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Liban - Route culinaire

La kebbé, fierté zghortiote

Cet été, « L’Orient-Le Jour » vous emmène à travers le Liban, à la découverte des spécialités culinaires des villes et des villages.

Angèle Farchakh sur son balcon à Ehden tenant des kebbés arass. Des plateaux de kebbé nature et de kebbé moutabbaka sont disposés sur une table.

« Tout le monde au Liban fait de la kebbé. Mais notre kebbé, c’est autre chose ! » Sur son balcon surplombant le village d’Ehden, où tous les habitants de Zghorta passent leurs vacances d’été, Angèle Farchakh retrousse les manches de son chemisier. Angèle, dans la fraîcheur du Liban-Nord, se prépare à mettre la kebbé dans tous ses états.


Kebbé nayyé (crue), kebbé nature, kebbé nature avec oignons et pignons de pin, kebbé moutabbaka (deux couches de kebbé et une farce de viande, d’oignons et de pignons de pin), kabkoubé (boulette de kebbé) et la célèbre kebbé arass (grande boule) farcie de graisse... Pas une kebbé qui ait encore des secrets pour cette femme de plus de 70 ans, plusieurs fois mère et grand-mère.


« Un verre d’arak, ça ne passe pas sans la kebbé nayé », explique Angèle qui en préparait chaque jour pour son défunt mari. « Pour honorer ses visiteurs, place à la kebbé arass », poursuit-elle, le visage illuminé d’un sourire avenant. Pour nourrir la famille, rien de mieux, assure Angèle, qu’un plat de kebbé moutabbaka ou de kebbé nature avec une petite salade à côté. « Ma fille vit à Beyrouth, mais elle réclame de la kebbé au moins deux fois par semaine ! » ajoute-t-elle.
Les grands principes théoriques posés, Angèle se lance dans les travaux pratiques.


Elle met viande et blé concassé dans le mixeur. « La kebbé était jadis pilée au mortier », se souvient Angèle qui aimait, petite, regarder sa mère à l’œuvre. La tradition lui a été officiellement transmise quand elle s’est mariée. « J’ai alors passé mon premier examen de kebbé. Je l’ai eu avec mention ! » plaisante-t-elle.


Même si elle a été légèrement modifiée au fil des années, la recette ne dort jamais dans les tiroirs. « Nous nous adaptons au changement, mais le goût, lui, reste aussi bon », assure la dame entourée de plusieurs plats de kebbé concoctés en moins de deux heures.


Angèle coupe un triangle de viande, mord la pointe. « C’est vraiment très bon », se félicite-t-elle. Mais ça, elle le savait déjà avant de goûter.

 



Préparation de la kebbé nayé
– Hacher finement un oignon dans le mixeur avec une pincée de poivre noir.
– Ajouter 1 kilo de viande de bœuf sans graisse hachée en mode kebbé nayé, du bourghoul préalablement lavé à l’eau froide et du sel. Hacher.
– Ajouter des petits glaçons pour que la pâte ne chauffe pas dans le mixeur.
– Étaler le tout sur une assiette, creuser des sillons, verser un peu d’huile et décorer avec quelques feuilles de menthe verte.

Préparation de la pâte de kebbé
– Hacher finement un oignon dans le mixeur avec une pincée de poivre noir.
– Mélanger, avec un mixeur, un kilo de blé concassé préalablement lavé à l’eau froide, 1 kilo de viande de bœuf sans graisse, hachée au préalable chez le boucher, du sel et l’oignon haché.
– Malaxer en gardant les mains humides et en ajoutant au fur et à mesure un peu d’eau glacée jusqu’à ce que la pâte devienne très lisse.

Préparation de la kebbé moutabbaka
– Faire revenir à feu doux dans de l’huile un oignon haché
– Ajouter une poignée de pignons de pin, puis la viande hachée, et laisser cuire le mélange.
– Étaler une couche de pâte de kebbé dans un grand plat huilé.
– Répartir uniformément la farce puis étaler une deuxième couche de kebbé.
– Les mains humides, lisser le tout.
– À l’aide d’un couteau, tracer des lignes sur la surface de la kebbé et ajouter une goutte d’huile d’olive. Mettre au four.

Préparation de la kebbé nature avec une marinade d’oignons et de pignons
– Dans une poêle, faire revenir à feu doux deux oignons coupés en fines lamelles, du sel, du poivre, et une grande poignée de pignons de pin.
– Ajouter de l’huile d’olive.
– Étaler le mélange au fond d’un plat rond allant au four. Recouvrir cette couche de mélange d’une couche de pâte de kebbé.
– À l’aide d’un couteau, tracer des lignes sur la surface de la kebbé et ajouter une goutte d’huile d’olive. Mettre au four.

Préparation de la kebbé arass
– Pour la farce, hacher de la graisse séchée dans le mixeur avec un petit oignon, quelques feuilles de menthe et de marjolaine.
– Façonner la pâte de kebbé en deux demi-sphères.
– Farcir l’une d’elles avec le mélange graisse/oignon, puis unir les deux demi-sphères en collant bien les bords.
Il est préférable de faire griller la boule de kebbé sur un grill et non dans un four.

