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Liban - Cérémonie

Nasrallah apparaît en public et martèle que la résistance ne renoncera jamais à ses armes

Au dernier jour de la Achoura, le secrétaire général du Hezbollah a créé la surprise en apparaissant en chair et en os pour la deuxième fois depuis 2006 devant les dizaines de milliers de ses partisans rassemblés à Rayé dans la banlieue sud.
Aussitôt, la foule est tombée en transes et le délire était total. Sayyed Hassan Nasrallah, dont c’était la seconde sortie publique depuis 2006, n’a passé qu’une dizaine de minutes avec la foule, sous l’œil vigilant et nerveux de ses gardes du corps, avant de réapparaître cette fois sur écran géant pour prononcer un discours. En cette commémoration des souffrances puis de la mort de Hussein, Nasrallah a voulu transmettre un message fort en défiant ses ennemis et en montrant qu’il est lui aussi prêt à mourir pour ses convictions. Le moment d’émotion passé, retour à la politique. Dans son discours, Nasrallah a déclaré que le Hezbollah est « une force dont l’ennemi ignore l’importance et qui lui créera des surprises », ajoutant que la résistance continue de s’armer et que ceux qui misent sur son affaiblissement se trompent.
Le secrétaire général du Hezbollah a invité ses partisans à ne pas se tromper d’ennemi, assurant que les États-Unis et Israël sont l’ennemi et que le régime syrien est l’allié. Il a aussi demandé aux populations arabes de ne pas se laisser duper par les mensonges des Américains, toutes administrations confondues, qui ont essayé au cours de l’année écoulée de se présenter comme les défenseurs des droits de l’homme et des peuples, tout en appuyant inconditionnellement l’entité sioniste qui occupe la terre et viole les droits du peuple palestinien.
Il a insisté sur le fait que les États-Unis appuyaient tous les régimes dictatoriaux dans la région et coopéraient avec eux sur les plans de la sécurité, de la politique et des médias. Cela ne les a pas empêchés de les lâcher le moment venu, lorsque les populations se sont soulevées. Selon Nasrallah, c’est là la caractéristique de Satan qui lâche ses agents lorsqu’ils se trouvent dans l’impasse. Le secrétaire général du Hezbollah a aussi estimé qu’après l’échec du projet du Nouveau Moyen-Orient, les Américains essayent d’y revenir mais cette fois par le biais de l’incitation à une discorde confessionnelle, tribale et ethnique. Tout en se déclarant favorable aux réformes en Syrie, il a rappelé que le régime de ce pays résiste contre les plans américains et israéliens et appuie l’axe de la résistance dans la région, c’est pourquoi il bénéficie de l’appui du Hezbollah.

La CIA et le Mossad...
Au passage, Nasrallah a évoqué le dispositif d’espionnage découvert récemment par la résistance au Sud, tout près de la frontière avec Israël, déplorant le fait que la CIA se soit transformée en simple informateur pour le compte du Mossad israélien. Nasrallah a encore déclaré que le Hezbollah parie sur l’éveil et la détermination des populations, évoquant en quelques phrases les situations en Libye, au Yémen, à Bahreïn et en Égypte. Il a aussi précisé que dans quelques semaines le retrait américain d’Irak sera achevé, alors que les soldats américains qui sont venus en Irak en 2003 comptaient y rester et y installer des bases militaires stables. Il a ainsi ajouté que le retrait des troupes américaines constitue une véritable défaite, en dépit du plan médiatique, avec la complicité des chaînes satellitaires arabes, visant à étouffer cet événement.
Sur le plan interne, Nasrallah a indiqué que son parti considère que le Liban n’est pas un îlot isolé. Il a appelé au dialogue et à l’abandon du discours confessionnel, qui, selon lui, sert les intérêts d’Israël et des États-Unis. Il a aussi invité les parties concernées à traiter les lacunes dans l’action gouvernementale. Tout comme il a été clair au sujet de l’appui du Hezbollah aux revendications du général Aoun. Il s’est aussi prononcé en faveur de l’ouverture du dossier des faux témoins pour rendre justice aux personnes lésées dans cette affaire et en particulier aux quatre généraux, appelant le gouvernement à devenir productif et efficace et à se pencher sur les dossiers qui intéressent les citoyens. Nasrallah a ironisé sur le fait que certaines parties sont obsédées par le Hezbollah et le rendent responsables de tous les maux.

