Au niveau local, la politique de distanciation pratiquée par le gouvernement Mikati en est une des conséquences directes, même si elle reste vivement critiquée par les parties politiques favorables au régime de Bachar el-Assad, en Syrie.
Au niveau international, le ministre suisse des Affaires étrangères, Didier Burkhalter, s’en est félicité au cours de sa visite éclair de quelques heures à Beyrouth, la semaine dernière. M. Burkhalter, qui a eu des entretiens avec les officiels libanais, a assuré devant eux que la Suisse, comme plusieurs autres pays occidentaux, se réjouit de ce que le gouvernement a réussi à garder le Liban à l’écart des retombées éventuelles des développements dans la région. Il a mis l’accent sur l’importance que la Suisse accorde au dialogue national et sa disposition à soutenir le pays afin d’alléger plus particulièrement le fardeau que représente le nombre sans cesse croissant des réfugiés qui fuient la guerre en Syrie.
Le ministre a aussi fait remarquer que la politique de neutralité, appliquée dans un climat au sein duquel les tensions régionales s’accumulent, représente un choix judicieux qu’il est nécessaire de suivre comme modèle. Il a rappelé l’expérience de son pays dans ce domaine, à travers les réunions de Genève et de Lausanne, et insisté sur le fait que Berne est disposé à engager de nouveau une mission de bons offices si les parties libanaises le souhaitent ou à accueillir toute réunion pouvant contribuer à favoriser la paix en Syrie.
Plusieurs observateurs ont perçu dans les propos du ministre suisse des messages clairs de l’Occident, qui reste attaché à la stabilité du Liban, ainsi qu’à la coexistence et à la paix civile dans ce pays, partant du principe que cette formule peut constituer un modèle qui pourrait être appliqué dans le cadre du règlement des crises dans certains États de la région dont la composition ressemble à celle du Liban, au niveau du multiconfessionnalisme et des divisions politiques.
La neutralité positive du Liban serait ainsi évoquée souvent dans le cadre des débats autour des changements dans la région et dans la perspective de solutions pacifiques, une fois que les tempêtes qui soufflent sur certains États se calmeront.
Il est intéressant de rappeler dans ce cadre que le président Michel Sleiman a évoqué à plusieurs reprises ce concept qui ne signifie pas pour autant que le Liban renonce à soutenir les causes arabes, et notamment la cause palestinienne. Il s’est fondé à ce propos sur les positions de certains partis, qui prônent le même principe, notamment les Kataëb dont le président, Amine Gemayel, a effectué une tournée arabe et internationale pour prôner la neutralité positive du Liban – proposée pour la première fois, il y a plusieurs années, par l’ambassadeur Fouad Turk, décédé récemment – et exposer sa dimension et son importance.
Considérée comme étant la première concrétisation de cette neutralité positive, la politique de distanciation par rapport aux événements en Syrie représente une sorte de test pour toutes les parties, compte tenu des spécificités libanaises. Ces spécificités sont, comme on le sait, reconnues par les Arabes, qui ont pris en considération la structure très spéciale du tissu social libanais lors de l’établissement du statut de la Ligue arabe dont le Liban est un membre fondateur, en lui accordant des privilèges dont nul autre État ne bénéficie. Un de ces privilèges est de ne pas l’obliger à adhérer à des décisions qu’il n’approuve pas.
commentaires (4)
Neutralité positive ? Pourquoi, y a-t-il une autre Neutralité négative ? Pourrait-on bien alimenter le Pays avec leur courant électrique, si on les joints toutes les deux ? Trêve de b...i...ses !!!
SAKR LEBNAN
13 h 44, le 09 août 2012