 

 

 

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« Tout le monde au Liban fait de la kebbé. Mais notre kebbé, c’est autre chose ! » Sur son balcon surplombant le village d’Ehden, où tous les habitants de Zghorta passent leurs vacances d’été, Angèle Farchakh retrousse les manches de son chemisier. Angèle, dans la fraîcheur du Liban-Nord, se prépare à mettre la kebbé dans tous ses états.
Kebbé nayyé (crue),...

commentaires (7)

J'étais quatre jours au Liban. Cette fois-ci je n'ai mangé ni kibbé, ni machawi ni poisson et ni RIEN du tout, excepté des "mana-iich", directement sortis du four, et bu du lait en bouteille. Je suis revenu SAIN ET SAUF ! Après six empoisonnements, le dernier en Janvier/Février qui risqua de m'emporter, hal marra Nafadna bi richna ! Quand au Pauvre Liban, c'est la PAGAILLE... on dirait qu'on ne connait plus ce Pays ! ça brise le coeur...

SAKR LEBNAN

11 h 43, le 09 août 2012

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • J'étais quatre jours au Liban. Cette fois-ci je n'ai mangé ni kibbé, ni machawi ni poisson et ni RIEN du tout, excepté des "mana-iich", directement sortis du four, et bu du lait en bouteille. Je suis revenu SAIN ET SAUF ! Après six empoisonnements, le dernier en Janvier/Février qui risqua de m'emporter, hal marra Nafadna bi richna ! Quand au Pauvre Liban, c'est la PAGAILLE... on dirait qu'on ne connait plus ce Pays ! ça brise le coeur...

    SAKR LEBNAN

    11 h 43, le 09 août 2012

  • Vous avez fini de nous faire baver, oui ? Bon, puisque c'est comme ça, j'attends de Christian (que je vois dans quelques jours) et de Paul (que je vois dans quelques semaines) qu'ils me préparent leurs kebbés biyékhdo l3akl (oui, oui, je sais, je ne suis pas à plaindre, je suis bien gâté moi aussi)... :-)

    Robert Malek

    04 h 59, le 09 août 2012

  • L'arak, 'baladi' de preference s'il-vous-plait :)

    Fady Challita

    01 h 19, le 09 août 2012

  • A la maison, la kébbé blabaniyyé de ma mère était une "tuerie". Les "2rass" kébbé contenaient un peu de "chahmé", rien d'autre et surtout pas de viande hachée aux oignons! On cuit d'abord le laban, dans lequel on a incorporé une cuillère de farine (pour le liant) à feu modéré, en surveillant et touillant très fréquemment pour qu'il ne brûle pas et colle au fond de la casserole, on ajoute à mi-cuisson les 2rass kébbé, on laisse mijoter un petit quart d'heure à feu très modéré. Enfin, la "aliyyé" (ail pilé, coriandre verte rapidement sautés au beurre frais) était versée brûlante dans le laban, onctueux et blanc immaculé, juste avant de servir. Les radis sont in-disp-en-sa-bles.

    Paul-René Safa

    00 h 49, le 09 août 2012

  • Les Libanais restent capables, même si ça fait sourire, de s’interroger avec gravité sur leur nombril. Ils se considèrent very important, et vérifient si dans le concert culinaire, ils seraient encore les plus excellents ! Leur situation étant ce qu’elle est, que l’on écoute les éloquences quant à l’opinion qu’ont de leur cuisine ces Libanais : "les dieux ont besoin du Kébbéh libanais !" ; perturbant ainsi ces éternels themselves sur leurs hauteurs ! Puis, un autre Libanais qui, refusant tout ustensile qui ne serait pas un mortier éhh libanais : "Je ne puis imposer de confier mon kébbéh à un Joronne ghrîîb, ajnabéh ou étranger.". Il est vrai qu’il milite dur pour être président de sa Mairie, laquelle à ses frontons place l’indépassable: "Mais qu’est-ce qu’il fait chaud et c’est pas pour se va(e)nter." ! Beaucoup, pilon et sabre au vent, une fois juchés sur leur tabbliïyéé disent... bien des choses, en variant le ton. Mais bon, passons ! "Nous avons une chance folle d’avoir notre Kébbéh !", dixit n’importe quel Libanais, toutes confessions confondues. "Partout, on attend le Kébbéhh éhh libanais." ! Pensée profonde, mahéék ? Et comme quoi, "Leur kébbéh représente un PLUS par rapport aux autres." ! Certes. On devrait avoir honte de se gausser ainsi, faisant fi des décennies durant lesquelles on estivait sur ces terrasses en lacets : "Heeeureux comme si les dieux et le Kébbéh étaient vraiment éhh libanais." !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    12 h 12, le 08 août 2012

  • Miam miam....je ne la fais sûrement pas aussi bien que cette artiste du kébbé,mais foi de Gédéon,nous en faisons régulièrement...la famille se rgale et nos invités français et occidentaux aussi...miam miam...et ne jamais oublier le Késs arak...ce serait un péché!Merci Rita pour tous ces reportages culinaires....idée....pourquoi ne pas en faire un livre ou un site internet dédié de l'OLJ...çà ce serait une méga-idée...j'attends une bonne recette de mloukhieh à la mode de chez nous...et de kébbé blabniyyé aussi...marci...

    GEDEON Christian

    07 h 03, le 08 août 2012

  • Mme Suzy -alias Samira- m a confie que maintenant , apres avoir goute au bebbe de Ehden et ses derives , elle pouvait rentrer, la conscience tranquile , a New York. Et puis ,avec soupirs d ajouter Bienheureux qui a pu ,des annees durant, estiver a Ehden . Meilleurs souhaits a nos emigres H. I. Helou

    Helou Helou

    03 h 23, le 08 août 2012

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