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Liban - Interview

Le mufti du Nord, Malek Chaar, œuvre pour l’entente et l’unité « par la religion »

Menacé dans sa sécurité, le mufti de Tripoli est en séjour forcé en France.


À Paris où il s’est rendu pour raisons de sécurité, sur les conseils de plus d’un responsable libanais, le mufti du Liban-Nord, cheikh Malek al-Chaar, profite de son séjour prolongé en France pour tenir des réunions et entreprendre des contacts aussi bien en France que dans des pays voisins. L’objectif est de développer ses vues sur la situation au Liban et la manière de contenir la vague d’extrémisme qui déferle sur le pays.
« Il s’agit d’agir en ayant recours à l’islam et aux préceptes du Coran, et non pas de modérer un islamisme mal pratiqué », explique d’emblée le mufti Chaar, versets du Coran à l’appui.
Deux heures d’entretien exclusif avec L’Orient-Le Jour nous ont permis de découvrir non seulement un homme d’une grande sagesse, mais un dirigeant déterminé à réunir toutes les communautés libanaises par leurs religions respectives qui prônent l’unité, l’entente, l’intégration au sein d’une grande famille. Concevoir l’allégeance à la patrie par la religion et non par des reniements ou des concessions mutuelles qui ne sont pas la meilleure solution dans le cas de notre pays. Mieux comprendre sa religion sans porter atteinte à sa foi et trouver dans chacune d’elles ce qui unit et mène au bonheur de l’homme. L’islam et tous ses préceptes visent à unir par le dialogue et la connaissance profonde des principes religieux et non à des divisions et querelles absurdes.
« La religion permet à l’homme de réfléchir et d’agir pour faire le présent et l’avenir », poursuit le chef religieux sunnite qui affirme que l’antagonisme actuel entre sunnites et chiites n’est pas le résultat de contradictions, mais de courants politiques liant des Libanais à des puissances régionales qui les instrumentalisent. Il pointe du doigt l’Iran qui a aidé à la création au Liban de groupes armés à ses ordres.

Une solution ou des orientations pour l’avenir ?
Le mufti Chaar plaide pour « un courant prônant une tolérance absolue et une réelle acceptation de l’autre, avec la participation d’hommes sincères et de bonne volonté qui placent l’allégeance à la patrie au-dessus de toute autre considération ». « Une telle orientation suppose au préalable une acceptation de la fraternité humaine, souligne-t-il. Le Coran, notamment, insiste sur le fait que les hommes ont été créés par communautés et groupes pour vivre ensemble et prospérer. Par conséquent, Il faut qu’il n’y ait aucun différend de nature religieuse, régionale ou politique. »

La méconnaissaance de l’autre
Comment créer au Liban un courant rassembleur et modéré qui placerait le pays à l’abri des graves dissensions actuelles et éviterait le pire à un moment où la région est en ébullition ?
« Il faudrait des dirigeants sincères qui placent l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de leurs intérêts particuliers et des mesquineries, des hommes capables de mener leur entourage sur la bonne voie avec une information constante et réelle sur les autres groupements et composantes du peuple libanais », souligne le mufti de Tripoli.
Cheikh Malek Chaar estime que toutes les barrières entre les familles spirituelles libanaises sont causées par une méconnaissance de l’autre, un manque d’information et de communication. « Le Coran, explique-t-il, montre la voie de l’unité par la connaissance des enseignements des religions et en particulier ceux de l’islam. Ce sont les préceptes de l’islam qui me poussent à surmonter les obstacles et divergences entre les hommes », a encore dit le mufti qui estime que la régression des valeurs de tolérance dans le pays est causée par ceux qui sont aux commandes et qui accordent la priorité à la sauvegarde de leurs intérêts au lieu de chercher et de trouver dans les préceptes religieux ce qui unit.

Le retour au Liban ?
Interrogé sur son retour au Liban, le mufti Chaar reste évasif et revient sur les conditions de son départ précipité, alors qu’il assistait au mariage de sa fille. Il exprime sa hâte de rentrer dès que les services de sécurité le lui conseilleront. Il souligne dans ce cadre que les présidents Nabih Berry et Nagib Mikati lui ont proposé, le premier de résider à Aïn el-Tiné et le second de retourner chez lui à Tripoli avec des postes de contrôle autour de son domicile où il devrait rester en permanence.
Sur les rives de la Seine, il reçoit toute la journée des appels téléphoniques des membres de sa famille et de ses amis. Des Libanais de France de toutes les confessions veulent mieux le connaître et le considèrent comme l’homme du dialogue et de la paix, un rempart contre les intégrismes et les extrémismes.
À partir de Paris, il rayonne dans les régions et les pays voisins pour expliquer l’islam réel, inviter les responsables civils et religieux à approfondir leurs connaissances de cette religion et aider les étrangers à connaître l’islam ouvert, tolérant et pacifique. Dissipant ainsi les idées reçues qui montrent un islam agressif et perturbateur.
À Paris où il s’est rendu pour raisons de sécurité, sur les conseils de plus d’un responsable libanais, le mufti du Liban-Nord, cheikh Malek al-Chaar, profite de son séjour prolongé en France pour tenir des réunions et entreprendre des contacts aussi bien en France que dans des pays voisins. L’objectif est de développer ses vues sur la situation au Liban et la manière de contenir...

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