « Comment dit-on espérer en dialecte ? » lui demande en anglais Lon. Depuis huit mois, l'homme écrit des histoires en anglais et les traduit vers l'arabe avec l'aide de Rasha, à raison de deux à trois heures par semaine. Il dit avoir toujours été lié au monde arabe. « Dans mon église, nous avons une importante communauté syrienne. J'avais envie de communiquer avec eux », affirme-t-il. Après avoir suivi un semestre d'arabe littéraire à l'Université du Texas, Lon n'a pas trouvé de cours qui réponde à ses besoins. « J'ai appris davantage avec NaTakallam qu'au cours d'un semestre à l'université. Avec Rasha, j'ai énormément progressé, j'ai des conversations qui ont du sens, sur la vie de tous les jours. Il n'y a vraiment aucune comparaison entre les deux. »

Sur le site, tout le monde trouve son compte : les Syriens travaillent et les élèves pratiquent l'arabe. Grâce à la plateforme, les gens ont la possibilité de parler en dialecte, là où les universités privilégient l'arabe littéraire, la langue des médias et de la littérature qui n'est pas parlée dans la vie de tous les jours. « En général, mes élèves regardent des feuilletons en dialecte et ont envie de comprendre », explique Rasha. « On trouve aussi des personnes qui sont en couple avec des Arabes ou qui ont des parents originaires d'un pays arabe mais n'ont pas eu l'occasion d'apprendre la langue. » Elle-même, qui n'a jamais voyagé en dehors de la Syrie, a considérablement progressé en anglais. « J'ai beaucoup de chance, reconnaît-elle. Je travaille à domicile et je découvre des gens de 14 à 70 ans et de toutes les origines : France, Brésil, États-Unis... »
Pouvoir travailler à domicile et sans contrainte n'est pas donné à tout le monde : « Une proche libanaise m'a dit qu'elle aurait aimé être réfugiée pour pouvoir faire cela », plaisante-t-elle.

« Marhaba Rasha, kifik ? »Confortablement installée dans son appartement à Tripoli, Rasha, 25 ans, discute sur Skype avec Lon, un Américain de 71 ans, originaire du Nouveau-Mexique, qui étudie l'arabe. Les deux avaient rendez-vous à 18 heures sur la plateforme en ligne NaTakallam pour un nouveau cours d'arabe à distance. Créé en 2015 par des étudiants de l'Université de Columbia,...

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