Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

Berry vole au secours du gouvernement dans l’affaire de la Ligue

La position affichée par le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, lors de la réunion de la Ligue au Caire, samedi, a soulevé une tempête. En effet, le Liban s’est détaché du bloc arabe pour voter, aux côtés du seul Yémen et, évidemment de la Syrie elle-même, contre la décision suspendant la participation du régime Assad à l’organisme. Une décision prise parce que Damas n’applique toujours pas les dispositions convenues avec la Ligue concernant l’arrêt de la répression. Bien au contraire, les chars restent et pilonnent, les chabbiha aussi, Homs est en état de siège, privée d’eau, de courant ou de téléphone, et les morts se comptent chaque jour par dizaines, partout.
Le gouvernement va évoquer le problème aujourd’hui. Mais aussi la Chambre. À ce propos, des sources informées indiquent que le président Nabih Berry, dont le ministre Mansour relève, apporte un concours diligent, par nombre de suggestions, aux présidents Michel Sleiman et Nagib Mikati. Pour étayer leurs explications concernant la décision de se ranger aux côtés du régime Assad devant la Ligue arabe. Et pour que le cabinet ne risque pas de chuter, tant par le biais de la Chambre, où l’ancienne majorité se reformerait, qu’en implosant de l’intérieur.
Berry a botté en touche, en lançant un appel au roi Abdallah d’Arabie saoudite pour qu’il règle le problème syrien. Il l’a fait sans en aviser les Syriens.
Au Caire, dix-huit pays ont signé la résolution, en l’absence de la délégation syrienne qui avait enregistré son rejet, tandis que l’Irak faisait abstention. À Beyrouth, l’opposition a de suite réagi violemment, parlant de « honte » au sujet de la complicité affichée par le pouvoir avec un régime sanguinaire. La première objection est que c’est la première fois que le Liban contrevient au principe de base voulant qu’il se range aux côtés des Arabes quand ils se mettent d’accord et reste neutre quand ils n’y parviennent pas.
Cette équation originelle avait été établie, comme fondement même du pacte national, par les pères de l’indépendance, les présidents Béchara el-Khoury et Riad Solh. Leur souci, que traduisait le slogan ni Est ni Ouest (ni fusion avec la Syrie ni traité avec la France), était de garder le pays, dès son essor, à l’abri des luttes entre axes étrangers.

Engagement (s)
Or cette fois, le Liban officiel prend parti, et quel parti... L’opposition rappelle que pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, elle avait à contre-cœur laissé passer sans protester la décision du gouvernement de botter en touche au Conseil de sécurité de l’ONU et de ne pas souscrire aux sanctions contre Assad. Elle avait de même admis qu’à Londres, ou ailleurs, le président du Conseil ait annoncé que le Liban se voulait neutre. Toujours pour arrondir les angles, et bien que la neutralité face au crime, toujours selon l’opposition, n’est pas moralement admissible.
Mais maintenant, la coupe déborde, car même la collusion indirecte à travers les yeux fermés de la pseudoneutralité, est outrepassée du fait que Mansour s’est rangé carrément aux côtés du maître syrien. Alors qu’il s’était tenu aux côtés du peuple libyen face à Kadhafi. Les opposants s’étonnent dès lors que le pouvoir ne soutienne pas également la juste lutte du peuple syrien qui réclame la liberté et la démocratie.
Reste une question capitale : Mansour a-t-il adopté au Caire une position convenue avec le chef de l’État et le Premier ministre ? Est-il resté en contact avec ce dernier, lors de la réunion de la Ligue, pour le tenir au courant et demander ses directives ? Avait-il été mandaté pour n’en faire qu’à sa tête par le Conseil des ministres réuni ?

