Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Le billet

Obama vs les fans du flingue

Aurait-il enfin pris la mesure de son « job description » ? Mercredi, Barack Obama a signé 23 mesures législatives pour lutter contre la violence par armes à feu aux États-Unis.
Se souvenant qu’une partie de son boulot consistait à protéger les enfants de son pays, massacre de Sandy Hook oblige, le président américain a notamment décidé le renforcement du processus de vérification des antécédents de tout acheteur d’armes, sachant qu’aujourd’hui la vente d’armes de particulier à particulier ou dans le cadre de foires se fait sans vérification. En clair, aux États-Unis, tout le monde – homme, femme, salarié, chômeur, déséquilibré, malade mental, criminel, psychopathe, sadique – peut acheter, en toute quiétude, une arme revendue par un particulier ou lors d’une « foire aux armes ».

Obama a également exhorté le Congrès à réinstaurer l’interdiction des armes d’assaut, avec en alinéa l’interdiction des chargeurs de plus de dix balles, de ceux qui transforment une fusillade en carnage.

En face, une certaine nervosité semblait gagner les fans du flingue. Sentant le vent du wild wild west tourner, les encartés de l’Association nationale du fusil (NRA) sont revenus aux basiques, à savoir que la meilleure défense c’est l’attaque.

Leur première a été dirigée contre les enfants. En l’occurrence, les deux filles d’Obama. Dans une vidéo largement diffusée, ces messieurs de la NRA reprochent en gros au président, quintessence de l’homme exposé s’il en est, de faire protéger Sacha, 11 ans, et Malia, 14 ans, par des policiers armés, tout en refusant de faire de même pour les autres écoliers. Un petit chef-d’œuvre de démagogie qui s’achève sur une interpellation d’un populisme ébouriffant : « Est-ce que les enfants du président sont plus importants que les vôtres ? »

Tout a été dit sur le fait de viser les enfants du président pour défendre le port du Glock : bas, déplacé, petit, lâche, répugnant... Certes, certes et recertes.

Ceci dit, étant donné le pédigree des lobbyistes, force est de reconnaître que ce film est presque décevant. Des apôtres de la milice comme meilleur moyen de défense de la démocratie, l’on attendait mieux, ou pire, c’est selon. Car quitte à faire dans le crade, autant être carrément dégueu.

Les joyeux drilles de la NRA ayant apparemment du plomb dans l’aile, voici quelques suggestions pour que l’Amérique reste extrêmement droite dans ses Rangers :

- Quand le président veut instaurer la vérification systématique de l’identité d’un acheteur d’arme, lui opposer le sacro-saint principe du respect de la vie privée. Même les psychopathes sadiques et sanguinaires ont droit au respect de leur intimité.

- Lui opposer, aussi, le refus de toute discrimination. Pourquoi un être sain d’esprit au casier judiciaire vierge aurait-il plus de droits qu’un criminel névrosé et récidiviste au port d’arme ?

- Ne pas hésiter à utiliser la menace. En 2012, 213 élus de l’actuel Congrès ont reçu un gros chèque de la NRA, dixit le Washington Post. L’heure du retour sur investissement a largement sonné ! Certes, ces « responsables » politiques sont déjà régulièrement menacés de mort politique si l’idée saugrenue leur venait de désarmer l’Amérique. Bien, mais peut mieux faire. Pourquoi ces circonvolutions alors que menacer de mort tout court s’avérerait, sans l’ombre d’un doute, bien plus efficace ?

- Être proactif. Le président présente des plans, mesures et stratégies ? Qu’à cela ne tienne, présenter ses propres plans, mesures et stratégies.
Exemples :
Pour la protection des écoles, poster un flic à l’entrée de chaque classe. Du jardin d’enfant à l’université. Défendre le projet en expliquant qu’au-delà de son aspect purement sécuritaire, ce plan a le mérite de créer de l’emploi, de préformer des milices facilement mobilisables si la Maison-Blanche s’obstine à vouloir gouverner, de créer une atmosphère optimale pour l’apprentissage au sein des écoles.

En sus, proposer l’introduction de cours de tir dès la maternelle. L’on commencera avec des pistolets à eau, puis des carabines à plomb. Mais dès sept ans, l’âge de raison, l’on shiftera vers le vrai flingue, celui qui tue « pour de vrai ». Au collège, l’on se concentrera sur les armes d’assaut.
Ne pas hésiter à inciter les élèves à se tirer dessus, avec des balles en caoutchouc évidemment, pour qu’ils ne tournent pas mauviettes le jour où ils devront – car ce jour viendra – dézinguer un type vaguement louche et clairement bronzé dans la rue.

Il va sans dire que dès sept ans, les élèves pourront venir à l’école armés.

Ne pas relâcher l’effort pendant les vacances. Monter des colos à thème ; de 7 à 10 ans : « Apprends à dégommer la mère de Bambi » ; de 11 à 15 ans : « Un été dans les tranchées », de 16 à 18 : « Le Vietnam comme si tu y étais ».

Pour les plus grands, l’on prévoira des stages sur le terrain : patrouille avec une unité d’autodéfense de quartier.

- Dernier point, essentiel : noyer le poisson, trouver un bouc émissaire. Sur le mode haro sur le baudet, blâmer les jeux vidéo pour tout. Et là, pas de pitié, pas de quartier, feu à volonté.
Aurait-il enfin pris la mesure de son « job description » ? Mercredi, Barack Obama a signé 23 mesures législatives pour lutter contre la violence par armes à feu aux États-Unis.Se souvenant qu’une partie de son boulot consistait à protéger les enfants de son pays, massacre de Sandy Hook oblige, le président américain a notamment décidé le renforcement du processus de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut