Un (infime) avant-goût de la dOCUMENTA 13

«100 Notizen – 100 Gedanken»: 100 notes, 100 pensées. C’est sous ce titre que la dOCUMENTA 13 et l’éditeur Hatje Cantz Verlag éditent une série de carnets de notes. Des notes entre manuscrits, essais, entretiens, lettres d’artistes, écrivains, scientifiques, politologues, philosophes, anthropologues, psychologues... 

«Une note est une trace, un mot, un dessin qui tout d’un coup devient partie intégrante d’une pensée et se transforme en une idée. Ce projet s’inscrit dans cette démarche. Un espace d’intimité ainsi qu’un espace de critiques en devenir, la dOCUMENTA 13 tente ainsi de publier des textes difficilement publiables. Publish the unpublishable, a lâché crânement Carolyn Christov-Bakargiev lors d’une conférence à Ashkal Alwane devant un parterre d’artistes et d’intellectuels.»

Avec les contributions d’auteurs de différentes disciplines, telles que l’art, la science, la philosophie et la psychologie, l’anthropologie, la théorie économique et politique, les études de langues et la littérature, ainsi que la poésie, «100 Notes – 100 Thoughts» constitue un espace de la dOCUMENTA 13 visant à explorer comment la pensée émerge pour se retrouver au cœur du processus de conception du monde, a affirmé la directrice avant de formuler des pensées plus ou moins conceptuelles autour de l’écriture en général, de ses objectifs et de ses portées.

Christov-Bakargiev, commissaire, critique et écrivain, vit à Rome, Kassel, et New York. Elle était conservatrice en chef au musée d’art contemporain Castello di Rivoli de Turin de 2002 à 2008. Elle a également été cocommissaire de la première triennale de Turin en 2005 et directrice artistique de la 16e Biennale de Sydney en 2008.

Et si Christov-Bakargiev multiplie les interventions laconiques dans les quelques conférences de presse qu’elle distille, les secrets de dOCUMENTA 13 demeurent bien gardés, pour l’instant au moins. Il ne nous reste qu’à attendre le 9 juin prochain pour les découvrir. Mais il faut avoir que l’artiste Etel Adnan est l’une des artistes invitées de cette édition et que Rabih Mroué, Walid Raad et Akram Zaatari font partie de la représentation libanaise. À compter également Emily Jacir et Hassan Khan, non libanais certes, mais artistes en résidence à Ashkal Alwan.

Chus Martinez, ancienne conservatrice du musée MACBA de Barcelone et directrice de département à dOCUMENTA 13 en charge de ces publications, a indiqué pour sa part : «Nous avons préparé ces notes comme on prépare une exposition. La liste des participants a été établie puis nous avons contacté les 100 auteurs un à un. Je leur demandais ce qu’ils étaient en train de lire à l’heure actuelle, de m’envoyer leurs manuscrits et leurs griffonnages... Ce sont ces écrits en devenir que nous avons publié.»

Cette série de publications se compose de fac-similés de carnets existants, des essais en cours, des collaborations, et des conversations. Les carnets sont édités dans trois formats différents (A6, A5, B5) dans une gamme de 16 à 48 pages. En anglais et en allemand. Les livrets sont disponibles à la librairie de Ashkal Alwane. Ou sur commande sur Amazon. 

Également présent à la conférence, l’écrivain et critique soudanais Salah Hassan a présenté le thème de sa «note», ou son livret pour dOCUMENTA 13 autour de l’influence de Karl Marx sur la politique en Afrique.

À entendre les personnes en charge de son organisation, dOCUMENTA 13 devrait être plus qu’une exposition, mais plutôt un état d’esprit. Elle promet en tout cas un regard acéré sur notre contemporanéité en même temps qu’elle révélera forcément une nouvelle génération. Comme elle installera certainement les premiers jalons de ce que produira ce XXIe siècle qui s’annonce d’ores et déjà étonnant: une nouvelle ère pour l’art comme pour ce monde en pleine mutation...

En tout état de cause, elle est certainement un concentré d’art actuel formant un baromètre spectaculaire des tendances artistiques du moment.

La dOCUMENTA, en bref