Rita Kazan colorie le réel

Depuis quelques années, cette diplômée de l’INBA (2001) partage son temps entre la galerie Aïda Cherfan où elle travaille d’une manière partielle et sa discipline artistique de prédilection, la peinture. Affûtant son regard, aiguisant son goût, observant, comparant, analysant, Rita Kazan va enfin adopter non seulement une technique qu’elle fait sienne, mais avoir aussi la volonté d’affronter le regard des autres. Celle-ci avoue que le fait de travailler dans cet espace l’a beaucoup aidée. «En observant les œuvres des autres, on arrive à se forger une personnalité», affirme Rita Kazan.
C’est après avoir participé à plusieurs expositions collectives et, encouragée par sa sélection au XXXIe Salon d’automne (musée Sursock) qui a eu lieu au Beirut Exhibition Center, que Kazan décide enfin de franchir le pas. C’est donc à la galerie Aïda Cherfan, dont elle connaît si bien les cimaises, qu’elle a voulu exposer ses travaux.

Une touche particulière
«J’ai des idées plein la tête», tel est le thème de l’accrochage. Et c’est peu dire, car Kazan a vraiment des idées qui surgissent de sa tête et qui vont prendre forme en lignes et couleurs à l’intérieur du cadre. Tantôt ce sont des arbres qu’elle croise et salue chaque matin puisqu’ils se trouvent près de son lieu de travail. Tantôt, ce sont des sites ou éléments urbains (feux de signalisation, chantiers...) qui composent son paysage quotidien, mais il y a également dans l’univers de l’artiste des objets (sacs en vitrine), des jeux (Rubik’ cube), des moments (match de football) qu’elle reproduit en couleurs. Ces moments de la vie, tranduits à sa manière, se mêlent aux titres parfois décalés que l’artiste s’ingénie à leur trouver. C’est ainsi que Rita Kazan réinvente son réel.
Tout commence par de simples hachures. Avec uniquement un crayon mine, Rita Kazan dessine sur les cartons, puis applique ses couleurs acryliques et enfin fait passer le tout dans un four industriel. C’est une technique peaufinée, bien élaborée, qui mêle la grisaille du graphite aux teintes criardes de la peinture. Il en ressort une lumière diffuse qui semble se dégager de l’intérieur du cadre. Aucun manifeste ni message, mais un simple désir de se mettre au service de la peinture afin que celle-ci parle et traduise les nombreuses idées de l’artiste.

* Galerie Aïda Cherfan (place de l’Étoile). Du lundi au samedi de 10h30 à 19h30. Tél. : 01/983111.