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Culture - Festival al-Bustan

Tendre et fougueux compagnonnage d’un violon et d’un violoncelle...

Éclats des archets (violon et violoncelle) avec Anna Tifu et Boris Andrianov. Accompagnés par l’Orchestre du Festival al-Bustan - Pan European Philharmonica, sous la direction de Gianluca Marciano, les deux solistes ont interprété des pages de Brahms et Elgar. Alliance de la virtuosité et d‘un sens absolu des nuances.

L’Orchestre al-Bustan-Pan European Philharmonica dirigé par maestro Gianluca Marciano, maître de cérémonie. Photo Michel Sayegh

Pour la soirée d’ouverture de la vingtième édition du Festival al-Bustan, toujours d’une ponctualité sans faille, c’est-à-dire 20h30 précises, musiciens et public sont déjà en place à l’auditorium Émile Boustani. Sur scène, sous les feux de la rampe, maestro Gianluca Marciano, maître de cérémonie, familier et ami des festivaliers, dirige l’orchestre.
Moulée dans une robe aux falbalas de Gitane, au décolleté généreux, arrive la jeune violoniste italienne Anna Tifu. Pour sa prestation virtuose sur les planches du théâtre du Bustan, un morceau de bravoure, mais aussi d’anthologie du répertoire violonistique. Et on nomme le Concerto en ré majeur op 77 de Brahms. Trois mouvements (allegro ma non troppo, adagio, allegro giocoso) alliant poésie, rêverie, passion et surtout un jeu marqué par la maîtrise pour une partition ardue et périlleuse. Après un léger trac au début, la violoniste offre les sonorités les plus ensorcelantes d’une boîte magique saisie sous ses doigts d’une absolue féerie.
Œuvre majeure de l’inspiration romantique allemande, cet opus au souffle à la fois paisible et emporté a toujours été considéré comme rebelle à toute interprétation... Amputé d’un scherzo, il demeure d’une éblouissante richesse mélodique tout en ne négligeant guère une puissante présence orchestrale.
Si certains avaient qualifié cette œuvre d’un concerto contre le violon, c’est dire la part de difficulté qui incombe au soliste. Pliée, courbée, droite comme un if, Anna Tifu en donne, avec fougue et sentiment (surtout les bouillonnants passages tziganes!), une version d’une étonnante et envoûtante netteté.
Pour prendre le relais, le timbre charnu et caverneux du violoncelle avec le soliste russe Boris Andrianov. Pour son talent et sa sensibilité de musicien rompu au métier, les pages vibrantes de vie et d’un certain romantisme du Concerto pour violoncelle en mi mineur op 85 du Britannique Sir Edward Elgar.
Quatre mouvements (adagio moderato, lento-allegro molto, adagio, allegro moderato-allegro, ma non troppo, poco piu lento-adagio) pour traduire, non seulement l’incontournable éloquence d’un archet à la place d’honneur dans le répertoire du violoncelle, mais aussi et surtout la remarquable vision de désastre et de destruction après la Grande Guerre mondiale qui a marqué le compositeur.
En sonorités graves et endeuillées, comme un lamento pour les morts et les disparus, le concerto fait la part belle à un violoncelle poignant mais sans pathos. Et ici l’interprétation a un éclairage fascinant et demeure, sans larmes ni cris, ni vociférations, d’une grande sobriété.
Petite pause après deux œuvres relativement longues dans leur narration et reprise avec le Double concerto pour violon et violoncelle en la mineur op 102 de Brahms. Là aussi trente minutes de pur bonheur avec les doubles solistes pour une œuvre conciliant le lyrisme de deux instruments à cordes. Compagnonnage non sans heurts et réconciliations. Pour ces trois mouvements (allegro, andante et vivace ma non troppo), Brahms déploie non seulement une grande panoplie d’images sonores, mais la force et la richesse de persuasion de deux instruments à la fois égaux et rivaux. Des instruments aux dialogues vifs et feutrés avec ce constant souci d’un compagnonnage proche d’un duel à fleurets mouchetés. Les deux instruments, par-delà les phrases chatoyantes d’un orchestre omniprésent, s’aimantent, se repoussent, cheminent en douceur, ont des embardées de passion et de colère... Mais finissent toujours par se retrouver, fusionner, prêter leurs voix respectives, distinctes ou unies, à un chant profond, un véritable appel à l’harmonie.
Salve d’applaudissements et gerbe de fleurs aux artistes. Mais déjà le public, du moins une bonne partie de l’assistance, notamment celle des premières rangées, s’est lancé au dehors, dans le froid de la nuit de Beit-Méry...
Pour la soirée d’ouverture de la vingtième édition du Festival al-Bustan, toujours d’une ponctualité sans faille, c’est-à-dire 20h30 précises, musiciens et public sont déjà en place à l’auditorium Émile Boustani. Sur scène, sous les feux de la rampe, maestro Gianluca Marciano, maître de cérémonie, familier et ami des festivaliers, dirige l’orchestre. Moulée dans une robe...

commentaires (1)

Comme vous le dites si bien "le public, notamment les premières rangées....s'est lancé au dehors, dans le froid de la nuit". Un spectacle que je trouve particulièment honteux et indigne, un manque de courtoisie et de politesse à l'égard des artistes et de la salle toute entière. Est-ce par souci de ne pas faire attendre les chauffeurs qui grelottaient dehors? A quand un public libanais, officiels inclus, qui attendra respectueusement la fin des applaudissements et le départ des artistes?

Jocelyne Gemayel

02 h 26, le 21 février 2013

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Commentaires (1)

  • Comme vous le dites si bien "le public, notamment les premières rangées....s'est lancé au dehors, dans le froid de la nuit". Un spectacle que je trouve particulièment honteux et indigne, un manque de courtoisie et de politesse à l'égard des artistes et de la salle toute entière. Est-ce par souci de ne pas faire attendre les chauffeurs qui grelottaient dehors? A quand un public libanais, officiels inclus, qui attendra respectueusement la fin des applaudissements et le départ des artistes?

    Jocelyne Gemayel

    02 h 26, le 21 février 2013

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