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Culture - Édition

La difficile lutte des auteurs français dans l’univers des polars

Face aux polars américains, scandinaves, italiens, allemands, britanniques ou russes, les polars français rivalisent difficilement dans un genre qui fait les beaux jours des librairies avec un quart des ventes, ont reconnu éditeurs et écrivains réunis le week-end dernier au 16e Festival du roman noir (FIRN) à Frontignan (Hérault).
Maxim Chattam, Karine Giebel ou encore Fred Vargas, la marraine du FIRN, sont quelques-uns des rares auteurs français à inscrire régulièrement leur nom dans la liste des meilleures ventes. Celle où l’on trouve à quasi chaque sortie de livres les Dan Brown, Harlen Coben, James Patterson, Michael Connelly, Mary Higgins Clark ou encore Patricia Cornwell, Henning Mankell, Ruth Rendell...
«Le polar, c’est le genre qui se vend le mieux. Mais c’est aussi le genre le plus concurrentiel. C’est donc très difficile de sortir du lot», remarque Lilas Seewald, éditrice de Fayard Noir, constatant que la France est le «pays où il y a le plus de traductions de romans étrangers».
«Le polar, dans l’esprit des gens, c’est américain», estime l’éditrice d’Albin Michel Stéphanie Deslestré. «Les auteurs qui marchent ont compris qu’ils avaient besoin d’un héros récurrent et d’être dans un code moins politiquement correct», renchérit Patrick Mosconi, le créateur de la collection Sanguine.
«Il y a une confirmation de ce qui se passe depuis une dizaine d’années avec une structuration à l’américaine. Le néopolar, un peu gauchiste, apparu dans les années 1980, a tendance à disparaître pour être remplacé par du roman noir moins militant, moins idéologique qui plonge dans la société d’aujourd’hui», analyse-t-il.
Les auteurs français ne manquent pourtant pas d’idées. «Je reçois de tout, des thrillers à l’américaine, relativement violents ou des choses plus politiques», témoigne Stéphanie Deslestré. Et de souligner: «Les tendances, ensuite, ce sont les éditeurs qui les font en publiant ou non.»
«Je ne cherche pas à publier n’importe quoi. Ou l’histoire me convint ou l’écriture. Mais c’est vrai que les manuscrits que je reçois sont régulièrement influencés pas les séries télé. Il y aussi des gens qui écrivent en réaction à l’actualité et certains qui ont une petite fenêtre sur le monde», complète Lilas Seegwald.
Pour tous les éditeurs, l’important est évidemment de vendre. Mais il n’y a pas de martingale, peut-être simplement quelques constantes. «Les gens ont besoin d’anticonformisme, de personnages dont les fêlures sont plus apparentes», note Jérôme Dejean, responsable polar à la librairie Sauramps à Montpellier.
«Il y a une évolution dans le polar. Il y a beaucoup plus de femmes qui écrivent. Les héros en Stetson et alcooliques sont donc de moins en moins présents. Il y a plus d’enquêtrices. Les personnages sont plus en phase avec la société », ajoute M. Dejean. « Le lecteur a besoin de retrouver un ami, de rencontrer un familier», relève M. Mosconi.
Dans les polars dits hardboiled (avec enquêteur), l’importance du personnage principal est fondamentale dans le succès. C’est le cas du commissaire Jean-Pierre Adamsberg de Fred Vargas, de l’inspecteur Hieronymus «Harry» Bosch de Michael Connelly ou du Dr Cross de James Patterson. Ou encore de Lisbeth pour Millenium.
Pour les auteurs, en général, l’idée est à la fois de donner du caractère à son personnage et de coller à la réalité de la vie, de la société. «J’ai été policière. Et avec ce métier, j’ai vu beaucoup de choses. C’est ça que je veux montrer», fait valoir l’Écossaise Karim Campbell (Trottoirs du crépuscule, Fayard).
Écrasés par l’étau des polars étrangers et sans rejoindre la littérature blanche, les Français se tournent souvent vers le roman noir. Même s’il se vend moins que le polar. Avec dans l’idée, admet Jérémie Guez, 25 ans, prix SNCF 2013 (Balancé dans les cordes, La Tengo Editions), la «possibilité de dire des choses sans porter de
jugement».
Le problème pour ces auteurs ancrés dans le social et qui font plonger le lecteur dans l’angoisse est de ne pas se lancer dans la course avec l’actualité. «On organise, on rend cohérent la violence», dit Marin Ledun (Dans le ventre des mères, Flammarion). «Mais la réalité dépassera toujours la fiction», assure Sandrine Collette (Des nœuds d’Acier, Denoël).
Face aux polars américains, scandinaves, italiens, allemands, britanniques ou russes, les polars français rivalisent difficilement dans un genre qui fait les beaux jours des librairies avec un quart des ventes, ont reconnu éditeurs et écrivains réunis le week-end dernier au 16e Festival du roman noir (FIRN) à Frontignan (Hérault).Maxim Chattam, Karine Giebel ou encore Fred Vargas, la...

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