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Culture - Spectacle

Tarik Jdidé... comme si vous y étiez

C’est un one-man-show que présente Ziad Itani tous les mercredis sur la scène du Métro al-Madina*. Accompagné d’un musicien et sur le texte de Yahya Jaber, l’artiste fait vivre l’une des rues les plus « populaires » de Beyrouth. Un spectacle haut en couleur.

Ziad Itani sur scène : un et multiple: Photo Marwan Assaf

Ziad Itani n’est pas seul sur scène. Il est à la fois le petit épicier du quartier, le garçon livreur, la femme et ses enfants, ainsi que les voisines, ses sœurs à l’occasion. Il est Abou el-Abed, figure emblématique de cette rue, mais aussi tous les voisins qui vivent (ou vivaient) dans une convivialité et une promiscuité à toute épreuve. Il est aussi dans certains sketches le footballeur de «Nejmeh» ou celui des «Ansar», mais aussi l’arbitre et tout le public dans les gradins. Il est l’électeur de Tarik Jdidé, mais également le «zaïm» qui change selon les périodes. Il est un et multiple. Il est un individu et une collectivité. Il est tout Tarik Jdidé. Car cette rue qui se situe sur le bord du boulevard Mazraa où résidaient les grandes familles beyrouthines sunnites est un personnage en soi. Ziad Itani n’est donc pas seul sur scène. Il est avec Tarik Jdidé, qui elle-même est un esprit en soi.

« Que reste-t-il de ces beaux jours » ?
En l’espace de deux heures et maniant un texte caustique, coloré et plein d’humour, avec l’accent pesant, arrondi comme s’il avait une petite balle dans la bouche et «bien de chez nous», comme il le dit, Ziad Itani va brosser le portrait de cette rue qui a connu de beaux jours. Surfant d’un personnage à l’autre avec une dextérité et une rapidité extrêmes, et avec les moyens du bord (quelques écharpes), un bruitage ou une musique de fond, il va recréer l’atmosphère d’antan. La nostalgie est présente tout au long du texte. Tant dans les senteurs du narguilé ou de la cuisine des unes et des autres, ou dans les petits proverbes locaux glanés par-ci et par-là comme surgis d’un ancien grimoire, ou encore dans ces figures devenues presque évanescentes et qui pourtant semaient la terreur à cette époque.


«Et dans un coin, le cher visage de mon passé.» Au fil des fêtes, des « sobhiyates » de femmes (maîtresse, soumise ou coincée...), des heureux événements (noces et accouchements) ou des condoléances et, par la suite, au fil des matches de football et des diverses élections, le spectateur finit par se sentir comme appartenant à cette grande famille. Car au bout du compte, qu’est-ce que Tarik Jdidé sinon une partie de la mémoire collective d’un peuple. Yahya Jaber a fait le tour de la question sans rien omettre. Il a réussi à remodeler le visage d’une rue qui a tendance actuellement à disparaître (comme toutes les rues de Beyrouth d’ailleurs). Et ce n’est certainement pas par hasard que le scénariste a passé brièvement les dernières années sans s’y attarder vraiment, car l’heure n’était pas à la tristesse mais à la joie.
D’aucuns ne peuvent prétendre ignorer quelques histoires du passé glorieux de Tarik Jdidé. Légendes urbaines, racontars de parents et ouï-dire transmis de génération en génération n’ont fait qu’enrichir la grande histoire de cette rue panachée que le tandem Jaber/Itani a reproduite sur scène avec un certain panache.

*Tous les mercredis à 21h30 au Métro al-Madina. Réservations au 01/753021.

Ziad Itani n’est pas seul sur scène. Il est à la fois le petit épicier du quartier, le garçon livreur, la femme et ses enfants, ainsi que les voisines, ses sœurs à l’occasion. Il est Abou el-Abed, figure emblématique de cette rue, mais aussi tous les voisins qui vivent (ou vivaient) dans une convivialité et une promiscuité à toute épreuve. Il est aussi dans certains...

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