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Culture - Scène

« Bérénice, d’après Bérénice de Racine » à la sauce de Gwenaël Morin !

Présentée par l’AUF, dans le cadre du mois de la francophonie, au théâtre Montaigne de l’Institut français, une « Bérénice, d’après Bérénice de Racine » totalement dépoussiérée par Gwenaël Morin.

Des comédiens qui investissent l’ensemble de la salle, de la scène aux gradins, pour porter le sublime des mots de Racine. Photo Houssam Mcheimech

Zéna ZALZAL

Il dynamite les poncifs du théâtre classique, Gwenaël Morin, tout en restant attaché à la beauté de ses textes. Ce metteur en scène français, directeur de la compagnie qui porte son nom, veut «dédramatiser l’accès au théâtre, le rendre moins impressionnant et ouvert à tous». À cet effet, il puise dans les grandes œuvres du répertoire, des pièces de Sophocle (Antigone, d’après Antigone), de Molière (Tartuffe, d’après Tartuffe) ou de Shakespeare (Hamlet, d’après Hamlet) qu’il s’attelle à dépoussiérer, moderniser et rendre plus attrayantes pour ses contemporains.
Sa Bérénice, d’après Bérénice de Racine, qu’il a présentée au cours de deux soirées à Beyrouth, est dans cette même veine d’actualisation et de tonification de la dramaturgie classique.
Une bâche en fond de scène sur laquelle sont inscrits, comme sur un tableau de classe, les caractéristiques et sentiments de chaque personnage. Un plateau dépouillé, simplement surélevé d’une estrade en planches de bois sur laquelle vont, viennent, se figent, courent et... s’étalent les protagonistes de ce drame racinien, aux tenues hétéroclitement contemporaines: jeans, pull et godillots pour Titus, alias Grégoire Monsaingeon; jeans rouge, tee-shirt et pieds nus pour Bérénice (Barbara Jung), tandis qu’Antiochus (Julian Eggerickx), en justaucorps et torse nu barré d’un énorme «Hélas», a des allures de Joker. Et une salle de théâtre toutes lumières allumées qui conforte cette impression d’assister à une répétition.
Un parti pris de décontraction qui infuse une énergie nouvelle aux alexandrins raciniens. Auxquels Gwenaël Morin reste fidèle, malgré quelques césures. Le faisant redécouvrir avec bonheur au public. Notamment les jeunes qui, ainsi délestés des a priori qu’ils peuvent avoir sur une pièce vieille de quelques siècles, ne manqueront pas de trouver des échos contemporains dans les magnifiques monologues et tirades de cet amour impossible.
«Je puis faire les rois, je puis les déposer, cependant de mon cœur je ne puis disposer.» Voilà tout le drame de Titus, empereur romain qui aime Bérénice, reine de Palestine, dont il est aimé en retour, mais qu’il ne peut épouser, le peuple de Rome n’acceptant pas que règne à ses côtés une étrangère. Acculés à la séparation, les deux amants se débattent, se résignent, se débattent encore et entraînent dans leurs déchirements le prince Antiochus, amoureux en secret de Bérénice.
Servie par de très bons comédiens, privilégiant l’interprétation psychologique, cette mise en scène «remuante» de la tragédie racinienne (basée sur les mouvements vifs et les déplacements effrénés des protagonistes dans tout l’espace du théâtre) insuffle, c’est évident, une séduisante vitalité aux vers de Racine. Elle aurait cependant pu se passer de certains effets pas très heureux, comme les incursions de chansons pop sur le mode bouffon. Car, même si «le monde a changé», comme l’affiche en gros caractères la bâche en fond de scène, la langue de Racine reste, elle, d’une élégance difficilement compatible avec l’esprit de farce!
Zéna ZALZALIl dynamite les poncifs du théâtre classique, Gwenaël Morin, tout en restant attaché à la beauté de ses textes. Ce metteur en scène français, directeur de la compagnie qui porte son nom, veut «dédramatiser l’accès au théâtre, le rendre moins impressionnant et ouvert à tous». À cet effet, il puise dans les grandes œuvres du répertoire, des pièces de...

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