Rechercher
Rechercher

Culture - Concert

De Mozart à Piazzolla, en notes jointes

Quand la musique embellit les temps de pluie, c’est l’histoire des mardis soir des musiciens du Conservatoire national supérieur de musique. En illustration, ce duo de pianiste et violoniste qui, de Mozart à Piazzolla, a offert à l’auditoire un moment de pur bonheur.

Cristina Maria Pirlea au violon et Sevag Der Ghougassian au clavier : des musiciens qu’on n’oublie pas. Photo Hassan Assal

Maigre public en ce grincheux mardi soir de la première semaine de décembre à l’amphithéâtre Pierre Aboukhater (USJ). Mais fidèles à leur prestation de qualité, les deux musiciens sur scène du Conservatoire national supérieur de musique, Cristina Maria Pirlea au violon et Sevag Der Ghougassian au clavier, ont réservé à ceux qui se sont hasardés à venir les applaudir une lumineuse cinquantaine de minutes. Précieuses minutes où la musique, en notes jointes, était une revanche sur la morosité ambiante.
Au menu, concis mais concocté avec goût et élégance, des pages de Mozart, Beethoven, Kreisler et Piazzolla. Petit bouquet de partitions qui a cette merveilleuse faculté de lier les siècles, les horizons et les humeurs.
En ouverture, la Sonate n° 2 pour piano et violon du génie de Salzbourg. Deux mouvements (allegro et tempo di menuetto) pour donner vie à la fraîcheur, la grâce et la spontanéité de l’écriture du compositeur de La flûte enchantée. Avec une alternance équilibrée des triolets du clavier et des trémolos du violon pour un dialogue entre vivacité et quelques pointes de douce rêverie.
Plus fougueuse et en tonalités sourdes et entêtées, dans ses cadences vigoureuses et ses tristesses emportées est la Sonate n° 8 du virtuose de Vienne. Beethoven, à travers ces trois mouvements (allegro assai, tempo di menuetto et allegro vivace), allie tout un subtil art de se confier aux notes, aux cordes d’un clavier et à l’archet d’un violon. Notes en rythmes précipités sur fond de morsures d’accords soutenus et de lyrisme d’un violon qui parle avec véhémence des tourmentes et des passions humaines.
Là aussi, la conversation entre clavier et violon a des complicités insoupçonnées, mais aussi des marges de solitudes tout aussi inattendues qu’émouvantes...
Violoniste autrichien virtuose, élève de Bruckner, Kreisler a ici la part belle. Tout d’abord avec ce célébrissime Chagrin d’amour. Un morceau d’anthologie du répertoire violonistique et un prétexte pour une performance de bravoure. Ondoyante et tourbillonnante narration qu’on reconnaît dès les premières mesures et toujours mise en valeur par les interprètes pour séduire et toucher les mélomanes qui ne résistent jamais devant cette œuvre à la phrase mélodique chatoyante.
Suit immédiatement le Schon Rosmarin, un autre opus du même calibre. Un opus habité par le rythme, avec un vibrato serré, une ritournelle qui vrille le cœur et valse comme un petit youyou entre deux vagues.
Pour terminer, Café 1930, une des pièces cultes d’Astor Piazzolla. Même en l’absence du bandonéon, d’une flûte ou d’une harpe, tout l’esprit de la musique de cet Argentin qui avait le goût de la fête, des nuits entre volutes de cigarette, écume des vagues de Mar el-Plata et alcools «apollinairiens».
Le violon et le clavier, en symbiose ou en accords solitaires, restituent toute la verve iconoclaste d’un musicien qui a marqué des générations entières. Une musique qui parle de sensualité, de solitude, de révolte, de désirs. De ces musiques, une fois écoutées, qu’on n’oublie pas... Tout comme Libertango, Adios Nonino ou Oblivion.
Brefs applaudissements et pas de bis. Pourtant, pour un concert si beau, donné sans fausse note, en toute netteté de sonorité et n’atteignant même pas les soixante minutes, il était de bon ton et de la moindre courtoisie de manifester un peu plus d’enthousiasme. Ne serait-ce qu’avec un seul rappel.
Maigre public en ce grincheux mardi soir de la première semaine de décembre à l’amphithéâtre Pierre Aboukhater (USJ). Mais fidèles à leur prestation de qualité, les deux musiciens sur scène du Conservatoire national supérieur de musique, Cristina Maria Pirlea au violon et Sevag Der Ghougassian au clavier, ont réservé à ceux qui se sont hasardés à venir les applaudir...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut