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Lifestyle - Night-life

Le Music Hall « délocalisé » dégèle la façade maritime de Beyrouth

La salle de concert la plus en vue de la capitale libanaise, le Music Hall, au concept novateur, offre une nouvelle saveur estivale, dans un recoin de la ville que les noctambules ne pensaient pas encore peupler.

« Se protéger des agressions extérieures, et faire durer le spectacle à l’intérieur de la citadelle... »

L’optimisme en temps de crise, pour le secteur économique et touristique, est toujours de mise. Pour ne pas se laisser engloutir par une récession hâtive qui dévale les dernières pentes de leurs comptes miséreux, soumis à un statu quo sécuritaire cauchemardesque, certains investisseurs libanais préfèrent y aller de l’avant, en multipliant projets et investissements. Un climat d’optimisme peut, en effet, permettre étrangement à l’économie de se redresser, trompée par cette illusion naïve que tout ira pour le mieux. Et depuis le début de l’été 2013, le Music Hall, boîte de nuit iconique et salle de concert réputée de Beyrouth, brave tous les défis à travers une délocalisation périlleuse du centre-ville de la capitale vers sa façade maritime, près du BIEL.
Là, juste au-dessus de la mer, se dresse le tout nouveau Music Hall, véritable forteresse à l’allure d’un camp de concentration moderne, qui ne manque pas d’esthétique.


Entouré de caisses empilées, de remparts rouillés et d’amonts de sable où poussent quelques plantations sauvages, réminiscences de la célèbre ligne verte de démarcation de l’ancien Beyrouth, le paysage du Music Hall, au beau milieu de l’industriel béton de la façade maritime de la capitale, n’est pas sans rappeler les lignes de front de la guerre civile, dans un cadre postapocalyptique. Et à l’intérieur du fort, fidèle à sa tradition, le Music Hall retrouve son cachet baroque or et velours, « luxe, calme et volupté », comme s’amuse à le décrire le maître des lieux, Michel Eleftériadès, qui, avec son frère Jean Eleftériadès, a donné vie au projet. Ici, chaque jeudi, vendredi, samedi, et parfois dimanche, des artistes du monde viennent se produire sous l’arche dorée, offrant aux fêtards un show musical fusionnel varié, alliant musique gipsy, opéra, rock, jazz, funk et musique orientale. Pour Eleftériadès, l’architecture illustre la philosophie d’une vie. Celle de « la nécessité de se protéger des agressions extérieures derrière les remparts, quitte à préserver la diversité culturelle et faire durer le spectacle à l’intérieur de la citadelle ».


Dans cet endroit « sûr », les habitués de la boîte pourront retrouver les éléments-phares qui ont fait du Music Hall un succès à Beyrouth et à Dubaï, plus récemment. Il s’agit notamment de la possibilité d’assister à un show diversifié, dans une ambiance cabaret chic, mais à une différence près : sous la brise maritime légère, les visiteurs du Music Hall version plein air jouissent d’un espace moins écrasant, plus allégé et plus luxueux, qui peut comprendre sans encombre quelque 800 personnes venues dîner ou prendre un verre. À l’affiche, l’on retrouve chaque soir, entre autres, les célèbres frères Chehadé, des chanteurs cubains, une artiste tzigane russe, des gitans espagnols, ou encore un « bass-baritone » russe. Les courtes performances musicales se succèdent en une performance éclectique, séparées par de brèves pauses peuplées par les tubes du moment, en attendant que les rideaux rouges dévoilent un nouveau talent musical.


« Cela fait déjà un certain temps que l’on pensait ouvrir un Music Hall en plein air, et nous avons tenu à ce que ce projet prenne vie au centre de la capitale, comme tous les projets intéressants dans les grandes villes », explique Michel Eleftériadès. « Il est sûrement risqué d’entreprendre une initiative comme celle-ci alors que le pays est dans une situation critique, mais nous avons pris ce risque et fait en sorte que le concept architectural s’inspire de la situation. Au Liban, il est possible d’ouvrir une telle boîte, mais elle se doit d’être protégée telle une forteresse de Vauban, car le risque est grand et le milieu extérieur est hostile », ajoute l’entrepreneur qui assimile la délocalisation estivale du Music Hall à l’ouverture d’un opéra au beau milieu d’une jungle.


Une initiative qui pourrait engager la prolifération de boîtes de nuit dans un coin de Beyrouth encore méconnu par la night-life libanaise, « et qui pourrait devenir une zone hot », selon M. Eleftériadès. Entre-temps, le Music Hall estival ouvrira ses portes jusqu’aux abords d’octobre, donnant au Music Hall de Starco un temps de répit au cours duquel il sera rénové, pour la première fois depuis onze ans.

 

 

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