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Moyen Orient et Monde - Le point

La mission de l’avant-dernière chance

Le descendant direct du grand mamamouchi chez le tombeur du chahinchah Aryamehr : voilà un beau sujet de scénario pour un de ces films de politique-fiction dont raffolent certains cinéphiles. Mais que diable vient faire un Premier ministre turc dans cette galère iranienne battue par les vagues nucléaires, menacée par la descente aux abysses de la tête de pont syrienne en terre arabe et en butte aux querelles de sérail entre le guide suprême et le président de la République, hier encore fidèle vassal et qui rue aujourd’hui dans les brancards, impatient d’en finir avec la vilayet e-faqih qui le paralyse ? Sur l’agenda de l’homme qui a fait de son pays, la Turquie, un modèle d’islamisme modéré, de stabilité politique et de réussite économique : le programme censé théoriquement doter la République islamique de l’arme suprême, des relations bilatérales qui ne sont plus, et depuis longtemps, au beau fixe mais qu’il convient de développer, enfin un boulet syrien de plus en plus lourd à traîner.
Malgré une santé que l’on dit chancelante, Recep Tayyip Erdogan avait pris soin auparavant de se rendre à Séoul pour y rencontrer Barack Obama qui lui a confié un « message » à l’adresse des dirigeants iraniens. L’essentiel de cette missive tient en peu de mots : la priorité à la diplomatie existe encore pour régler le différend sur le programme nucléaire mais, au fil du temps, l’éventail des possibilités n’est plus aussi large, outre que le temps presse. Dans ce qui a été interprété comme constituant un geste de bonne volonté, Ankara pour sa part a offert d’abriter, le 13 avril, les négociations entre Téhéran et le groupe P5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Allemagne,Grande-Bretagne), « le meilleur endroit pour cela », a répété le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi. De part et d’autre on reconnaît que la question syrienne a pris le pas sur le reste des sujets. C’est sur ce dossier en effet que les divergences sont les plus marquantes. Mahmoud Ahmadinejad se disait il y a peu « heureux » de constater que la situation à Damas est en nette amélioration et que son pays « ferait tout ce qui est en son pouvoir » pour aider Bachar el-Assad. Une attitude qu’à Ankara on est loin d’approuver mais qui ne devrait pas empêcher les deux superpuissances régionales de resserrer des liens quelque peu distendus ces derniers temps.
C’est dans cet objectif que le chef du gouvernement turc, pour sa visite de quarante-huit heures en terre perse, s’est entouré des principaux responsables de son équipe. On retrouve ainsi à ses côtés une brochette de ministres dont ceux des Affaires étrangères, de l’Énergie et des Ressources naturelles, de l’Économie, de l’Environnement et du Développement urbain, mais aussi le sous-secrétaire aux Renseignements (MIT), le chef d’état-major adjoint et le président de l’organisation qui est le pendant turc de l’Agence internationale de l’énergie atomique ?
Pourquoi donc, la conjoncture étant ce qu’elle est, les grandes manœuvres auxquelles l’on assiste depuis d’interminables mois alors qu’il s’agit d’un sujet sur lequel, tout le monde s’accorde à le reconnaître, il n’existe aucune urgence ? Parce qu’Israël se plaît à répéter à l’envi que son aviation est fin prête pour se lancer à l’assaut des forteresses de Natanz, Qom et Fordow. Et aussi parce que la Maison-Blanche doit tenir compte du langage ultrabelliqueux des candidats à l’investiture républicaine. Il reste que tous ces roulements des tambours de la guerre s’avèrent éminemment bénéfiques pour Tel-Aviv. Ainsi, pour l’année en cours, l’aide militaire du grand frère yankee sera de 3,1 milliards de dollars contre 2,5 milliards en 2009. À quoi s’ajoutent un cadeau de 30 milliards étalés sur dix ans, dont un peu moins de 700 millions pour un bouclier antimissiles, des équipements technologiques, un lot de nouveaux avions de combat F-35 (le nec plus ultra de l’US Air Force) et des bombes capables de percer les quelque quatre-vingt mètres protégeant les installations des sites qui se trouvent dans l’œil du collimateur. Et dire que tout le monde n’hésite pas à avouer, mais sous le couvert de l’anonymat, qu’il n’y a jamais eu de bombe A et qu’il n’y en aura pas, à tout le moins dans un avenir proche... Mieux encore, le fameux programme nucléaire a été arrêté à l’automne 2003, ainsi que l’a écrit avec un retard de quatre ans des documents de la National Intelligence Estimate (NIEs). Le même son de cloche émane de la cohorte des officiels US où l’on déclare à qui veut l’entendre – mais, comme d’habitude, sous le sceau du secret – que tous les sites « douteux » se trouvent à portée des inspecteurs de l’AIEA, des révélations qui confortent la position d’Obama et devraient le porter à continuer de puiser dans l’arsenal des sanctions plutôt qu’à donner son feu vert aux boutefeux israéliens.
La « guéguerre » attendra donc. Celle contre les mollahs. Qu’en sera-t-il de l’autre guerre, civile celle-là qui ensanglante les rives du Barada ?
Le descendant direct du grand mamamouchi chez le tombeur du chahinchah Aryamehr : voilà un beau sujet de scénario pour un de ces films de politique-fiction dont raffolent certains cinéphiles. Mais que diable vient faire un Premier ministre turc dans cette galère iranienne battue par les vagues nucléaires, menacée par la descente aux abysses de la tête de pont syrienne en terre...

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VOLONTÉ POPULAIRE LIBANAISE : DIALOGUE ! ENTENTE ! UNITÉ ! ____ La fanfaronnade turque à l'honneur. "SA3I BARID" "M3ALMOU HAYK BIDDOU" . C'est tout.

SAKR LEBNAN

02 h 21, le 29 mars 2012

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Commentaires (1)

  • VOLONTÉ POPULAIRE LIBANAISE : DIALOGUE ! ENTENTE ! UNITÉ ! ____ La fanfaronnade turque à l'honneur. "SA3I BARID" "M3ALMOU HAYK BIDDOU" . C'est tout.

    SAKR LEBNAN

    02 h 21, le 29 mars 2012

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