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Sport - Billet

Les Libanais aux JO de Rio : Non, l’important n’est pas seulement de participer

Les athlètes libanais ayant participé aux jeux olympiques de Rio.

« L'important est de participer »... Ce vieil adage connu de tous avait été attribué (à tort) au baron Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques modernes, alors qu'effectivement ce dernier a avoué s'être inspiré de l'évêque de Pennsylvanie Ethelbert Talbot, qui avait déclaré, lors de son prêche à la cathédrale Saint-Paul le 19 juillet 1908, pour tenter de tempérer l'ardeur un peu poussée des athlètes américains en plein cœur des Jeux olympiques de Londres : « L'important dans ces olympiades, c'est moins d'y gagner que d'y prendre part. »
L'évêque Talbot ne se doutait pas que ses paroles resteraient encore d'actualité plus de 100 ans après les avoir prononcées et, hélas, les sportifs libanais qui participent depuis plus de 80 ans aux JO en sont le parfait exemple, à de rares exceptions, lors des Jeux d'été de 1952, 1972 et 1980.
En effet, les athlètes libanais présents aux JO 2016 de Rio ont surtout brillé par leur présence, et non par leurs performances, aucun d'eux n'ayant, malheureusement, justifié les espoirs placés en lui, comme le démontrent leurs résultats, qui, le moins que l'on puisse dire, sont désastreux.
Après plus de 100 ans d'olympisme et les progrès affichés par les sportifs de tous les coins du monde, l'émergence du professionnalisme, sans compter les revenus financiers énormes réalisés par les athlètes, provenant de la (sur-)médiatisation du sport ainsi que les droits de télé, publicitaires et d'images, il faut bien qu'un jour prochain un autre baron ou un autre évêque remonte à la tribune pour corriger cette phrase mythique et y ajouter au moins un mot, un seul, pour obliger ainsi ceux qui se cachent derrière à repousser leurs limites et les repousser encore, surtout lors d'une compétition sportive de cette ampleur.
Car oui, messieurs-dames, dorénavant, l'important est de « bien » participer, dans toute manifestation sportive, car y participer tout court, et pour le simple fait d'être présent a montré ses limites, et elles ne sont pas dignes d'un pays qui prend part aux Jeux olympiques depuis 1936.
Une petit note d'histoire pour accomplir le tour de la question d'une façon définitive : la citation « l'important est de participer » n'existe pas en tant que telle, car les vraies paroles (inspirées) du baron Pierre de Coubertin lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques 1936 sont : « L'important aux Jeux olympiques n'est pas d'y gagner mais d'y prendre part, car l'essentiel dans la vie, ce n'est pas tant de conquérir que de bien lutter. »
Mais cette citation a été abrégée pour être à la portée de tout le monde et est devenue par la suite le credo olympique bien connu de tous.
Espérons seulement que les sportifs libanais parviendront à l'oublier le plus vite possible.

 

Tir sur plateaux : la déception Ray Bassil

 

Après avoir remporté des médailles un peu partout dans le monde, que ce soit à Nicosie, au Koweït, au Maroc, en Italie, en Slovénie, et on en oublie, le bras de Ray Bassil a tremblé à Rio, l'empêchant de réaliser son rêve olympique... La pression ? Photo archives

 

La championne Ray Bassil, pourtant actuellement numéro un mondiale de la discipline (trap), et qui constituait la plus sérieuse chance de médaille pour le Liban, a lourdement chuté dès le premier tour, avec seulement 65 plateaux touchés sur les 75 mis en jeu, et une peu reluisante quatorzième place indigne de son rang.
Une performance qui ne permet même pas à la Libanaise de se qualifier pour les demi-finales auxquelles seulement les six premières au classement général provisoire à l'issue du tour initial étaient conviées.
Tout est à refaire pour la Libanaise, et si l'or est encore accessible vu son jeune âge (elle est née en 1988), elle devra tout de même aller le chercher dans quatre ans à Tokyo. Outre le fait que ce n'est pas la porte à côté, c'est également loin d'être dans la poche...

 

Marathon féminin : Chirine Njeim à la traîne

Ancienne skieuse reconvertie à l'athlétisme, et précisément au marathon, Chirine Njeim peut se targuer d'être la seule Libanaise à avoir participé aux JO d'hiver et d'été, pour un résultat finalement identique : aucune médaille ou performance extraordinaire à souligner.

