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Liban - Interview

Le congressman US Charles Boustany à l’« OLJ » : Le Liban est pour les États-Unis le plus important pays du point de vue stratégique

Le congressman Charles Boustany et M. Edgar el-Chaar.

À l'approche des élections américaines prévues le 2 novembre, Edgar el-Chaar, qui se démène dans le cadre de nombreuses organisations pour faire entendre la voix du Liban au sein de l'administration américaine, a organisé un dîner-rencontre en l'honneur du congressman Charles Boustany. Un républicain d'origine libanaise, qui fait campagne pour défendre l'indépendance et la souveraineté du Liban. Les Américains d'origine libanaise font bloc autour de ce républicain qui « croit fermement que le Liban est le pays le plus important du point de vue stratégique pour les États-Unis ». La rencontre, qui s'est déroulée en présence de nombreux Libanais de la diaspora rassemblés au Core Club de Manhattan, a permis d'échanger des vues sur la politique américaine au Liban et au Moyen- Orient.
Quelle action mène ce chirurgien cardiologue converti, originaire de Deir el-Qamar, pour le Liban ? Lors d'un entretien exclusif accordé à L'Orient-Le Jour, le Dr Charles Boustany laisse entendre qu'il « essaie de suivre de près la politique au Liban ». Il rappelle la visite de deux jours qu'il a effectuée en novembre dernier à Beyrouth, en compagnie d'une délégation de sénateurs américains, le jour de l'annonce de la formation du gouvernement d'unité nationale. Lors de cette visite, il a rencontré notamment le président de la République, Michel Sleiman, l'ancien Premier ministre, Fouad Siniora, le Premier ministre, Saad Hariri, et le président de la Chambre, Nabih Berry. Il constate que « l'atmosphère s'est tendue, depuis, avec le changement d'alliances et l'inquiétude autour du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), dont l'acte d'accusation pourrait mener à un conflit et à la violence ». Le Dr Charles Boustany avoue « n'avoir pas suivi l'affaire du tribunal au quotidien », mais il s'inquiète de la tension grandissante à la suite des déclarations du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, au sujet de « l'implication israélienne dans l'assassinat de Rafic Hariri ». « Si le parti de Dieu est mis en cause dans cet assassinat, cela pourrait provoquer la violence dans les rues. Je suis inquiet et j'espère qu'il y aura de la retenue », a-t-il souligné. « Le Liban et le peuple libanais ont beaucoup souffert durant les années de guerre civile. C'est un pays avec un potentiel énorme en raison de l'esprit commerçant et entrepreneur de son peuple », souligne-t-il.

L'assistance militaire américaine au Liban
« En ce moment, ma plus grande préoccupation c'est que certains membres du Congrès essaient de restreindre les fonds destinés à l'armée libanaise. Limiter ces fonds serait une erreur, déclare le congressman. Cette aide est d'une importance capitale aussi bien pour le développement de l'armée libanaise que pour la protection des institutions nationales et de la souveraineté libanaise. La politique américaine tend, en partie, à renforcer les institutions nationales. La plus importante en ce moment, c'est l'armée libanaise », a-t-il insisté. Charles Boustany ne cache pas qu'il existe une certaine réserve concernant cette aide militaire au Liban, exprimée notamment par deux membres puissants du Congrès, Nita Lowey et Howard L. Berman.
Expliquant les raisons de ces réticences, le Dr Boustany indique que « le congressman Howard Berman s'inquiète que certaines armes fournies par les États-Unis à l'armée libanaise finissent entre les mains du Hezbollah ». Il a précisé avoir eu avec M. Berman une « discussion détaillée » sur la question, l'assurant que « d'après ses conversations avec le Pentagone et avec d'autres membres de l'administration américaine, il y a des comptes à rendre (accountability) sur cette question. Ce qui a été aussi confirmé par le ministre de la Défense, Élias Murr, et par le Premier ministre, Saad Hariri ».
Optimiste, le Dr Boustany compte « sur le temps pour obtenir gain de cause. » Car « Howard Berman a bien compris son point de vue, mais doit tenir compte des pressions internes du lobby juif. Nous espérons que l'armée libanaise pourra étendre sa capacité opérationnelle », a-t-il souhaité. Toutefois, « d'autres sujets d'inquiétude ont été soulevés par le Congrès, dont notamment l'étendue de l'influence du Hezbollah sur l'armée libanaise ». Bien que certains nient cette influence, notre meilleure chance est de soutenir l'armée et la souveraineté libanaise sera alors préservée. Si les États-Unis échouent et s'ils reculent devant leur engagement, cela ouvrira la porte, à mon avis, à l'influence syrienne et iranienne. Ce qui ne serait pas « dans l'intérêt des États-Unis », a-t-il déclaré.

Le rapprochement syro-saoudien et la souveraineté du Liban
Qu'en est-il du rapprochement syro-saoudien en vue d'amener les Syriens à la table des négociations avec Israël ? Le Liban en payera-t-il le prix ? Charles Boustany semble « préoccupé par ce rapprochement ». « Je pense qu'un pays comme les États-Unis ne devrait pas sacrifier la souveraineté libanaise, sa sécurité et son indépendance, souligne-t-il. Je suis très préoccupé par tout développement qui mènerait à plus de participation syrienne directe dans les affaires libanaises. Je crois que toute politique qui  vise à vouloir détacher la Syrie de ses relations avec l'Iran est probablement vouée à l'échec, parce qu'il existe des liens historiques entre les deux pays. Je souhaiterais voir le rapprochement entre la Syrie et Israël, il sera utile, mais pas au détriment du Liban », a-t-il souligné.
Ce sentiment est-il partagé aux États-Unis ? « Je ne suis pas sûr que l'administration américaine ira dans cette direction. J'ai eu quelques conversations avec certains du département d'État, a-t-il dit. J'espère que ce n'est pas le cas. Je le combattrai. Je mettrai tout mon poids pour qu'il soit remis en question. » Il souhaiterait que l'administration actuelle le mette au courant de manière détaillée et complète sur sa stratégie vis-à-vis du Liban « afin de mieux comprendre. Je pense que les États-Unis ont besoin de faire bien plus pour consolider la relation avec le Liban », a-t-il souligné. Insistant sur la nécessité de « continuer à renforcer les forces armées », le Dr Boustany a estimé qu'il est important d'« aider le gouvernement libanais à développer ses institutions de gouvernance, à travailler au nom de tous les Libanais et à continuer à développer nos liens commerciaux ». Et de conclure : « Nous avons une tradition d'échanges éducatifs que nous devrions élargir. Ce sont des points de départ pour consolider cette relation parce que le Liban, grâce à nos liens historiques, est la meilleure fenêtre pour les États-Unis au Moyen-Orient. C'est aussi l'occasion pour les peuples de la région de mieux comprendre comment les États-Unis agissent et honorent leurs engagements. »

À l'approche des élections américaines prévues le 2 novembre, Edgar el-Chaar, qui se démène dans le cadre de nombreuses organisations pour faire entendre la voix du Liban au sein de l'administration américaine, a organisé un dîner-rencontre en l'honneur du congressman Charles Boustany. Un républicain d'origine...

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