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Liban - Social

Grève : les enseignants veulent mettre toutes les chances de leur côté demain

Le comité de coordination syndicale maintient sa grève et sa manifestation pour demain, alors que la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) assure qu’elle ira jusqu’au bout dans son mouvement prévu le 27 décembre.

Les enseignants entendent manifester en grand nombre demain devant le Grand Sérail. Ici, une manifestation ouvrière en 2006.

Interrogé par L’Orient-Le Jour sur la grève prévue par le comité de coordination syndicale demain, pour protester contre le décret de rajustement des salaires adopté en Conseil des ministres la semaine dernière, Nehmé Mahfouz, président du syndicat des enseignants du privé, assure que cette grève est « non seulement maintenue, mais nous la préparons avec le plus grand enthousiasme ». Parallèlement, le comité syndical s’est étonné, dans un comuniqué publié hier, du fait que le texte de décret ait été envoyé au Conseil d’État alors que les négociations avec les conseillers du Premier ministre sont en cours, et que le texte n’a pas encore été modifié.
Rappelons que le comité de coordination rassemble les syndicats des enseignants des secteurs publics et privés, avec certains autres syndicats plus ou moins radicaux. La manifestation de demain est notamment soutenue par le Parti communiste libanais (PCL) et par le Mouvement du peuple (de l’ancien député Najah Wakim) qui ont publié hier des communiqués incitant leurs membres à prendre part à la manifestation.
Les revendications du comité syndical, souligne Mahfouz, sont les mêmes que lors de l’adoption du premier décret de rajustement des salaires par le gouvernement, qui avait été révoqué par le Conseil d’État. « Il y avait alors eu des erreurs, et des erreurs similaires ont été commises cette fois, il faut qu’elles soient rectifiées », dit-il. Le comité appelle à un salaire minimum supérieur à 600 000 livres libanaises. Il prône aussi l’équité dans l’augmentation des salaires. Il revendique enfin des représentants au sein du comité sur l’indice des prix, indépendants de ceux de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL).
À la question de savoir quel taux de participation à la grève il prévoit pour demain, Nehmé Mahfouz se dit sûr que ce taux « avoisinera les 100 %, surtout dans le secteur privé ». « Mais ce qui nous importe le plus, c’est de pouvoir mobiliser un grand nombre de syndicalistes pour la manifestation », ajoute-t-il. Cette manifestation devra prendre son point de départ à Sodeco-Riad el-Solh, pour se diriger vers le Grand Sérail.
À quels résultats s’attend-il après ce mouvement ? « Plus la grève et la manifestation seront réussies, plus les résultats seront probants, dit-il. Il ne faut pas oublier que c’est le mouvement populaire qui a provoqué la révision du précédent décret. »
Que pense-t-il de la déclaration des comités de parents, qui estiment qu’une hausse de salaire des enseignants signifiera une augmentation des scolarités, qu’ils ne peuvent plus assumer ? « Il faut rappeler à ces comités de parents que nous manifestons pour un réajustement des salaires de tous les Libanais, et non pas pour une augmentation des salaires des enseignants, qui ne forment qu’une infime partie, affirme le responsable syndical. C’est d’ailleurs le comité de coordination syndicale, et non pas les syndicats d’enseignants, qui appelle à la grève. À mon avis, si les parents veulent s’élever contre quelqu’un, qu’ils protestent contre le (Premier ministre Nagib) Mikati, et contre la prestation de ce gouvernement. D’ailleurs, j’estime que ces comités ne représentent pas les parents. Les vrais parents sont des salariés, et ils nous soutiennent. »
À une question sur l’appel à la grève lancé par la CGTL pour le 27 décembre, Nehmé Mahfouz déclare ne pas y croire. « S’ils ont tant reculé la date, c’est qu’ils ne comptent pas faire grève du tout », martèle-t-il.

