Que de distance parcourue depuis les tempêtes qui avaient paralysé, puis balayé, le gouvernement de Saad Hariri, sur fond de dossier lié au TSL, jusqu’à cette déclaration sibylline de la présidence, annonçant que le chef de l’État a « pris note... ».
Voilà des mois qu’on nous annonce des batailles homériques autour de ce renouvellement du protocole liant le Liban aux Nations unies sur le tribunal, un peu comme ce qui s’était passé pour la question du financement. On savait, bien sûr, qu’au bout du compte, cela se terminerait de la même manière, qu’un autre lapin finirait bien par sortir d’un chapeau quelconque. Mais de là à imaginer que les choses se passeraient ainsi sans un froncement de sourcils...
Il faut que le Hezbollah ait diablement besoin de ce gouvernement et de son chef pour qu’il se fasse violence à ce point et accepte d’avaler la pilule en silence ; un silence que n’a d’ailleurs pas rompu son secrétaire général, Hassan Nasrallah, dans le long discours qu’il a prononcé hier. Il n’a guère jugé nécessaire de glisser un mot sur le tribunal, au moment même où le Liban « prenait note » de la prorogation de son mandat.
Pas un mot non plus sur l’état du gouvernement libanais, alors même que le patron du Hezb s’est efforcé de redessiner la carte du monde telle qu’il la voit. C’est qu’il a aussi diablement besoin du général Michel Aoun, tout autant que de Nagib Mikati. Pas tout à fait pour les mêmes raisons, bien sûr.
Tout de même, une telle absence d’à-propos chez le secrétaire général ne peut manquer d’étonner. C’est après tout son bébé à lui qui est dans le coma depuis deux semaines et on ne sent pas vraiment que cela l’empêche de dormir la nuit. Pas plus que les autres protagonistes du gouvernement, d’ailleurs : un Premier ministre qui campe sur ses positions, un bloc aouniste qui, comme à chaque fois qu’il est placé dos au mur, se complaît à donner une tournure ultraconfessionnelle à chacune de ses réclamations – c’est qu’il entend toujours monopoliser la représentation chrétienne, refusant d’admettre que le contexte politique chrétien est pluraliste et donc différent de ce qui se passe dans les autres communautés ; et enfin un président de la Chambre jouant l’autruche à merveille, s’abstenant jusqu’ici d’exercer ses talents reconnus de « rabibocheur » émérite.
Il semble d’ailleurs, à en croire des sources concordantes, que ce dernier ait fait savoir hier qu’il jugeait intempestives les propositions de lois concoctées pour régler le problème de la légalité du décret sur les indemnisations des salariés au titre des transports, que le ministre du Travail, Charbel Nahas, refuse de signer. Si cette information est vraie, cela veut dire concrètement que Nabih Berry s’oppose à ce que ce litige sorte du cercle de l’exécutif ou, en termes plus clairs, à ce que la Chambre sauve la mise dans cette affaire lors de la séance législative prévue mercredi prochain.
De deux choses l’une : soit M. Berry souhaiterait que l’on rompe quelque peu le cou à M. Nahas, puisqu’on lui renvoie la patate chaude entre les mains, soit il voudrait voir prolonger le gel des séances du Conseil des ministres. Et cela pourrait certes être une mixture des deux.
Qu’est-ce à dire, sachant que l’affaire du décret des transports était en fait bien antérieure à la décision de geler les réunions ? Que tout le monde serait d’accord pour faire semblant de se quereller afin que le gouvernement disparaisse pendant quelques semaines, le temps que certaines échéances, comme le TSL, passent dans le calme ? Oui et non, dit-on dans les milieux centristes. Oui, parce qu’il faut effectivement que ces échéances passent, et même le Hezbollah est d’accord là-dessus ; non, parce que les querelles sont tout de même réelles : le bras de fer qui oppose, par exemple, le général Aoun au chef de l’État, notamment sur le dossier des nominations, n’est pas près de s’achever. Le président Sleiman l’a d’ailleurs clairement rappelé hier en déclarant son opposition à toute nomination administrative en vertu du critère d’affiliation partisane.
Mais querelles ou pas, ce gouvernement a d’ores et déjà réussi une véritable gageure : quand il se réunit, il ne fait rien. C’est quand il se fait porter malade que les affaires (d’État) marchent !
Ils savent tous que les changements qui viennent ne sont en faveurs d'un tel gouvernement alors ils essayent tous de se repositionner d'une manière ou d'une autre: Mikati cherche a montrer a sa rue qu'il a peut être accepté le poste mais ne se laisse pas faire et protège les intérêts sunnites (Bourdes). 2- Les Aounistes cherchent a placer autant de futurs saboteurs au sein du gouvernement et a se remplir les poches autant que possible avant la Beresina de 2013! 3- Le Hezbollah lui attend voir venir car le TSL se fait sentir, le mécontentement du peuple Libanais, dans toutes ses composantes, aussi, alors il maintient se climat car c'est le seul moyen pour lui de survivre, après ces déboires consécutifs et sa perte de cote, en jouant le "bon papa" entre ses alliés qui s'entre déchirent.
06 h 16, le 17 février 2012