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Culture - Exposition

L’essence du détail

L’Espace Kettaneh Kunigk accueille les travaux récents de 11 photographes collaborant avec la galerie depuis plusieurs années. « Through the lens of » présente leur regard singulier posé sur un même lieu, le Liban.

La machine qui s’humanise. Photo Hassan Assal

L’heure est à la rétrospective cet été : en réunissant des productions d’artistes issus d’horizons très différents, mais aussi d’âges et de degrés d’expérience divers, l’exposition révèle un Liban composite, où la machine s’humanise, l’humain se dématérialise et la nature s’incarne.


L’œil se fait proche du réel, en prise directe avec celui-ci, en faisant fi de toute grandiloquence. C’est dans le détail que la vie se révèle et est magnifiée. Nadim Asfar présente la série « Thinking of Tomorrow, emotional landscapes », une composition de moments volés au paysage urbain, où chaque instantané peut être considéré seul ou dans son rapport aux autres. Les clichés mettent en scène la ville et ses toits, de jour et de nuit, mais aussi la présence de l’humain, à travers des traces de son passage face à un lit défait ou un repas inachevé.

 

Ces petits fragments de réalité sont aussi auscultés par la lentille de Roy Samaha : partant d’une démarche visant à « décharger » le contenu visuel – par opposition à son travail de vidéaste pour la télévision consistant littéralement à en mettre « plein la vue » –, le photographe, avec « On an empty mind », cherche l’entre-deux, la simplicité presque enfantine qu’offrent les mille petits détails d’un décor urbain. Les images ont été réalisées sur pellicule pour, selon l’artiste, « réfléchir à chaque prise, être économe et éviter cette accumulation rendue par la photographie digitale ». Fouad el-Khoury et Joumana Jamhouri vont, quant à eux, au plus près de la mécanique pour mieux la sonder, tout comme Nancy Debs Hadad qui fait surgir la nature humaine de machines industrielles qui ont peuplé son enfance. La réalité élémentaire est ici sublimée par le regard et en devient ludique.


Dans ce portrait collectif du Liban, la présence humaine est furtive, avec les silhouettes mouvantes de Giulio Rimondi et « Beirut nocturne », aérienne, avec les plongeurs de « Pigeon’s rock » de Randa Mirza, ou théâtralisée avec les femmes libanaises de Rio de Lamia Maria Abillama.


Quant à la nature, Nadim Asfar en observe les manifestations dans l’environnement urbain. Au moyen d’un Diastagon – objectif dont le grand angle est de 75 degrés –, le photographe isole les détails et déstructure l’espace. Cette même nature, Gilbert Hage perçoit son aspect insondable en photographiant l’immensité de la mer, thème que l’on retrouve également chez Christian Carle Catafalgo où celle-ci se matérialise dans le vent qui vient la faire valser. Les « Cèdres » de Franck Christen, eux, s’incarnent dans la lumière pour mieux laisser entrevoir leurs multitudes de ramifications, leurs infinités fragmentées.
Un panel de photographes qui nous propose d’aller à « l’essence du détail » pour observer la réalité sous un autre angle.

Hélène BAQUET

Jusqu’au 10 septembre,
L’Ébéniste, Gefinor Center,
bloc E, Clemenceau, Hamra.

L’heure est à la rétrospective cet été : en réunissant des productions d’artistes issus d’horizons très différents, mais aussi d’âges et de degrés d’expérience divers, l’exposition révèle un Liban composite, où la machine s’humanise, l’humain se dématérialise et la nature s’incarne.
L’œil se fait proche du réel, en prise directe avec celui-ci, en...

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