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Culture

Chahfé met la barre pour un code d’urgence

De Montréal où il a fait ses études et où il vit actuellement, Joseph Chahfé fait des retours vers son pays natal, pour « toucher à ses racines » comme on dit, mais aussi pour accompagner ses expositions à la galerie Janine Rubeiz à laquelle il est fidèle depuis des années.

Maya GHANDOUR HERT

 

C’est donc dans cet espace baigné de lumière que l’artiste perméable à la société et ses travers déploie une série d’œuvres dans la lignée du « Code Barre » qu’il avait présenté l’été dernier à l’exposition « Rebirth », l’une des rares collectives à thème regroupant des artistes libanais au Beirut Exhibition Center, à l’initiative de Janine Maamari.
Ce 01 sans titre, composé de cheveux et d’acrylique, donne à voir des lignes horizontales imitant la configuration d’un « code à barres ». Méchant, ce dernier ? A priori, non. Car ce code est à la machine ce que l’alphabet est à l’homme. Mais voilà. Ce qui devait à l’origine être la codification graphique d’une information pour faciliter le stockage et la vente de marchandises ou de livres devient de plus en plus utilisé pour « taguer » des êtres humains. Sur les passeports, les dossiers personnels, académiques, médicaux, partout, ce signe est devenu très présent. Le capitalisme sauvage veut donc nous transformer en produits « étiquettables », « fichables » et « suivables » à la trace... C’est à ce principe de la « traçabilité » appliqué à l’être humain que les œuvres ironiques de Chahfé tirent des boulets rouges. Mais si les informations numériques, à savoir la date, le lieu de naissance, la généalogie et autres données biométriques (bientôt génétiques), sont stockables, ce n’est pas du tout le cas des mémoires personnelles, du vécu, des sentiments... « Ceux-là, ils appartiennent à chacun de nous, et ils ne pourront jamais être enregistrés sous forme de puce ou de vulgaires traits parallèles », semble dire l’artiste à travers ses œuvres barrées, critiques de la société de consommation, de la mondialisation et de l’uniformisation et de la robotisation des êtres humains.
Mais aussi de l’identité puisque l’artiste affirme : « L’identité individuelle dépend pour beaucoup de notre environnement social et culturel, du milieu familial, de l’entour et du lieu où nous grandissons. Mais bien plus aussi, notre identité se développe au gré de nos expériences personnelles et déplacements sociaux auxquels nous sommes confrontés. »
L’artiste associe ainsi les lignes fragmentées, notamment celles sur un miroir, ou sur le drapeau libanais, à la division de nos identités.
Une série d’œuvres intéressantes, à plus d’un... trait.


*À la galerie Janine Rubeiz, Raouché.

Maya GHANDOUR HERT
 
C’est donc dans cet espace baigné de lumière que l’artiste perméable à la société et ses travers déploie une série d’œuvres dans la lignée du « Code Barre » qu’il avait présenté l’été dernier à l’exposition « Rebirth », l’une des rares collectives à thème regroupant des artistes libanais au Beirut Exhibition Center, à l’initiative de...
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