La question de confiance ?
Les opposants vont exiger des éclaircissements du gouvernement lors de la prochaine séance parlementaire place de l’Étoile. Certains projettent de poser la question de confiance au ministre des Affaires étrangères. D’autres demandent une réunion urgente de la commission parlementaire des Affaires étrangères qui se tiendrait en présence du chef du gouvernement, aux fins de l’interroger. Pour en connaître le point de vue, du moment que les initiatives du ministre Mansour vont à l’encontre des positions que le Premier ministre affiche régulièrement.
Au palais Bustros, on assure que la position de Mansour au Caire était bien la position du Liban officiel, qu’elle n’avait donc rien de personnel ou d’improvisé. On ajoute que le ministre a suivi la ligne connue qui veut que le Liban reste contre toute mise à l’écart d’un partenaire arabe, tout isolement. Sans compter la toute particulière spécificité de la relation libano-syrienne et l’étroitesse des liens entre les deux pays qui partagent 330 km de frontières.
Ces sources répètent que le Liban doit se soucier avant tout de ses intérêts propres, qui seraient mis à mal en cas de crise avec le pouvoir syrien. Cela signifierait non seulement le retrait des ambassadeurs et peut-être l’arrêt définitif des relations diplomatiques, mais également une fermeture de la frontière au trafic et au transit. Les considérations, les craintes économiques auraient été, selon ces sources, l’une des principales motivations du ministre Mansour au Caire.
Il n’empêche :  l’opposition voit dans l’attitude du chef de la diplomatie un clair mot d’ordre du Hezbollah. Qui dirige donc, désormais, la politique étrangère du Liban.
Embarrassés les officiels ? En tout cas, ils entretiennent un flou savant. Ainsi, des sources généralement autorisées refusent-elles de répondre aux questions que l’opinion autant que l’opposition se posent. Le ministre Mansour avait-il mis le chef de l’État et le Premier ministre au courant de ce qu’il allait faire et dire au Caire devant la Ligue ? Était-il doté, du reste, d’instructions dans ce sens ? Les dirigeants n’auraient-ils pas dû initier, sur un sujet aussi sérieux, un cycle de concertations internes pour une entente ? Et n’aurait-il pas dû être traité, à tout le moins, en Conseil des ministres ? Le président de la République et le Premier ministre ne sont-ils pas censés assumer et orienter la politique étrangère du pays ? Seraient-ils en train d’accepter qu’on la leur dicte ?
Le sujet va être soulevé par les représentants joumblattistes lors de la réunion du Conseil des ministres aujourd’hui mardi. Le leader de la Montagne a réprouvé le fait que le Liban se dresse, seul avec le Yémen dont on sait la situation, contre l’ensemble du monde arabe. Alors que l’Irak, si proche de la Syrie, et si perméable à l’influence iranienne, s’est contenté de s’abstenir.
La position affichée par le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, lors de la réunion de la Ligue au Caire, samedi, a soulevé une tempête. En effet, le Liban s’est détaché du bloc arabe pour voter, aux côtés du seul Yémen et, évidemment de la Syrie elle-même, contre la décision suspendant la participation du régime Assad à l’organisme. Une décision prise...

commentaires (3)

Que peut-il dire ? BA3ATNÉ ICHIL IL ZIR MNIL BIR BAS WAA3 OU KASAR RAEBTOU ? Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

03 h 13, le 15 novembre 2011

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Que peut-il dire ? BA3ATNÉ ICHIL IL ZIR MNIL BIR BAS WAA3 OU KASAR RAEBTOU ? Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    03 h 13, le 15 novembre 2011

  • - - Ne pas condamner et ne pas se ranger aux côtés des Arabes qui condamnent la Syrie , ne veut pas dire être avec elle et contre la majorité de la ligue ! Le Liban officiel et neutre dans ce conflit et le restera . Le ministre des affaires étrangères monsieur Mansour , reflète la volonté de la majorité du conseil des ministres , contre laquelle , le président de la République et le PM n'y peuvent rien contre , selon Taef et la constitution !! La Syrie n'est pas la Libye , nous partageons comme vous dites plus de 350 kilomètres de frontières et bien d'autres relations plus intimes et de mixité .. Ce qui est incompréhensible , c'est de voir ceux-là même qui ont réclamé haut et fort , que des relations diplomatiques soient établies avec la Syrie , avec échanges d'ambassadeurs , réclament aujourd'hui , la fermeture des 2 ambassades et le retrait des 2 ambassadeurs !!! Allez comprendre quelque chose à cette logique et à leur politique , qui est basée sur les intérêts d'une personne , d'une famille et non , de tout un pays et de tout un peuple .

    JABBOUR André

    00 h 27, le 15 novembre 2011

  • Touis les malabarismes politiques de Berry n'arriveront pas cette fois à couvrir le scandale de la position prise à la Ligue arabe par SON ministre des Affaires étrangères. Il faut que ce Liban officiel se montre sérieux pour une fois, m.... Ils en fait ont fait littéralement une grande risée du monde.

    Halim Abou Chacra

    23 h 35, le 14 novembre 2011

Retour en haut