 

La performance de Chirine Njeim était globalement décevante avec une 109e place au classement général final et un chrono de 2h51'08'', sur près de 150 concurrentes au départ de ce marathon, très loin de son record personnel et celui du Liban (2h44'14''). À titre de comparaison, si Njeim avait pu rééditer son exploit de Houston, elle aurait terminé 74e au marathon de ces JO, soit trente places de mieux que son classement actuel. Mais avec des si...

 

Fleuret féminin : Mona Cheaïto trop gentille ?


Deuxième participation aux JO pour Cheaïto, et deuxième échec retentissant... La troisième à Tokyo sera peut-être la bonne pour cette native du Texas, championne d'Asie des U23 (moins de 23 ans) en 2015, qui n'a que... 22 ans et a donc tout le temps pour espérer gagner encore une médaille olympique.

Un petit tour et puis s'en va. Mona Cheaïto n'a pas fait exception à la ligne de conduite fixée par les athlètes libanais présents à Rio, en se faisant éjecter par l'Américaine Lee Kiefer dès les seizièmes de finale, autrement dit au premier tour, car les 32es de finale ne concernaient qu'une poignée de fleurettistes. Aimable et effacée comme tout escrimeur digne de ce sport de seigneurs, Cheaïto n'a apparemment pas voulu faire trop de misères à son adversaire, facile vainqueur par 15 points à 3.

 

Judo : Élias explose en plein vol


Nacif Élias.

 

Nacif Élias, né et élevé au Brésil, mais naturalisé libanais en 2013, a tenu à concourir lors de ces JO de Rio sous ses nouvelles couleurs qui sont tout de même celles de ses origines. Si c'est tout à son honneur, c'est peut-être également une décision qui l'a mené à sa perte : en effet, avec le petit écusson brésilien cousu sur son Judo-Gi, et en plein cœur de Rio, les arbitres et juges se seraient peut-être montrés un peu plus indulgents avec lui, et peu enclins à l'exclure aussi rapidement pour un présumé coup de coude donné à son adversaire, l'Argentin Emmanuel Lucenti.
Mais Nacif Élias aura tout de même fait parler de lui lors de ces Jeux en devenant le premier judoka de l'histoire des JO à refuser de quitter le tatami immédiatement après sa défaite, malgré les injonctions des officiels. Les choses sont finalement rentrées dans l'ordre avec les excuses présentées un peu plus tard par Élias qui a reconnu avoir réagi à chaud et d'une manière un peu virulente.
Tout est bien qui finit bien donc, sauf pour Élias bien sûr qui devra ajourner au minimum de quatre ans ses rêves d'or olympique...

 

(Lire aussi : Après son exclusion des JO de Rio, Nacif Élias confie à L'OLJ : "Je regrette ma réaction")

 

Natation : Doueihy avant-dernière, Barbar dans le top 50


Anthony John Barbar.

  


Gabriella Doueihy.

Chez les femmes, Gabriella Doueihy s'est classée 31e sur 32 concurrentes dans le 400m, avec un chrono de 4'31''21 qui ne lui permet pas de se qualifier pour les quarts de finale, mais de passer juste devant la lanterne rouge salvadorienne Rebeca Lissette Quinteros, bonne dernière. Une consolation qui en vaut une autre, après tout...
Côté hommes, Anthony John Barbar a fait un peu mieux : huitième et dernier de sa série du 50 mètres nage libre avec un temps de 23''77, le Libanais pointe bizarrement à la cinquantième place du classement général, sur 85 concurrents. Tout compte fait, le jeune Barbar ne s'en tire finalement pas trop mal.

 

110 mètres haies : obstacle insurmontable pour Hazer


Ahmad Hazer.

 

On garde le meilleur pour la fin, c'est bien connu, mais malheureusement pour lui, ce dicton ne s'applique pas à notre athlète national Ahmad Hazer, qui était notre ultime représentant à entrer en scène à Rio, sur le 110m haies. En effet, le Libanais n'a pas fait mieux que ses compatriotes, avec une élimination précoce dès le premier tour.
Auteur d'un chrono de 15''50, Hazer occupe également la 35e et dernière place du classement général officiel, qui n'a pas pris en compte les cinq autres participants, disqualifiés pour diverses raisons et dont le temps réalisé n'a pas été comptabilisé.
Heureusement pour Hazer qui, dans ce cas, aurait été 40e au lieu de 35e...

