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Culture - Concert

Cortège musical commémoratif pour Walid Gholmieh

C’est le 7 juin 2011 que, subitement, Walid Gholmieh a disparu. Un an plus tard, ses amis, ses collègues, ses musiciens et les institutions qu’il a fondées et consolidées lui rendent un tribut et un hommage chargés de reconnaissance et d’affection.

Menu exclusivement oriental sous la direction d’André el-Hajj à la salle Abou Khater. photo Hassan Assal

Edgar DAVIDIAN

 

L’hommage au maestro s’est traduit par un cortège musical commémoratif alliant aussi bien ses succès de variétés orientales que des extraits de ses œuvres symphoniques. Présence et redécouverte d’une personnalité polyvalente exceptionnelle du monde de la musique au Moyen-Orient dont, à travers un provisoire qui dure, on peine encore à trouver le véritable héritier, successeur ou suppléant...
Deux concerts qui ont fait salle comble chaque fois avec, au cœur de la scène, bouquets de lys, roses et dahlias blancs. À l’amphithéâtre Abou Khater le premier soir puis en l’église Saint-Joseph le lendemain, lieux que Walid Gholmieh fréquentait assidûment pour animer la vie musicale de Beyrouth à qui il a, par ailleurs, donné tant de lustre et d’éclat. Tout en fidélisant une grande tranche de public, aussi bien pour le « tarab » et les rythmes de musique arabe que pour l’inspiration classique occidentale qui s’est forgé, au gré de deux décades, un profil de plus en plus moderne et pointu sous sa férule.
Par le travail titanesque d’organisation, de recrutement, de discipline, de labeur et de formation, accompli depuis 1991, par la musique qu’il a composée et celle qu’il a aimée, Walid Gholmieh, porté au haut des crêtes des mélodies, est aujourd’hui plus présent que jamais au-devant de la scène musicale libanaise et arabe.
Plus de trois cents musiciens, choristes et chefs d’orchestre à travers l’Ensemble de l’orchestre oriental, placé sous la houlette d’André el-Hajj, de l’Orchestre philharmonique libanais, sous la baguette en triumvirat de Wojcieh Czepiel, Walid Moussalem et Harout Fazlian, et les chorales du Conservatoire national supérieur de musique et de l’Université antonine (dirigée par le frère Khalil Rahmé et le frère Toufic Maatouk) pour commémorer le souvenir d’un habile administrateur doublé d’un fin compositeur.
Menu exclusivement oriental pour la salle Abou Khater – avec une « guest star », le chanteur Joseph Azar – où, sous la direction d’André el-Hajj, ont résonné les airs qui ont fait la notoriété de maestro Gholmieh et que le grand public ignore peut-être. Des rythmes endiablés pour une « dabké » sonnant comme un écu d’or de Kalaa kbiré, aux douceurs éoliennes pour une giclée de notes cristallines sur harpe pour Ya saken el-leil, le ton est aux rythmes et cadences avec Za’fé ya chabab et Massaynakon massouna où reviennent en mémoire les espiègles inflexions ensoleillées de Sabah qui a porté haut et chaud des ritournelles qui sont encore sur toutes les lèvres.
Un bouquet de douze partitions, entre émois du cœur et corde patriotique, pour des cadences prestement enlevées qui jettent un baume sur le cœur. Avec des musiques, non seulement de l’homme de Marjeyoun, mais aussi quelques rubans de notes qu’il affectionnait et des percussions dont il appréciait les mélanges adroitement dosés.

Extraits des symphonies de Gholmieh
Seconde soirée à l’église Saint-Joseph (USJ) où, dans une moiteur étouffante, ont retenti, en premières mesures, les accents sombres et menaçants d’une Ouverture tragique de Brahms sous la direction d’un Czepiel ruisselant de transpiration dès les premiers mouvements. Suit un extrait de la symphonie du Shahid (martyr) de Gholmieh où la liberté a toutes les phosphorescences et toutes les amplitudes. Passage éruptif, à la fois violent et doux, strident et voluptueux, d’une nervosité qui a la brûlure et la morsure du soleil. Excellente direction d’un Czepiel qui a su dégager, en toute subtilité, toutes les lignes de force des images sonores au lyrisme impétueux.
Moment de douceur et de vague mélancolie avec la Symphonie n° 7 (allegretto) de Beethoven menée avec calme par Walid Moussallem. Comme des pas feutrés, les notes s’insèrent dans une narration au rythme marqué comme pour une marche grave. De la vigueur et une incontestable énergie que n’aurait jamais reniées le compositeur de al-Moutanabbi.
Faste dramatique pour un gage d’affliction avec le Requiem de Mozart que dirige Harout Fazlian. De la terre au ciel, l’humanité lance un cri de souffrance. Pour le dire, quelle meilleure voix que celle du génie de Salzbourg ?
Avec la Symphonie al-fajr (l’aube) – premier mouvement adagio-allegro –, retour à l’univers du maître disparu à travers une riche fresque sonore alliant accents d’Orient, sensuels et véhéments pour un incroyable tremblement des cordes quand les instruments à vent jouent le bruit de ce dernier dans les arbres et sur les plaines. Par bouffées successives, l’aube éclot et pointe dans une explosion, un éclatement de couleurs et de tonalités.
Pour terminer, toujours sur un ton de spiritualité, l’antienne mariale Regina coeli laetere (Reine du ciel réjouissez-vous) de Mascagni. Beauté des voix qui s’harmonisent et puissance d’une musique vériste pour atteindre l’espoir, la consolation, la paix et la foi en une résurrection.
Salve d’applaudissements et moment d’émotion contenue. Les trois maestros, en fracs noirs et nœuds de papillons blancs, descendus du pupitre, tirent la révérence au public après avoir salué Mme Elham Gholmieh assise au premier rang.

Edgar DAVIDIAN
 
L’hommage au maestro s’est traduit par un cortège musical commémoratif alliant aussi bien ses succès de variétés orientales que des extraits de ses œuvres symphoniques. Présence et redécouverte d’une personnalité polyvalente exceptionnelle du monde de la musique au Moyen-Orient dont, à travers un provisoire qui dure, on peine encore à trouver le...

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