Les réunions de cadres aounistes avec des personnalités politiques et des partis se poursuivent depuis mercredi, en vue de discuter des nouvelles donnes de l'élection présidentielle, après les signes d'un possible appui de l'ancien Premier ministre Saad Hariri à la candidature de Michel Aoun, chef du bloc du Changement et de la Réforme.
Ces derniers jours, Gebran Bassil, ministre des Affaires étrangères et président du Courant patriotique libre, était reçu par le député Talal Arslane, ainsi qu'au siège du parti Baas et au Tachnag. Hier, les députés Alain Aoun et Simon Abiramia se sont réunis avec l'ancien ministre Mohammad Safadi et la Jamaa islamiya. Une délégation a également été reçue par le ministre Michel Pharaon, et une autre par le député Nicolas Fattouche à Zahlé. Pourquoi toutes ces réunions à ce moment précis ?
Interrogé par L'Orient-Le Jour sur ces réunions avec les partis et les personnalités politiques, le député Alain Aoun précise qu'il « s'agit d'expliquer la teneur de notre entente avec Saad Hariri, afin d'être transparents avec toutes les parties et de les intégrer dans ce processus ». Justement, où en est l'entente avec Saad Hariri, qui ne s'est pas encore prononcé officiellement en faveur de la candidature de Michel Aoun à la présidence ? « Pour cela, il faut attendre son retour », répond-il, se disant confiant concernant une conclusion prochaine de cette affaire.
Interrogé sur le discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans lequel les milieux du 14 Mars ont vu une réticence à ouvrir la voie à l'élection du fondateur du CPL, pourtant son allié, Alain Aoun ne voit rien de négatif, bien au contraire.
« Ceux qui pensaient que le Hezbollah ne ferait aucun cas de ses alliés, notamment le président (du Parlement) Nabih Berry et le (candidat et député) Sleiman Frangié, se trompaient lourdement, explique-t-il. Le secrétaire général du Hezbollah a appelé à l'entente, tout simplement, et nous sommes parfaitement d'accord avec lui. »
À quand donc une rencontre avec M. Berry ? « Ce ne sera pas avant une annonce claire de la position de M. Hariri », dit-il. Pourquoi ? « Cela ne sert à rien de discuter autour de suppositions, nous préférons nous entendre sur des bases concrètes », dit-il. Est-il encore possible au bloc du Changement et de la Réforme d'établir des contacts avec M. Berry après les propos virulents exprimés par ce dernier contre la candidature de Michel Aoun ? Pour Alain Aoun, des propos virulents n'empêchent pas les contacts politiques, après tout « ce n'est pas comme s'il y avait du sang » entre les deux formations politiques.
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Les réunions de ces derniers jours avec les différentes parties politiques, le député les qualifie de « très positives », estimant qu'elles sont utiles pour rassurer les différentes parties et combattre les préjugés et les tensions qui ont été créées par le passé, à tort ou à raison, notamment avec la communauté sunnite.
Lors d'une entrevue télévisée hier soir à la LBCI, Gebran Bassil a confirmé que Saad Hariri a demandé un certain délai avant de mettre en avant l'entente avec le CPL. Il a souligné que les contacts avec le courant du Futur ne sont pas nouveaux et que l'entente avec cette composante libanaise est un « objectif stratégique » pour le CPL, parce que ce courant est le plus grand représentant de la communauté sunnite dans le pays et que celui-ci ne peut exister sans toutes ses composantes.
Interrogé sur les appels de Hassan Nasrallah à établir une entente avec MM. Berry et Frangié et s'il acceptait cela, M. Bassil a considéré que « tendre vers l'entente est une évidence quand on est candidat à la présidence et nous l'avons toujours pensé et déclaré, avant même ce discours ». « Le problème, c'est que nous croyions que ces personnes nous appuyaient naturellement. Ce n'est pas le cas et c'est un problème qu'il faut régler », a-t-il ajouté, soulignant que le mouvement initié par le CPL est d'ampleur nationale.
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« Certaines appréhensions »
MM. Aoun et Abiramia ont donc été reçus hier par le député et ancien ministre Mohammad Safadi. Ce dernier a déclaré, à l'issue de la réunion, que « la priorité absolue va à l'élection d'un président, afin que le travail des institutions en soit renforcé ». Il s'est déclaré « en faveur du candidat qui a le soutien de la majorité des chrétiens ». Il a également annoncé être pour « l'arrivée de Saad Hariri à la présidence du Conseil des ministres, suivant le processus constitutionnel en vigueur ». Pour sa part, M. Abiramia a estimé que « de telles rencontres permettent d'élargir le champ des ententes à l'échelle du pays ». Il a estimé que « M. Safadi est un acteur essentiel pour renforcer de telles ententes, qui sont dans l'intérêt du Liban ».
Les députés Aoun et Abiramia, accompagnés de leur collègue Amal Abou Zeid, ont par ailleurs été reçus par le secrétaire général de la Jamaa islamiya, Azzam el-Ayoubi, en présence du député Imad el-Hout. Dans un communiqué, la Jamaa islamiya a précisé « avoir souligné la nécessité de mettre un terme à la vacance présidentielle, mais a également exprimé certaines appréhensions ressenties par beaucoup de Libanais, notamment sur la scène sunnite ».
Pour leur part, les députés Ziad Assouad et Nabil Nicolas ont été reçus par M. Fattouche à Zahlé. Ce dernier a estimé qu' « il est temps qu'un président fort arrive au pouvoir, et ce président, c'est le général Aoun ».
En attendant, tous les yeux sont rivés sur la réunion prévue au Parlement le 31 octobre, en laquelle, assurent les sources du CPL à l'agence al-Markaziya, les aounistes ont beaucoup d'espoir de l'élection de Michel Aoun. Même si les opposants à l'élection du général de Rabieh ont du mal à penser qu'il est proche d'atteindre son but. Serait-ce la séance décisive ? Rien n'est moins sûr...
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commentaires (9)
... en rentrant droit dans le mur.
Remy Martin
15 h 44, le 15 octobre 2016