Les Syriens enlevés ou...tués
Ces mêmes parties font un véritable tabac au sujet de ceux qu’elles considèrent comme des Syriens enlevés, alors qu’il n’y a en fait que trois personnes dont on ignore le sort. C’est selon lui certes déplorable, mais il s’est étonné du silence total de ces mêmes parties au sujet de centaines de Syriens tués au Liban dans des circonstances non élucidées...
Nasrallah a ensuite démenti les accusations de certaines parties sur le fait que les armes du Hezbollah sont la principale source d’instabilité au Liban, déclarant que les armes utilisées dans les conflits internes n’ont absolument rien à voir avec celles de la résistance dont elle ne se défaira jamais. Car les armes utilisées dans les conflits internes, a-t-il précisé, sont légères (mitraillettes, revolvers et parfois RPG) et tous les partis et courants au Liban en possèdent. Alors que les armes de la résistance sont des missiles autrement plus performants, qui ne sont jamais utilisés à l’intérieur. Ceux qui veulent régler le problème des armes, soit via une sorte de dialogue ou par d’autres moyens, a déclaré Nasrallah, doivent se pencher sur le problème des armes légères entre les mains de tous les citoyens, non sur celui des missiles « Zalzal » et autres du même type. En conclusion, il a rassuré ses partisans, affirmant que la résistance recrute chaque jour de nouveaux combattants et les forme et que nul ne pourra la pousser à renoncer à accomplir son devoir...
Aussitôt, la foule est tombée en transes et le délire était total. Sayyed Hassan Nasrallah, dont c’était la seconde sortie publique depuis 2006, n’a passé qu’une dizaine de minutes avec la foule, sous l’œil vigilant et nerveux de ses gardes du corps, avant de réapparaître cette fois sur écran géant pour prononcer un discours. En cette commémoration des souffrances puis de la...
commentaires (9)

C'est bien pour ça que j'ai dit que les Libanais pas encore prêts pour le changement. Pourtant j'avais l'impression que c'était clair non ? :)

Tina Chamoun

12 h 01, le 08 décembre 2011

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • C'est bien pour ça que j'ai dit que les Libanais pas encore prêts pour le changement. Pourtant j'avais l'impression que c'était clair non ? :)

    Tina Chamoun

    12 h 01, le 08 décembre 2011

  • Chère Tina, avec ta permission : comment déraciner le confessionnalisme ancré dans les esprits ? Crois-tu que cela puisse se faire du jour au lendemain, par simple décret d'épouser directement le laïcisme ? Merci de me le dire. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    11 h 29, le 08 décembre 2011

  • Robert, je suis entièrement d'accord avec la seconde partie de ton commentaire, sur le bouclier que représente la Constitution pour de nombreux chrétiens. Le débat est long et les Libanais pas encore prêts à un changement dans ce sens. Pierre, ce que vous avancez s'appelle un procès d'intention. Et si on cessait de se méfier les uns des autres, vous ne pensez pas que ça serait un premier pas vers un Liban véritablement uni entre tous ses fils?

    Tina Chamoun

    10 h 42, le 08 décembre 2011

  • (suite à Kamel) Tout ce que je dis et redis, et je te l'ai dit plusieurs fois, c'est que le Liban ne peut pas accepter un parti politique armé à la solde des dictatures iranienne et syrienne ! Notre politique, notre fonctionnement, notre avenir, ... tout est faussé par cette situation d'Etat dans l'Etat, je reviendrai là-dessus tant qu'il y aura des Libanais qui accepteront cet état de fait inacceptable de soumission. Pour faire face à Israël, construisons une armée, mais le Hezbollah ne veut pas. Il veut rester maître de la situation parce que la seule chose qui l'intéresse au Liban, c'est lui-même ! Et ce n'est pas à moi qu'il faut parler de Père Noël, Kamel, mais à tous ceux qui, au nom de la démocratie, soutiennent et encouragent les crimes et les propos débiles d'un tyran en s'imaginant que tout va bien dans le meilleur des mondes !

