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Culture - Exposition

Un Beyrouth orgiaque dans l’œuvre d’Annie Kurkdjian

« One Woman Show », c’est ainsi qu’Annie Kurkdjian a intitulé sa cinquième comparution devant le public, la deuxième à la galerie Art Circle où vingt-deux toiles font l’apologie grinçante des relations humaines.

L’homme pris dans les filets de sa condition.

Il est vrai qu’Annie Kurkdjian expose depuis presque 13 ans. Mais il s’agit là de sa cinquième individuelle à Beyrouth. Une exposition qui ressemble à une comparution, avec accusation préalable de culpabilité d’une partie du public qui pointe du doigt son caractère iconoclaste et la juge pour sa différence. Mais n’est-ce pas là tout à l’honneur de l’artiste, dans une société adepte du clonage tous azimuts ?
Annie Kurkdjian version 2013 reste donc fidèle aux précédentes. Mais avec un nouveau twist. Ses vingt-deux toiles exposées à la galerie Art Circle portent éminemment son empreinte, sa griffe. Toujours atypique. Toujours aussi révoltée. Toujours aussi en guerre contre le monde qui l’entoure. Elle qui semble dotée d’un miroir grossissant à travers lequel elle zoome sans complaisance sur les bestialités et les aspérités de la vie.
L’artiste cultive donc une hypersensibilité à l’égard du monde, et ses personnages atypiques, monstrueux et difformes en témoignent. Il y a là « des syphilitiques, des rois fous, des marionnettes, des ventriloques, un cracheur de sang, le pape, un masturbateur obèse, un aliéné qui mord un canard, des prisonniers qui tournent en rond et une femme portant un chapeau à carreaux et qui ose enfin jeter un regard derrière elle, à travers ses épaules voûtées », énumère l’artiste. Tout ce beau monde représente, en somme, « l’orgie de Beyrouth ». L’on reconnaît aussi l’artiste elle-même, dans un autoportrait où elle se trouve recroquevillée par terre, un carnet de croquis à la main, sa chevelure flamboyante ruisselant sur son dos. « Ma peinture, c’est mon style à moi. C’est moi-même (ou la personne que je prétends être), la peau dans laquelle je vis, mon séjours en enfer, ma rédemption, mon paradis », affirme Kurkdjian dont l’humour espiègle transparaît dans ses œuvres. Où elle s’amuse à disséquer les grands travers et les petites mesquineries de ses contemporains. Avec ce goût de rire de tout, surtout de ce qui ne s’y prête guère.
Dans son langage pictural qui se situe entre l’expressionnisme et le surréalisme, Kurkdjian 2013 marque une certaine évolution dans la manière d’utiliser ses couleurs monochromes. Dans un style de plus en plus épuré, contrastant avec la noirceur du contenu.
Entre le noir et le gris, Kurkdjian a introduit une dimension immaculée. Comme si la pureté des couleurs, virant presque à l’argenté, servait à dénoncer le vice décrit dans ces acryliques (sur bois ou sur canevas) ou ces mixed media sur papier.
Une œuvre originale et provocatrice donc et dont le thème principal reste le corps humain, dont les membres sont mutilés, manipulés, dévorés, exagérés ou minimisés à outrance.
Titulaire du prix Jouhayna Baddoura 2012, mention spéciale du Salon d’automne du musée Sursock en 2011, Annie Kurkudjian, l’artiste spécialiste en figures anthropophages et autophages, poursuit ses compositions picturales où l’humanité, plus spécifiquement beyrouthine (selon elle), jaillit à vif.
Il est vrai qu’Annie Kurkdjian expose depuis presque 13 ans. Mais il s’agit là de sa cinquième individuelle à Beyrouth. Une exposition qui ressemble à une comparution, avec accusation préalable de culpabilité d’une partie du public qui pointe du doigt son caractère iconoclaste et la juge pour sa différence. Mais n’est-ce pas là tout à l’honneur de l’artiste, dans une...
commentaires (5)

Je suis méchant, hein ? Je critique de la sorte maintes oeuvres de grands artistes, Picasso inclus... Jamais Picasso le Classique... le moderne à la main dans la poche... Que Dieu ait pitié de son âme !

SAKR LEBNAN

08 h 18, le 24 février 2013

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Commentaires (5)

  • Je suis méchant, hein ? Je critique de la sorte maintes oeuvres de grands artistes, Picasso inclus... Jamais Picasso le Classique... le moderne à la main dans la poche... Que Dieu ait pitié de son âme !

    SAKR LEBNAN

    08 h 18, le 24 février 2013

  • Je reviens pour essayer de comprendre ce tableau et je me demande : Est-ce un rat ? Est-ce une cobaye ? est-ce une balle dans le filet ? car d'homme, je ne vois guère ! Le titre du tableau aurait dû être, peut-être : L'homme qui a lancé la chose sur le filet...

    SAKR LEBNAN

    07 h 57, le 24 février 2013

  • A-t-elle vraiment tort?Je connais mal son oeuvre(internet ne rend pas justice,j'imagine)...mais son regard est aceré...et son pinceau mordant,pour autant que je puisse en juger...cette femme artiste a une conscience,ou devrais je dire elle a conscience...

    GEDEON Christian

    06 h 13, le 23 février 2013

  • Prière lire : Quand à la peinture.... Merci.

    SAKR LEBNAN

    03 h 50, le 23 février 2013

  • Eloge extra exagérée. Quand à le peintre, si l'on juge par l'oeuvre ( est-ce une oeuvre ? ) représentée, c'est plutôt à plaindre... qu'à encenser...

    SAKR LEBNAN

    01 h 51, le 23 février 2013

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