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Moyen Orient et Monde - Le point

L’amère victoire des Ikhwane

« Il n’y a pas de vaincu dans ce référendum ; la Constitution sera celle de tous » (Hicham Kandil, Premier ministre).
« Les procédures légales suivent leur cours après les plaintes que nous avons déposées auprès du parquet pour des violations et des fraudes » ( Khaled Daoud, porte-parole du Front du salut national, une coalition de l’opposition).
Y a-t-il une vie politique en Égypte après le départ de Hosni Moubarak ? Peut-être bien, mais marquée déjà par deux mensonges, formulés l’un par le nouveau pouvoir, l’autre par ses adversaires, un rassemblement plutôt hétéroclite regroupant des représentants de mouvements de gauche et des libéraux. Dans un monde arabe où le verbe tient lieu, le plus souvent, de programme, il convient malgré tout de s’entendre sur le sens des mots. D’abord une évidence : bien sûr que le vote intervenu les 15 et 22 décembre représente une victoire pour les Frères musulmans et donc une défaite pour le camp d’en face. De cette constatation, une autre observation s’impose : Hamdine Sabahi, Amr Moussa et Mohammad el-Baradei, pour ne citer que trois des ténors des partisans du « non », se trompent ou bien trompent leur petit monde en faisant accroire qu’une bataille a été perdue mais non point la guerre. Certes, les stratèges de la confrérie ont bousculé leur monde et fini par imposer leurs vues. Ce faisant, ils ont créé au sein d’une fraction non négligeable de citoyens un malaise, mais ce sentiment finira, avec le temps, par se dissiper. Toute la question est de savoir par quoi il sera remplacé...
En attendant, il continue de planer sur la scène politique comme une ombre d’inachevé. Une majorité de 63,8 pour cent, voilà qui constitue une marge appréciable si l’on fait abstraction du fait que la participation totale a représenté un dérisoire 32,9 pour cent, soit un tiers des 52 millions d’électeurs. Il est permis de penser que les deux tiers restants n’ont pas une confiance exagérée dans les urnes, alors même qu’ils proclament leur foi en un islamisme modéré. Explication : l’Égyptien moyen a manifesté contre l’ancien raïs et contribué par là à la chute pour voir s’instaurer un début de démocratie, de liberté et de mieux-être. Il assiste impuissant à l’avènement d’une autorité qui n’a rien entrepris à ce jour pour améliorer son triste quotidien. La nouvelle charte définit – une première!– les principes de la charia censée guider le législateur et qui incluent « une vérité, des règles, une jurisprudence et des sources » agréés par l’islam sunnite. De plus, la Loi fondamentale octroie à el-Azhar des pouvoirs sans précédent alors que celle de 1971 ne faisait même pas mention de la prestigieuse institution. Quant aux minorités, elles devraient se sentir rassurées, la Constitution, dans son préambule, reconnaissant la liberté de croyance pour les adeptes des « religions divines monothéistes », une allusion qu’on chercherait en vain dans l’ancien texte.
Cette apparente modération dans la forme et le fond expliquerait la « neutralité bienveillante » dont fait preuve l’Amérique à l’égard des Ikhwane en général et de Morsi en particulier. Depuis quelques jours, il pleut sur l’intéressé des recommandations ampoulées où il est question, par exemple, de « la responsabilité d’agir d’une façon reconnaissant l’urgence de mettre fin aux divisions et de consolider la confiance ». Catherine Ashton, la responsable de la diplomatie européenne, vient d’appeler le chef de l’État à « rétablir la confiance dans la démocratie, à travers un dialogue constructif ». Il semble bien que les années américaines du président (un PhD et un poste d’enseignant en Californie) soient pour beaucoup dans cette inhabituelle sollicitude quand Washington, par ailleurs, se montre intraitable face à toutes les formes d’extrémisme religieux dans la région du Proche-Orient.
Un échec de l’ « erdoganisation » (du nom du chef du gouvernement turc, initiateur d’une démocratie islamique) de l’Égypte serait lourd de conséquences pour d’autres pays de la zone, en proie depuis deux ans à d’inquiétantes autant que contagieuses convulsions. Comme toujours en pareil cas, la crise politique se double d’une hémorragie financière : fonte des réserves en devises, effondrement des investissements étrangers, report à une date indéterminée du versement des 4,8 milliards de dollars promis par le Fonds monétaire international. Les marchés se montrent frileux, l’homme de la rue se fait craintif, le déficit budgétaire commence à ressembler à un gouffre sans fond et la récession frappe aux portes.
Parmi les héritiers de cheikh Hassan Abdel Rahman Mohammad el-Banna, il s’en trouverait quelques-uns, de plus en plus nombreux, à regretter la hâte mise à assumer le lourd fardeau du pouvoir que cela ne devrait pas étonner outre mesure.
« Il n’y a pas de vaincu dans ce référendum ; la Constitution sera celle de tous » (Hicham Kandil, Premier ministre).« Les procédures légales suivent leur cours après les plaintes que nous avons déposées auprès du parquet pour des violations et des fraudes » ( Khaled Daoud, porte-parole du Front du salut national, une coalition de l’opposition).Y a-t-il une vie...

commentaires (6)

Ils seront Pire que les mollâhs Pers(c)és Islamistes....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

04 h 17, le 28 décembre 2012

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Commentaires (6)

  • Ils seront Pire que les mollâhs Pers(c)és Islamistes....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 17, le 28 décembre 2012

  • Eééhh, fal ya7koum'el ikhwan, après tout ce sont des frères, non? "On" (zieutez par là, là..) voulait les ikhwan, "on" a eu al qaeda! Pas de chance et très mauvais calculs comme toujours! Le problème c'est qu'on devra un jour faire mourir nos jeunes aux Liban pour essayer de nous en débarrasser... Bravo messieurs!!

    Ali Farhat

    17 h 12, le 27 décembre 2012

  • "Pur" FASCISME ISLAMISTE....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 51, le 27 décembre 2012

  • Il n'y a pas de gagnants ! Mais, la constitution des gagnants sera pour TOUS ! Cherchez la Logique ! Quand à l'Oncle Sam, dans sa politique irréfléchie et bête, il navigue et dérive au gré des vents violents. Sa destinée : De Charybde en Scylla... OU... L'ÉCLIPSE D'UNE AUTRE SUPERPUISSANCE ! Russie des Tsar, Albion, Allons Enfants de la Patrie, ayant ouvert la dance !

    SAKR LEBNAN

    12 h 50, le 27 décembre 2012

  • Ils Vont Faire PIRE que le HAMAJ de Gaza !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 36, le 27 décembre 2012

  • les américains sont en train de se faire rouler dans la farine grave...

    GEDEON Christian

    12 h 24, le 27 décembre 2012

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