Rechercher
Rechercher

Culture - Festival al-Bustan

Rai de lumière sur les touches d’ivoire avec José Féghali

Public clairsemé, par ce temps de glaciale bruine grincheuse. Pour son retour au pays de ses aïeux, la touche au clavier de José Féghali n’en est que plus renforcée, plus inspirée.

José Féghali, une touche au clavier renforcée et inspirée. (Photo Farès Jammal).

Pour des pages de compositeurs du Brésil, de Beethoven et Schumann, un vrai rai de lumière sur les touches d’ivoire quand les premières couches d’une neige fine s’amoncellent au dehors, sur les routes et les jardins de Beit-Méry...
Costume noir et chemise blanche pour un concertiste au calme olympien, mais qui surprendra en fin de concert par un tempérament fougueux et une interprétation
brillantissime.
Ouverture avec la douceur nuancée d’Impressões seresteiras de Heitor Villa-Lobos, un opus lumineux sous influence de Bach métissé de pulsion, de paysages et de soleil
brésiliens.
Chagrin pour la mort d’une mère à travers Valsa da dor, une valse d’une élégance mélancolique, certes un peu salonnarde, mais où la douleur a des reflets d’une tristesse tout en fuyante fluidité. Avec des rondeurs d’une joue qu’on aimerait effleurer, en toute tendresse, du bout des doigts ou des lèvres.
Pour prendre le relais dans cette première partie du programme, un morceau de bravoure absolue. Et l’on cite La Pathétique de Beethoven, une des plus importantes sonates du maître de Bonn. Une sonate impérieuse et impériale, aux accents fiévreux et tonitruants. Trois mouvements (grave: allegro di molto e con brio, adagio cantabile et rondo allegro) pour traduire la fougue et le déferlement beethovéniens dans ce qu’ils ont de plus passionnel, de plus profondément humain, de plus poignant et de plus émouvant. Une œuvre flamboyante aux accords mordants et aux chromatismes échevelés. Œuvre restituée dans toute sa splendeur par le pianiste en dépit de quelques négligeables anicroches.
Après l’entracte, plus vives, ensoleillées et gaies sont les pages d’Ernesto Nazareth, empreintes d’une poésie et d’un charme populaires. On écoute ce vibrant hommage au cinéma à travers Odeon, un ébouriffant tango Escorregando, subtilement traversé de quelque influence afro-européenne... Et en dernières notes d’un compositeur qu’on découvre avec ravissement, ce sémillant Anpanhai-te Cavaquinho, une amusante pochade sonore sur notes aiguës, au bas droit du clavier. Une sémillante polka au rythme prenant.
Comme un moment de sérénité ou de rêverie, les pages du Kinderszehen op 15 de Robert Schumann s’intercalent, dans une expression feutrée, entre ces notes turbulentes et un peu endiablées. Romantisme d’une expression aux épanchements marqués et au lyrisme intense pour ces scènes de l’enfance. «Regards lancés en arrière par un adulte», avait écrit Schumann à propos de cette partition alliant rigueur et déhanchement de rythmes, lignes chantantes et inquiète nervosité.
Tout en gardant les sillons d’un frémissant sillage romantique, José Féghali propose une œuvre d’une grande virtuosité: La grande fantaisie triomphale sur l’hymne brésilien de Louis Moreau Gottschalk. Contemporain américain de Liszt, Gottschalk, tout en s’inspirant de l’hymne national brésilien de Francisco Manuel Da Silva, signe là une œuvre d’un brio à couper le souffle. Elle rejoint, en tout faste et honneur, avec ses fioritures dentelées, les accords en orgue de l’amant de la duchesse d’Agoult, les contorsions vertigineuses et les «rubatto» d’enfer du pèlerin polonais. Un moment de pur bonheur, par son éblouissante virtuosité, qui n’en rappelle pas moins la grande exaltation de la Grande Polonaise de Chopin...
Salve d’applaudissements du public (qui a abusé des sonneries de mobile en première partie du programme et cela malgré la vigilance et le respect extrêmes par les organisateurs du festival du bien-être de l’auditeur) pour une prestation qui a démarré en douceur et a fini dans une apothéose éruptive et véhémente.
En bis, comme pour rester sous l’ombrelle d’une magnétique atmosphère de charme, mais sans la pompe des grands accords ni la fièvre des arpèges de feu, le cristal du Clair de lune de Debussy, une œuvre aux tonalités en pastel, tout en notes murmurantes et éoliennes. Ces notes qui s’estompent silencieusement dans l’air comme ces flocons de neige qui se déposent sur l’asphalte des routes en ce soir de grand froid...
Pour des pages de compositeurs du Brésil, de Beethoven et Schumann, un vrai rai de lumière sur les touches d’ivoire quand les premières couches d’une neige fine s’amoncellent au dehors, sur les routes et les jardins de Beit-Méry...Costume noir et chemise blanche pour un concertiste au calme olympien, mais qui surprendra en fin de concert par un tempérament fougueux et une...

commentaires (1)

Merci monsieur Davidian , votre plume de ce jour n'a d'égal que l'exellence de ce concert qui, a distance et a travers votre écrit, m'a réjouis. croches et doubles croches.... sans anicroches. Philippe Afeiche.

Afeiche Philippe

12 h 39, le 04 mars 2012

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Merci monsieur Davidian , votre plume de ce jour n'a d'égal que l'exellence de ce concert qui, a distance et a travers votre écrit, m'a réjouis. croches et doubles croches.... sans anicroches. Philippe Afeiche.

    Afeiche Philippe

    12 h 39, le 04 mars 2012

Retour en haut