Nous avons reçu du député Alain Aoun le communiqué suivant :
« Dans son dernier article daté du 21 avril 2012, M. Ziyad Makhoul m’accuse d’avoir commis le plus violent crime politico-confessionnel de ces dernières années en accusant le courant haririen de tous les maux et de voler dans les urnes la libre décision des chrétiens, tout en m’octroyant la palme de la honte.
« Je ne suis pas là pour discuter la déontologie d’un journaliste “partisan déclaré”. Là n’est pas mon problème bien que cela reflète l’incapacité de discernement et d’objectivité que l’écrivain puisse avoir dans son jugement à mon égard. Car dans la logique partisane de l’écrivain, discuter d’une façon cartésienne la politique d’endettement soutenu de M. Siniora revient à accuser le courant du Futur de tous les maux, même si ce courant a été à la tête de gouvernements respectifs pendant 18 ans. Paraît-il, le principe d’ “accountability” n’est pas de vigueur chez les militants, même quand ils sont journalistes.
« Mais le comble reste à venir : Un, M. Makhoul outré, sidéré par cette accusation que je porte aux haririens de voler la libre représentation des chrétiens, ce qui me vaut d’être accusé d’avoir commis le crime politico-confessionnel le plus violent et honteux de ces dernières années.
« Quand Walid Joumblatt déclare refuser la loi électorale proportionnelle “pour que sa communauté ne fonde pas dans les autres majorités”, M. Makhoul ne trouve rien à dire. Sans doute, il y voit un acte tout à fait louable de laïcité !
« Que les instances politiques maronites se réunissent à Bkerké pour discuter particulièrement le problème de représentation chrétienne affectée par les autres communautés ne suscite pas chez lui l’outrage attendu bien que les mêmes causes auraient dû avoir le même effet !
« Que les partis chrétiens du 14 Mars aient été les plus grands fervents du projet orthodoxe de la loi électorale qui propose radicalement que chaque communauté élise ses propres députés, pour éviter qu’une d’elles choisisse ceux de l’autre, ne semble pas l’avoir bouleversé. Venu de ses alliés, ceci s’appelle un acte de cohésion nationale. Qu’un CPL soulève le point dans l’hémicycle, ça se transforme en crime odieux contre la citoyenneté !
« Malheureusement, ce n’est là qu’un exemple (un de plus !) de la décadence des débats et des jugements dans un pays où l’aveuglement partisan conduit à des conclusions simplistes et réductrices, et où exposer avec une franchise, même crue, les griefs politiques des uns envers les autres afin de leur trouver de vraies solutions devient un crime dans le jeu d’hypocrites qui se joue entre Libanais et auquel M. Makhoul peut aspirer à la palme d’or bien méritée.
« Pauvre Liban et piètres temps, cher journaliste, où, au nom de votre affiliation politique, Alain Aoun devient un “monstre confessionnel”, et Mohammad Kabbara le chantre et le garant de la laïcité ! »
Alain Aoun
Il est drôle, affligeant mais drôle, de constater à quel point la mauvaise foi ne connaît aucune frontière. Ni hémicycle ni droit de réponse. Le (jeune) député de Baabda, élu en 2009, faut-il le rappeler, grâce aux voix non chrétiennes du caza dans lequel il a été parachuté, justifie son « crime politico-confessionnel » en se réfugiant derrière Walid Joumblatt, la rencontre interchrétienne de Bkerké et Mohammad Kabbara. Cher M. Aoun, rassurez-vous et faites-vous plaisir : le jour où, même hors ce Parlement qui visiblement se transforme pour vous et l’immense majorité de vos collègues en cour de récréation, quiconque assénera les mêmes propos que vous, nous serons là pour le dénoncer. Comme toujours. En attendant, cette accountability dont vous vous prévalez contre les gouvernements Hariri-Siniora où trônaient vos alliés et que nous avons pratiquée bien avant que vous n’entriez en politique, cette indispensable accountability qui aurait été magnifique si elle avait été scientifique et honnête, commencez par l’accepter vous-mêmes avant d’en abuser : vous êtes jusqu’à nouvel ordre un élu du peuple, donc infiniment redevable aux électeurs, aux citoyens et aux journalistes.
P.-S.: Je suis aussi militant que vous êtes 14 Mars. Faites vos calculs. Cordialement.
Z. M.
L'outrage public à la pudeur auquel il faut une ceinture de chasteté, dont je parle, n'est certes pas pour Mr. Ziad Makhoul que je respecte et admire beaucoup. L'épée de Damoclès des censures nous fait souvent, pour éviter des mots et termes non publiables, sembler dire le contraire de ce que nous entendons. Monsieur Ziad Makhoul, vous êtes un de mes préférés Journalistes, comme tous les Journalistes de l'OLJ. Avec vos analyses à vitesse de la lumière !
14 h 07, le 24 avril 2012