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Culture - Festival al-Bustan

Opéra Helikon revisite le Wagner d’avant Wagner

L’amour, toujours l’amour... au cœur de l’œuvre de Wagner « Das Liebesverbot », fort sympathiquement présentée au Bustan par l’Opéra-Théâtre Helikon de Moscou.

Une version loufoque et décalée d’un Wagner de jeunesse.

Il n’est pas toujours donné aux amateurs de musique classique de passer une soirée souriante. Tel était cependant le cas pour la version jouissive d’une des œuvres de jeunesse de Richard Wagner, La défense d’aimer, ou la novice de Palerme, (Das Liebesverbot oder Die Novize von Palermo), présentée au Festival al-Bustan par l’Opéra-Théâtre Helikon de Moscou, dans une mise en scène de Dmitri Bertman et sous la direction du maestro Vladimir Ponkin.
« Lieber » ou l’amour, toujours l’amour... Un thème qui reviendra en force dans les futures œuvres du compositeur allemand prend ici des allures de commedia dell’arte, sur une musique qui est tantôt forte, tantôt pleine de douceur ou de rêverie. Dans ce Das Liebesverbot, nous en sommes encore dans les débuts dans lesquels les wagnerologues, wagnerolâtres et autres wagnerophiles trouvent des emprunts à peine cachés au bel canto italien, au romantisme d’un Weber, et parfois à l’opéra français de l’époque (Auber, Meyerbeer). Assez loin, donc, de l’univers wagnérien tel que nous le connaissons, notamment à travers le Ring, Tristan, Le Vaisseau et Parsifal, entre autres, cette œuvre composée à vingt ans se laisse cependant écouter avec plaisir.
D’autant plus qu’elle bénéficie d’un texte hautement jouissif, tiré de Measure for measure de Shakespeare, ce qui n’est pas un apport négligeable à la tenue de l’ensemble. Sur un sujet sérieux (sauver un condamné à mort par la ruse et l’infiltration) mais causé par un événement absurde (la défense d’aimer promulguée par un gouverneur hypocrite) se développe une trame comique, toute d’imbroglios délicieux.
En plus de la trame shakesperiennement jouissive, cet opéra-comique en deux actes est condensé et ramassé par le russe Bertman. On retrouve en effet là l’approche moderne décapante du directeur fondateur du Helikon de Moscou, son humour corrosif, la vivacité, l’énergie endiablée de ses productions.
Le ton en est d’ailleurs donné lorsque le Vladimir Ponkin entame le thème d’ouverture vêtu... de gants d’ouvrier et muni d’un petit perforateur. C’est donc sous le mode « cabotinage » que l’orchestre sera emmené ce soir-là. Et le public avec, qui semble se régaler de la suite des événements, entre partition « oubliée » et autres grattages pensifs de la tête. Sur les planches, plutôt à l’étroit et c’est bien dommage, la troupe du Helikon se meut, chante et tourbillonne dans un joyeux brouhaha.
Soudain, le décret du vice-roi de Sicile, Friedrich, impose un silence total. Ordonné en... arabe, il interdit tout libertinage, tout amour libre.
La suite se poursuit entre tragédie politique et farce populaire. Le jeu sympathique des artistes parvient presque à détourner l’attention de leur performance vocale. Mais c’est le sourire aux lèvres que les bustaniens sont repartis ce soir-là, n’osant sans doute pas appréhender l’atroce éventualité d’un décret « interdisant l’amour ». Et pourquoi pas l’oxygène, tant qu’on y est.
Il n’est pas toujours donné aux amateurs de musique classique de passer une soirée souriante. Tel était cependant le cas pour la version jouissive d’une des œuvres de jeunesse de Richard Wagner, La défense d’aimer, ou la novice de Palerme, (Das Liebesverbot oder Die Novize von Palermo), présentée au Festival al-Bustan par l’Opéra-Théâtre Helikon de Moscou, dans une...

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