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Culture - Exposition

Mazen Kerbaj en « Autoportraits de l’instant »

Toujours dans l’improvisation. En peinture comme en musique. Porté par l’envie de se surprendre, d’expérimenter de nouvelles techniques et médiums. La photo, l’acrylique, la fresque, l’encre sur boîtes lumineuses, voilà sur quoi travaille Mazen Kerbaj en ce moment. « Now ».

Mazen Kerbaj devant l’une de ses grandes fresques à l’acrylique. Photo Nasser Trabulsi

À Beyrouth, il y a des filles jolies et des immeubles moches, énonce-t-il dans l’intitulé d’une de ses toiles: une grande fresque bicolore (en rouge et bleu) peuplée de gens, d’objets, de scènes diverses qui s’enchevêtrent dans une composition à l’impeccable maillage. Le dessin est réalisé cette fois à l’acrylique plutôt qu’à l’encre.
Idem pour Beyrouth à l’aube, grande toile verticale où il fait s’entrecroiser, se superposer les fêtards aux yeux exorbités et la masse des travailleurs, dans un embouteillage de voitures et d’individus.
Et fidèle à son amour des mots (en digne fils de Laure Ghorayeb), Mazen Kerbage agrémente ses toiles de petites phrases oscillant entre humour et poésie. Une poésie, évidemment, urbaine, un peu moqueuse, un peu underground et décalée. Comme tout l’univers de cet artiste, illustrateur, bédéiste, musicien, à la fois ironique et rêveur, mais toujours très ancré dans la ville. Qu’il représente, raconte dans chacune de ses œuvres, dans chacun de ses dessins, constamment habités d’une étonnante matière narrative, même quand il ne s’agit que d’un portrait solo, d’un visage, d’une de ces faces anguleuses aux traits distordus qui signent sa facture.
Sauf que ses faces se sont adoucies... maintenant. Certaines se sont féminisées. Leur tracé s’est arrondi, leurs expressions se sont apaisées et, à les observer de plus près, on remarque qu’elles jouent fréquemment aux amoureux se bécotant. Il y a du romantisme dans l’air chez Mazen Kerbaj, maintenant! Même s’il reste largement exprimé en traits abrupts et noirs sur papier Kraft.
«Now» est une exposition réunissant jusqu’au 6 avril une trentaine de ses nouvelles œuvres à la galerie Janine Rubeiz* – et ainsi baptisée «parce qu’elle a été conçue à la manière d’un autoportrait de l’instant». «Deux jours avant le vernissage, je dessinais encore les boîtes lumineuses qui y sont présentées, sans être sûr de les réussir», avoue Kerbaj. Il y a donc un peu de ce à quoi nous avait habitué cet artiste également bédéiste et musicien. À savoir, les dessins à l’encre sur papier de personnages urbains aux faciès angulaires et dramatiquement expressifs, comme ceux du Dernier baiser. Mais il y a aussi tout ce vers quoi il s’achemine maintenant. «Now». À savoir, l’expérimentation de nouvelles pratiques ainsi qu’une évolution vers un zeste de couleur, un soupçon d’optimisme et une envie d’horizons nouveaux...

Bateaux à bâbord !
Un appel du large qui se traduit par ces minuscules navires qui commencent à pointer à l’horizon de ses œuvres sur papier, ou encore ces petits bateaux qu’il introduit désormais dans ses toiles «engorgées» de personnages et de scènes. Mais aussi une envie d’explorations nouvelles perceptibles autant dans les grandes fresques (3 x 1 m) à l’acrylique qu’il présente après des années «d’infiniment petit à l’aquarelle ou à l’encre» que dans son travail «re-photographique» (selon sa propre appellation). En fait, un «bidouillage» (grattage, coloriage, scannage, agrandissement, réimpression...) de clichés carrés au rendu final d’une singulière expression artistique, si l’on en juge par la série de photos du Dôme City Center (également baptisé L’œuf) accrochée sur les cimaises de la galerie Janine Rubeiz. Des images qu’il a prises et retravaillées de manière à offrir de ce vestige architectural d’avant-guerre une représentation allégorique. Et d’en faire un Ovneuf (en référence à ovni), sorte de personnage fantastique incarnant le centre-ville d’avant...
Et puis il y a aussi ces figures humaines sur boîtes lumineuses, au tracé à l’encre et solvants sur acétate transparent totalement improvisé. «Une idée née d’un projet de dessin vivant sur musique improvisée que je réalise dans mes concerts avec Sharif Sehnaoui.» Une technique instantanée à considérer comme reflétant l’humeur artistique de Mazen Kerbaj... «Now».

*Raouché, imm. Majdalani, rez-de-chaussée. Horaires d’ouverture : de 10h à 19h. Les samedis jusqu’à 14h. Tél. : 01/868290.
À Beyrouth, il y a des filles jolies et des immeubles moches, énonce-t-il dans l’intitulé d’une de ses toiles: une grande fresque bicolore (en rouge et bleu) peuplée de gens, d’objets, de scènes diverses qui s’enchevêtrent dans une composition à l’impeccable maillage. Le dessin est réalisé cette fois à l’acrylique plutôt qu’à l’encre. Idem pour Beyrouth à...

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