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Culture - Festival de Beiteddine

Le Dizzy Gillespie : des étoiles menées par un Hart fougueux

Dire que la représentation du Dizzy Gillespie All Star Big Bang (avec en guest-star la chanteuse libano-canadienne Randa Ghossoub) était splendidement étoilée, comme le ciel de Beiteddine ce soir-là !

Une fusion de diverses cultures musicales, exécutée par des musiciens exceptionnels avec des arrangements somptueux. Press Photo

Oui, mais.... Car il y avait bien un petit bémol à cette soirée qui avait pour objectif de célébrer la musique joyeusement révolutionnaire du mythique trompettiste qu’était le grand Dizzie.

 

Il s’agit là de son deuxième passage au Liban. Les fans de la note bleue ne sont pas pès d’oublier, en effet, la prestation mémorable de virtuosité en 2005, sur les ruines antiques de Baalbeck, du Dizzie Gillespie All Star Big Band, bravant alors les avertissements de l’administration US concernant la visite de ses ressortissants au Liban et la précarité de la situation instable dans laquelle s’était embourbé le pays suite à l’assassinat de Rafic Hariri en février de la même année. Le Band était alors dirigé par un très discret Slide Hampton, admirablement entouré du Cubain Paquito d’Rivera (clarinette et saxophone), du Texan Roy Hargrove (trompette), des Américains Stanley Cowel (piano), et James Moody (saxophone), du Brésilien Claudio Roditi (trompette), de Dennis Mackrel (batterie) et de la chanteuse italienne Roberta Gambarini.


Cette fois, en 2012, dans le cadre du Festival de Beiteddine, c’est le flamboyant Antonio Hart qui dirige la formation composée de stars (le grandissime Cyrus Chestnut au clavier, l’inénarrable John Lee à la basse, et l’excellent Lewis Nash à la batterie). Aux côtés de ces anciens briscards rompus à la note gillespienne, une jeune garde pleine de fougue, des solistes émérites issus de tous les horizons du jazz.


Générations confondues donc, mais unies dans des volontés communes. Celle de perpétuer la mémoire du feu trompettiste aux joues gonflées. De réinterpréter avec joie son corpus immortel. Et aussi, quelque part, de réaffirmer certains critères musicaux privilégiant les subtilités rythmiques et mélodiques. Pas de grands tapages à fond la caisse, un programme léger, facilement digeste par un public de néophytes (malheureusement peu nombreux ce soir-là). Des standards, des morceaux phares du jazz écoutés et interprétés avec plaisir. Comme ce délicieux Am Be Boppin’ Too de Gillespie, ou encore Blue Boogie, rythmé par le scat de Lewis Nash. Suivront Manteca et A night in Tunisia avec lesquels Dizzy avait jeté les bases du jazz afro-cubain, mélange de jazz, mambo, merengue, cha-cha-cha et salsa.


Avant l’arrivée de la formation au grand complet (17 musiciens), Randa Ghossoub, petite et frêle silhouette perdue dans un fourreau saumoné chiffonné, avait attaqué le concert avec Ordinary Fool d’une voix douce, pure et un brin aiguë, en hommage à la version écrite par Paul Williams en 1975 pour le film Bugsy Mallone avec Jodie Foster. Joliment entourée (la veinarde !) de Chestnut au piano, de Nash à la batterie et de Lee à la guitare basse, elle provoque les premiers frissons avec Windmills of your mind, de Noël Harrison, composée par Michel Legrand sur des paroles d’Alan et Marilyn Bergman ; Ghossoub l’interprète en version française, devenue donc Les moulins de mon cœur, sans doute mieux rendue par l’artiste qu’avec l’accent zézayant des chansons en anglais. How can I forget him voit l’apparition solo de John Lee sur une guitare « fretless ». La chanteuse clôture son set avec une chanson sur laquelle elle apparaît très à l’aise, sa propre version arabisée de Caravan, de Duke Ellington. Et une belle version bossa nova de Mania de Carnaval. À noter, et c’est dommage, une certaine baisse de tension lorsque Randa Ghossoub, revenue en clôture du concert, a entamé Fly Me to the Moon. Il faut dire qu’elles sont rares les interprètes qui peuvent tenir face à une aussi lourde et rutilante orchestration, dans un concert de plein air, qui plus est. Sa voix est sans doute plus propice aux ambiances feutrées et intimes d’un club ou de formations restreintes.


Le DGASBB ? Une fusion de diverses cultures musicales, exécutée par des musiciens exceptionnels et servie par des arrangements somptueux. En résumé, une mondialisation réussie par la musique.

Oui, mais.... Car il y avait bien un petit bémol à cette soirée qui avait pour objectif de célébrer la musique joyeusement révolutionnaire du mythique trompettiste qu’était le grand Dizzie.
 
Il s’agit là de son deuxième passage au Liban. Les fans de la note bleue ne sont pas pès d’oublier, en effet, la prestation mémorable de virtuosité en 2005, sur les ruines antiques de...
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