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Culture - Exposition

Pour Ana Corbero, l’union fait la force

Ana Corbero présente, au Beirut Exhibition Center, jusqu’au 1er septembre, une installation composée de vidéos, d’étoffes, de textes, de dessins et peintures sur le thème I+I=US, témoignant de sa vision de l’être et de l’univers.

Ana Corbero devant la Voie lactée et les pendulettes emblématiques.

La vision humaine d’Ana Corbero est universelle. Engagée ? Certainement. Et elle ne s’en cache pas. Mais, contrairement aux autres, à tous les autres, Ana Corbero s’engage pleinement pour l’humain. Cette artiste visuelle et conceptuelle, dont les peintures, sculptures et designs ont très vite fait sa renommée internationale, ne peut rester silencieuse devant le devenir du monde. Où va ce dernier? Qu’est devenu l’humain? Peut-il encorer retrouver son salut ? Autant de questions que la fille du célèbre sculpteur catalan Xavier Corbero se pose de différentes manières. Elle écrit, danse et chante, et ses témoignages sont profonds et vont droit au cœur. Ana Corbero a suivi ses études aux États-Unis (Dallas, Philadelphia, New York) et a vécu à Londres, à Barcelone, à Paris et à Beyrouth. Actuellement, partageant son temps entre la capitale libanaise et Séville, elle essaye par ses œuvres de faire le trait d’union entre ces deux pays.

Les totems guident
le chemin
Avant de lire un poème qui introduit sa pensée, les totems, grandeur surdimensionnée à tête de bébé, invitent le visiteur à pénétrer dans le cercle esquissé pour lui par l’artiste. Un cercle convivial, plein d’émotion, fait de chiffres, de lettres, de gestes et de mouvements. Pour Corbero, seul compte cet enfant – totem contemporain – témoignage de l’évolution humaine, puisque le totem pour les Amérindiens est ce qui protège le clan, l’unifie mais aussi l’identifie.
« Il est temps de réfléchir à l’espèce, dit l’artiste d’un ton grave. Le temps presse et demain il sera trop tard. Oui trop tard pour tous ceux qui s’affublent de totems, de fétiches ou de divinités qui séparent et éparpillent. » « Nous sommes tous nés sous le même ciel et cette grande Voie lactée parsemée d’étoiles dessinées à la main nous indique la route. Après tout, ne sommes-nous pas tous des poussières de Dieu ? » poursuit-elle.
Des poussières trop mortelles puisqu’avec l’aide d’amis, Corbero a pu dénombrer (approximativement bien sûr) tous les morts causés par les petites ou grandes guerres du XXe siècle. Près de 193 747000 morts. Un nombre hallucinant qui donne à réfléchir sur le caractère meurtrier du siècle.
Par ailleurs, sur des serviettes bleues qui évoquent la Mare Nostrum, elle a retranscrit ses poèmes dans toutes les langues en laissant bien sûr une serviette vide (devinez pourquoi !).
Mais le travail de l’artiste ne s’arrête pas là. Très attachée au pays du Cèdre qu’elle connaît si bien pour y avoir longtemps vécu, Corbero fait osciller ses pendulettes avec totems sur les symboles du Liban (monnaie, cèdre, armes et autres représentations d’un pays qu’elle aime tant). S’interrogeant d’ailleurs sur l’absence de liaison aérienne entre Séville et Beyrouth, elle s’empressera de créer une page Facebook invitant les responsables à réfléchir à ce problème.
Sensible et narrative, émotive et passionnée, Ana Corbero évolue devant les caméras d’Omar Ramirez Casas et Nabil Gholam, et sous la musique de Sarah Sarhandi avec Gutavo Thomas (butô), traduisant ce sentiment d’unité et d’union. L’individu, ajouté à un autre individu, devrait, pour Ana Corbero, former cette nouvelle collectivité et chasser ce sentiment de démembrement du corps humain représenté par la notion du « vous et nous ».
La vision humaine d’Ana Corbero est universelle. Engagée ? Certainement. Et elle ne s’en cache pas. Mais, contrairement aux autres, à tous les autres, Ana Corbero s’engage pleinement pour l’humain. Cette artiste visuelle et conceptuelle, dont les peintures, sculptures et designs ont très vite fait sa renommée internationale, ne peut rester silencieuse devant le devenir du monde. Où...
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