Rechercher
Rechercher

Culture - Concert

Toute la ferveur et le brio de la jeunesse...

Alliance des pinceaux et de la musique de chambre dans le cadre du festival Jamil Molaeb.

Photo Marwan Assaf

De Baïssour (Mont-Liban), où se dresse le musée Jamil Molaeb, à Beyrouth, l'art fait une belle virée et une incursion remarquée. Exposition d'un ensemble de peintres libanais de renom (allant de 1852-1930 à 1929-2011) de l'ancienne génération dans l'enceinte muséale et concert de musique de chambre, avec des musiciens libanais et étrangers d'une fringante jeunesse, défendant des partitions classiques d'une riche sonorité.
C'est à l'Assembly Hall (AUB) que les nombreux mélomanes (une salle comble jusqu'aux dernières rangées, avec priorité à une audience jeune) sont venus applaudir hier soir une brochette de huit jeunes musiciens présentant un menu de musique de chambre. Avec un choix raffiné d'œuvres écrites par d'illustres compositeurs, presque la plupart avant leurs vingt ans ! Clin d'œil évident à un monde qui bouge...
Au devant de la scène pour les cordes des violons, Tanja Sonc, Amarins Wierdsma, Julian Azkoul et Mario Rahi. À la viole, Ribal Molaeb (fondateur et éminence grise du festival pour l'échange et la diffusion de l'art, des cultures, des contacts humains et reconnaissance des valeurs civilisatrices entre Orient et Occident) et Christoph Slenczka. Aux archets des violoncelles, Jana Semaan et Sary Khalifé.
Au programme, des pages alliant un esprit non seulement avant-gardiste et éclectique, mais aussi la douceur du génie de Salzbourg et le scintillement romantique du compositeur du Songe d'une nuit d'été et des Romances sans paroles. Et on cite non seulement Chostakovitch et Hugo Wolf, mais aussi Mozart et Mendelssohn.
Ouverture avec le Quatuor à cordes n 4 k 157 de Mozart, écrit à l'âge de 16 ans par le prodigieux musicien. Trois mouvements oscillant entre rêverie calme et un presto agité qui termine l'opus. Toute l'empreinte mozartienne (spontanéité, fluidité, fraîcheur) dans cette narration au style bien viennois (à l'andante maîtrisé, léger comme un nuage qui passe paisiblement) et aux phrases élégamment sinueuses et souvent pimpantes.
Pour le second morceau, changement de ton avec la Sérénade italienne de Hugo Wolf, musicien émule de Bruckner qui admira Richard Wagner. Très animé dès les premières mesures, l'opus se répand en ondes passionnelles pour des intermittences de cœur qui vont d'une œillade à une dérobade en passant par un cœur qui bat la chamade. Les violons ont de ces délicieuses traductions...

L'octuor Mendelssohn
Dans le sillage d'une composition émaillée de virtuosité et d'un lyrisme impétueux s'inscrit l'Octuor nº 11 de Dimitri Chostakovitch. Parfaitement russe dans son sens éthéré, ses violences, ses lignes mélodiques toujours imprévisibles. Les cordes sont bourrasques, gémissements, lamentations, murmures, raclures, aveux, silences, sensualité, pudeur, pizzicati, rythmes précipités, stridences, danses succubes... Une lumineuse palette de paradoxes que la musique restitue en grandes vagues déferlantes pour une sonorité fougueuse et emportée.
Pour conclure, un autre octuor – op 20 – de Félix Mendelssohn. Quatre mouvements d'une trentaine de minutes, alliant toute la ferveur et le brio de la jeunesse pour une œuvre justement écrite à seize printemps et dédiée alors à un ami. Tout l'esprit, la pétulance, les nuances subtiles et le romantisme du musicien sont déjà dans cet opus fourmillant de vie.
À l'actif du père de la très célèbre Marche nuptiale, des contrastes incisifs et une remarquable vivacité pour un scherzo des plus bondissants, sans ignorer, dans cette longue narration, des pianissimos sublimes.
Grâce soit rendue à cette jeunesse, aussi bien libanaise qu'étrangère, de servir avec autant de talent, de zèle, de passion et de ferveur une musique loin d'être facilement abordable. Et non des moins maniables, domptables. Après un démarrage un peu mou, sans doute dû au trac, le rythme est vite pris, remis sur rail et l'ensemble soudé et maîtrisé. Avec synchronisation, rigueur et un sens poussé du détail pour éviter tout couac... Notamment dans les deux octuors d'une précision extrême et d'une énergie décapante.
Belle salve d'applaudissements d'une salle religieusement recueillie (on passe outre le zèle des ovations entre deux mouvements !) et révérence tout sourire des artistes. Avec remerciements sur scène, à la fin, à tous les musiciens du peintre Jamil Molaeb, béret montmartrois sur la tête...

De Baïssour (Mont-Liban), où se dresse le musée Jamil Molaeb, à Beyrouth, l'art fait une belle virée et une incursion remarquée. Exposition d'un ensemble de peintres libanais de renom (allant de 1852-1930 à 1929-2011) de l'ancienne génération dans l'enceinte muséale et concert de musique de chambre, avec des musiciens libanais et étrangers d'une fringante jeunesse, défendant des...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut