Le Tachnag annonce qu’il s’alignera sur toute décision que prendra le CPL

Pendant que le ministre de l’Information Walid Daouk rappelait le credo de Nagib Mikati à propos du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), les divergences continuaient de se creuser entre le courant du Futur et le CPL.
On retiendra pourtant l’annonce du Tachnag : le ministre d’État Panos Manjian a ainsi déclaré hier au micro de La Voix du Liban-liberté et dignité que son parti, le Tachnag donc, soutiendra et appliquera toute décision que prendra le CPL. « La question du financement est une priorité pour certains, mais pour nous, le plus important est de régler la situation socio-économique », a-t-il renchéri, prédisant au gouvernement de rester en place « jusqu’en 2013 ».
M. Manjian faisait sans doute écho aux propos de son collègue du Travail, Charbel Nahas, qui a affirmé sur la même radio que le boycottage des séances du Conseil des ministres par le CPL « n’est pas dû au fait que la question du financement se retrouve au cœur de l’ordre du jour. Nous boycottons parce que nous refusons que le destin de ce gouvernement soit lié au dossier du financement », a-t-il expliqué, jugeant que ce sujet « n’est pas important ». « Son heure viendra, et à ce moment-là, il sera soumis au vote et soit il passera, soit il ne passera pas », a-t-il relevé.
Du côté des haririens, c’était hier naturellement un tout autre son de cloche.
Le député Khaled Daher a ainsi estimé que la seule option de Nagib Mikati est la démission. « Depuis la formation du gouvernement de Bachar el-Assad au Liban, nous nous sommes rendu compte que l’objectif de cette équipe est de venir en aide au régime syrien en crise, et cela a été prouvé dans les faits », a-t-il dit au micro de Radio-Orient. « Ce régime a intérêt à ce que le cabinet Mikati reste en place, mais le Hezbollah est très gêné », a-t-il dit en référence au TSL, précisant qu’il était du « devoir national, religieux, international et humain de Nagib Mikati de ne pas rester à la tête d’un gouvernement qui protège les assassins ». « Il doit retourner la table contre ceux qui, au sein de son équipe, cherchent à salir sa réputation et à dynamiter son rôle, à commencer par le courant aouniste », a-t-il martelé.
Même chose pour Ammar Houry, député du Futur de Beyrouth : « Les Syriens préfèrent que ce gouvernement reste en place, sauf que le président Mikati est dans une situation qui ne lui permet pas de refuser le financement par le Liban du TSL », a-t-il déclaré, estimant que le gouvernement est mort. « Il reste à annoncer la date du décès et les obsèques », a-t-il dit, assurant que le Hezbollah va faire l’impossible pour empêcher « le Liban de s’acquitter de ses engagements internationaux et payer son dû au tribunal spécial ».
Quant au ministre Daouk, rappelons qu’il a réaffirmé hier que le gouvernement « se dirige vers la démission en cas d’échec du financement en Conseil des ministres qui se tiendra assurément demain (aujourd’hui), surtout que son ordre du jour a été envoyé aux ministres. Nous plancherons sur plusieurs questions, dont celle du financement », a-t-il dit, rendant un hommage appuyé au président de la Chambre Nabih Berry et à ses médiations « à travers l’histoire ».
Pour leur part, les porte-parole du mouvement Amal de Nabih Berry essaient de temporiser.
« La démission du gouvernement n’est pas la solution », a estimé Khalil Hamdane, membre du bureau politique d’Amal. « La question du financement divise depuis le début et je ne comprends pas cette insistance à ce qu’elle soit portée en Conseil des ministres de cette façon précipitée, sans laisser au comité de dialogue l’opportunité de se réunir », a-t-il dit. Et pour le mufti jaafari chérié, cheikh Ahmad Kabalan, le Premier ministre « devrait jouer l’apaisement et privilégier les intérêts des Libanais sur toute autre considération ».