 

Tennis de table féminin : Sahakian, sitôt arrivée, sitôt partie


Présente à Rio, Mariana Sahakian était seulement la troisième pongiste libanaise à prendre part aux JO, après Larissa Choueib en 1996 à Atlanta et Nivine Mamjouglian en 2012 à Londres. Photo archives

 

Marianna Sahakian s'est inclinée de justesse lors du tour préliminaire (qui précède donc le premier tour) face à la Nigériane Olufunke Oshonaike par 4 manches à 3, et ce dès le premier jour effectif des JO. Malheureusement pour elle, la Nigériane a été éliminée juste après, victime de la Portoricaine Adriana Diaz. Cette dernière ne sera pas plus heureuse en se faisant éliminer le tour suivant par la Française Li Xue, qui elle-même sortira deux tours plus tard, face à l'Allemande Han Ying, qui a échoué immédiatement après, lors des quarts de finale. Tout cela pour dire que Marianna Sahakian n'a aucun regret à avoir, les pongistes présentes à ces JO étant clairement un ou même plusieurs crans au-dessus...

 

Canoë slalom : Merjan (très) loin derrière


Richard Merjan.

 

Richard Merjan n'a pas fait de miracles, loin de là : classé bon dernier sur les 19 concurrents en lice, le jeune Libanais réalise également un temps de 2'00''20 qui le relègue à plus de 10 secondes de son plus proche adversaire au classement, le Sénégalais Jean-Pierre Bourgis (1'49''27), qui n'est pourtant pas réputé être un foudre de guerre dans cette discipline.
Une performance qui pousse à se demander si le jeune Richard se trouvait à Rio par hasard et si le canoë est vraiment son sport de prédilection, ou si c'était un choix par défaut ?

 

Pour mémoire

Aux JO, Israéliens et Libanais se disputent un bus

 

Et nos portraits
Ray Bassil (tir)

Nacif Élias (moins de 81 kg)

Chirine Njeim (marathon)

Ahmad Hazer (110 m haies)

Mona Shaïto (fleuret)

Richard Merjean (canoë, slalom)

Gabriella Doueihy (400 m nage libre)

Anthony Barbar (50 m nage libre)

Mariana Sahakian (tennis de table)

« L'important est de participer »... Ce vieil adage connu de tous avait été attribué (à tort) au baron Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques modernes, alors qu'effectivement ce dernier a avoué s'être inspiré de l'évêque de Pennsylvanie Ethelbert Talbot, qui avait déclaré, lors de son prêche à la cathédrale Saint-Paul le 19 juillet 1908, pour tenter de tempérer...

commentaires (3)

Il est temps de donner un budget adequate a nos sportifs pour leur permettre de concourir avec une chance d'etre parmis les meilleurs La seule chose pour laquelle on a parle du Liban dans les televisions etrangeres ( NBC, Canal+,Rai etc.. ), avec des millions de spectateurs, c est de leur exploit a interdire aux Israeliens de partager leur bus avec des critiques tres fortes mais correctes car contraire a l'esprit des jeux Avez vous le selfie de la Sud Koreenne avec la Nord Koreenne qui a fait la une des journaux? C'est ca RIO Triste Liban, meme l'education de l'esprit sportif reste a faire

LA VERITE

13 h 10, le 19 août 2016

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Commentaires (3)

  • Il est temps de donner un budget adequate a nos sportifs pour leur permettre de concourir avec une chance d'etre parmis les meilleurs La seule chose pour laquelle on a parle du Liban dans les televisions etrangeres ( NBC, Canal+,Rai etc.. ), avec des millions de spectateurs, c est de leur exploit a interdire aux Israeliens de partager leur bus avec des critiques tres fortes mais correctes car contraire a l'esprit des jeux Avez vous le selfie de la Sud Koreenne avec la Nord Koreenne qui a fait la une des journaux? C'est ca RIO Triste Liban, meme l'education de l'esprit sportif reste a faire

    LA VERITE

    13 h 10, le 19 août 2016

  • Bien sûr, c'est mieux si on rapporte des médailles ou qu'on ne se fit pas éliminer dès le départ, mais (sauf si les choses ont changé et le gouvernement fournit désormais le support financier et technique nécessaires), les sportifs libanais ont le très haut mérite de participer à leurs propres frais et d'essayer de représenter, avec les moyens de bord, tant bien que mal, leur pays... Merci à celles et ceux qui ont essayé!

    NAUFAL SORAYA

    11 h 40, le 19 août 2016

  • Certaines vérités sont bonnes à dire et à méditer autant par les sportifs libanais engagés dans ces jeux que par leurs entraîneurs. Quel amateurisme : le sport est un jeu de pro! Combien étions-nous qui rêvions de vibrer au son de l'hymne libanais en voyant l'un de nos sportifs sur le podium.

    Marionet

    10 h 10, le 19 août 2016

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