    Robert Malek

    10 h 21, le 08 décembre 2011

  • M. Hadjigeorgiou, je ne suis pas tout à fait de votre avis. Le Hezbollah n'est pas forcément axé sur le confessionnalisme, il s'appuie plutôt sur l'autre principal fléau de notre pays : la toute puissance que lui confèrent ses armes. Mais en terme de laïcisation (et même si je me fais lyncher), ce sont en général les chrétiens (de 40 ans et plus) qui manifestent le plus leur hostilité car ils voient en notre Constitution un bouclier pour leur communauté. Ce que je n'approuve pas. Mais le débat est très long...

    Robert Malek

    09 h 24, le 08 décembre 2011

  • Je m'insère ici if you don't mind pour poster à nouveau, à la demande de Kamel, la réponse que je lui avais faite hier (à propos des termes "milice" et "résistance") et qui n'est pas parue, je ne sais pas pourquoi. Bon, Kamel, en essayant de me situer dans le contexte d'hier, je te disais que je ne détourne pas les définitions, je les valide, y compris la tienne ! Et on ne peut pas comparer ce qui n'est pas comparable. Les Résistants de 1940 n'étaient pas issus d'une dictature, au contraire, ils combattaient la dictature nazie. Les Algériens ? Quel rapport ? Ils se sont battus pour la liberté et l'ont obtenue. Quant aux Palestiniens, ils n'ont rien à faire armés chez nous ! Qu'ils aillent faire leur résistance en Israël. Ils nous ont foutus dans la merde, alors vivement qu'ils aient un Etat pour qu'ils aillent s'occuper ailleurs. Tu confonds un peu tout et tu démarres au quart de tour, emporté par ta passion anti "sio/yankee".

    Robert Malek

    09 h 03, le 08 décembre 2011

  • Cher Tina, qu'il le dise ou pas, qu'il prétend vouloir y être éloigné ou pas, qu'il mente a gogo ou pas, plus confessionnel que Hassan Nasrallah et le Hezbollah on meurt!

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 53, le 08 décembre 2011

  • Hassan Nasrallah "a appelé au dialogue et à l'abandon du discours confessionnel". Oups, le mot est lâché, du coup certains y voient un discours... confessionnel. Re-oups. Si c'est pas être sectaire ça dans la lecture des articles!

    Tina Chamoun

    06 h 12, le 08 décembre 2011

  • Sayyed Hassan Nasrallah "martèle (et les Libanais sont lassés de ce martèlement) que la "résistance" ne renoncera jamais à ses armes". C'est le discours le plus confessionnel et qui recèle la plus grande anomalie qui puisse frapper un pays. C'est en effet un PARTI POLITIQUE chiite superarmé qui parle et non une "résistance" dans un maquis. C'est un PARTI POLITIQUE qui se permet tout dans la vie nationale : Des traversées de la ligne bleue et des provocations de guerres criminelles d'Israel, qui en attend le prétexte; des sièges de Beyrouth pendant 18 mois; des 7 mai "glorieux" (qui n'ont pas un brin de gloire); des occupations de l'aéroport international; des envahissements de cliniques médicales où il y a une trace ou une odeur de TSL; des réseaux de télécommunications partout et jusqu'aux seuils des demeures des citoyens; des renversements de gouvernement et de majorité par déploiement de "chemises noires"; des impositions de volonté en tout jusqu'aux plus absurdes censures; des interdictions qui bafouent la loi libanaise comme celle de la consommation et de la vente d'alcool au Sud. Quel pays au monde vit-il une telle anomalie et fait-il face à de tels défis ? Sayyed Hassan Nasrallah peut-il en nommer un ? A moins que le Hezbollah ne sorte vraiment de la vie politique de ce pays et ne s'en occupe plus. A ce moment-là ce serait une autre situation.

    Halim Abou Chacra

    03 h 59, le 08 décembre 2011

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