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Confessions

Plus qu'à son tour durant ces dernières décennies, le Liban aura dû, en dernier recours, solliciter la solidarité, sinon la compassion, du monde.
C'était tantôt, par exemple, pour qu'il soit mis fin à de dévastatrices agressions israéliennes. Et tantôt pour que les puissances, constituées en Amis du Liban, nous aident, par leurs prêts et dons, à reconstruire ce qu'avait démoli Israël. Plus récemment, c'est à des mains secourables que s'évertue à faire appel un Liban ployant sous le formidable fardeau des réfugiés syriens. Nous n'en sommes pas encore à attendre de la communauté internationale qu'elle se décarcasse pour nous débarrasser des montagnes d'ordures ménagères qui submergent nos villes et villages. En revanche, nous voilà bien réduits désormais à requérir l'assistance d'un peu tout le monde afin que notre pitoyable République puisse enfin se doter de ce qui est la figure de proue de toute république : un président.


Telle est la bouteille que lançait jeudi Tammam Salam à la mer des ambiguïtés onusiennes. Qui donc pourrait lui en tenir rigueur ? Moins humiliante qu'empreinte d'humilité est en effet la supplique formulée par le Premier ministre devant l'Assemblée générale des Nations unies. Moins défaitiste que réaliste, et nécessitant, de surcroît, une bonne dose de courage. Car il en faut pour reconnaître, à la face de la planète, que l'on a l'ingrate tâche de gérer un État passablement failli, affligé d'un Parlement en panne, d'un gouvernement frappé de paralysie et incroyablement sensible à toutes sortes d'ingérences extérieures.


Quels peuvent être les dividendes de tant de cruelle vérité ? La bourse internationale n'est guère au beau fixe, hélas, puisque l'on voit les puissances consacrer plus de temps et d'énergie à la crise des migrants qu'au problème Assad, lequel n'en finit pas de produire des réfugiés. Plusieurs échantillons de ce climat nous sont fournis par une Amérique qui donne actuellement l'impression de se débattre dans une crise aiguë d'impuissance.
Que peut faire Washington pour le Liban, quand non moins de quatre États œuvrent à diviser les Libanais, déplore ainsi le représentant des États-Unis à l'Onu (et ancien ambassadeur à Beyrouth) Jeffrey Feltman, cité par notre confrère an-Nahar. Sur la question syrienne, le secrétaire d'État John Kerry, engagé dans une laborieuse négociation avec les Russes, ne cache plus son abattement. Le plus consternant cependant est cette interview de Barack Obama au magazine Vanity Fair, dans laquelle le chef de la Maison-Blanche, tout en se gardant bien de reconnaître ses erreurs passées, se dit néanmoins hanté par la question de savoir s'il n'y avait pas, sur un dossier aussi sanglant que celui de la Syrie, quelque initiative à laquelle il n'a pas pensé.


À deux mois d'une singulière élection présidentielle qui n'offre d'autre choix aux Américains que Donald Trump ou Hillary Clinton, Obama aura tout de même eu le bon goût de demander ce qu'auraient fait, à sa place, des hommes de la trempe de Churchill ou d'Eisenhower...

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Plus qu'à son tour durant ces dernières décennies, le Liban aura dû, en dernier recours, solliciter la solidarité, sinon la compassion, du monde.C'était tantôt, par exemple, pour qu'il soit mis fin à de dévastatrices agressions israéliennes. Et tantôt pour que les puissances, constituées en Amis du Liban, nous aident, par leurs prêts et dons, à reconstruire ce qu'avait démoli...