« Pour un maximum de pression sociale »
Ghassan Ghosn, président de la CGTL, nie formellement toute intention de ne plus recourir à la grève ainsi que toute division dans les rangs syndicaux. « La grève de jeudi est celle des enseignants exclusivement, dit-il à L’Orient-Le Jour. Ils sont obligés de s’en tenir à cette date parce qu’après cela, ils sont en vacances et ne peuvent plus faire grève. Les ouvriers, eux, ne sont pas en vacances à la fin de l’année. »
Mais pourquoi le 27 décembre ? Certains pensent déjà que choisir une date aussi éloignée est une preuve que la CGTL renoncera à sa grève à la dernière minute. « Pas du tout, nous avons choisi cette date parce que le timing nous permet d’exercer un maximum de pressions sur les secteurs économiques et le gouvernement, répond M. Ghosn. Il y a toutes sortes de vacanciers, de touristes, d’émigrés qui viennent passer la période des fêtes au Liban. Veulent-ils que ce flot se heurte à une ambiance de grève ? Il ne faut pas prendre notre menace à la légère. »
M. Ghosn rappelle les revendications de la centrale syndicale : un salaire minimum de 700 000 livres libanaises (au lieu des 600 000 proposés par le gouvernement), une augmentation de 40 % des salaires de moins d’un million de livres, et de 30 % des salaires de plus d’un million.
Le responsable syndical affirme qu’« il n’y a pas de négociations actuellement avec les officiels, nous avons exprimé nos revendications et attendons la réponse ». La CGTL pourrait-elle renoncer à sa grève in extremis comme la dernière fois, suite à des tractations plus ou moins secrètes avec le gouvernement ? « Il faut rappeler que nous avions alors obtenu 40 % de majoration des salaires, ce qui était une réalisation, dit-il. C’est le gouvernement qui est revenu sur sa parole, pas nous. »
M. Ghosn indique qu’il n’est pas exclu que la grève du 27 s’accompagne de mouvements dans les régions, organisés par les différents syndicats. Qu’en est-il de l’après-grève ? « Il y aura une réunion du conseil de la CGTL le 23 décembre, et des décisions seront annoncées publiquement, dit-il. On pourra même atteindre le stade de la grève ouverte, qui sait ? »
À ce propos, l’Union des syndicats ouvriers et professionnels a affirmé hier, dans un communiqué, son « soutien à la CGTL », ainsi que sa « participation à la grève prévue pour le 27 décembre et au congrès syndical du 23 ». Pour sa part, le mouvement nassérien des Mourabitoun a critiqué d’un côté le cafouillage du gouvernement, et de l’autre l’absence de décision ferme à la CGTL. Il a cependant appelé « à participer aux grèves et manifestations, jusqu’à ce que les revendications soient satisfaites ».

Éclaircissements de Nahas
Pour sa part, le ministre du Travail Charbel Nahas a publié hier un communiqué dans lequel il apporte des éclaircissements au sujet de ce qui s’est passé durant la séance du Conseil des ministres au cours de laquelle le décret de rajustement des salaires a été adopté par vote. Le ministre commence par nier que le projet qu’il avait préparé, et s’apprêtait à soumettre aux ministres, ait jamais été discuté. « Il a été remplacé par une proposition orale du Premier ministre, après que celui-ci ait reconnu devant le Conseil des ministres avoir effectué des négociations avec les instances économiques et la CGTL, assurant que les deux parties avaient accepté ce compromis », précise-t-il.
Selon Charbel Nahas, le projet présenté par M. Mikati n’avait rien à voir ni avec le travail du comité sur l’indice des prix ni avec sa proposition à lui. Le ministre rappelle que ses collègues du bloc du Changement et de la Réforme se sont opposés au fait que la proposition du ministère du Travail n’ait pas été discutée, et ont demandé au président de la République d’organiser un vote pour permettre de dénoncer le tour qu’a pris le débat.

 

S.B.

Interrogé par L’Orient-Le Jour sur la grève prévue par le comité de coordination syndicale demain, pour protester contre le décret de rajustement des salaires adopté en Conseil des ministres la semaine dernière, Nehmé Mahfouz, président du syndicat des enseignants du privé, assure que cette grève est « non seulement maintenue, mais nous la préparons avec le plus grand...
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