Sur une initiative unique dans le genre, l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Ali Awad Aassiri, a exprimé hier ses « craintes suite aux incidents itinérants dans différentes régions libanaises, de Tripoli jusqu’à Saïda, en passant par le Akkar et Ersal, autant de localités directement concernées par l’ingérence du Hezbollah dans les incidents en Syrie », a-t-il déclaré. Le diplomate s’exprimait dans le cadre d’un entretien accordé à l’Agence nationale d’information.
« Ces craintes augurent de conséquences négatives si les raisons qui en sont à l’origine ne sont pas préalablement prises en compte. Il est dans l’intérêt public que le Hezbollah effectue une révision de la politique qu’il poursuit à l’égard de la communauté sunnite et des autres communautés », a affirmé le diplomate.
M. Aassiri a ajouté : « Les Libanais sont condamnés à vivre ensemble. Par conséquent, le Hezbollah devrait élargir les espaces de dialogue et de rapprochement au lieu d’œuvrer à provoquer plus de tension et à susciter des divisions. À défaut, le Liban risque de se diriger vers l’inconnu. »
L’ambassadeur a estimé que le comportement du parti chiite à l’égard des Libanais constitue un facteur additionnel de clivage qui expose le pays à des dangers « dont la communauté chiite ne sera pas épargnée ». « Car, a insisté le diplomate, plusieurs membres de cette communauté, dont des ulémas, ainsi qu’une large partie des Libanais toutes communautés confondues n’admettent plus le comportement du parti à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur du pays. »
Selon lui, cette période délicate que traverse le Liban requiert beaucoup de « sagesse et de clairvoyance ». Exprimant son souhait de voir les « sages » intervenir pour atténuer la tension dans le pays, M. Aassiri a affirmé que « les médias ont une grande responsabilité à ce niveau et doivent par conséquent œuvrer à apaiser la scène interne en s’abstenant d’exacerber les sentiments confessionnels et communautaires ».
Le diplomate a assuré que son appel émane de l’attachement du roi Abdallah ben Abdel Aziz à la stabilité du Liban et à l’unité de son peuple, insistant sur le fait que le royaume saoudien n’a d’autre objectif au Liban que celui d’y voir « prévaloir la sécurité et la paix civile ».
Ces propos, l’ambassadeur saoudien les a réitérés à l’issue de son entretien avec le chef du Courant patriotique libre, Michel Aoun, à Rabieh.
« L’Arabie saoudite est attachée à la souveraineté du Liban et à la paix civile », a-t-il dit, appelant les responsables politiques à tenter de rapprocher les points de vue et à faire prévaloir le dialogue.
Expliquant les motifs de sa visite, le diplomate a précisé qu’elle s’inscrit dans le cadre des négociations qu’il entreprend avec l’ensemble des parties en présence, et de « l’attachement du souverain saoudien au Liban, à l’unité de son peuple et au dialogue entre toutes les parties ».
Rappelant qu’il ne s’agit pas de sa première visite à Rabieh, il a ajouté qu’ « elle ne sera pas la dernière non plus », avant d’affirmer que M. Aoun « est le bienvenu en Arabie saoudite ».
Des sources proches citées par l’agence al-Markaziya ont toutefois indiqué qu’aucune invitation officielle n’a été adressée au chef du CPL pour se rendre en Arabie saoudite. M. Aoun n’a pas non plus sollicité un rendez-vous, précisent ces sources.
« Notre relation avec le général Aoun ne s’est jamais interrompue depuis que je suis arrivé au Liban. Nous sommes d’accord sur plusieurs orientations majeures concernant le Liban », a-t-il ajouté, soulignant avoir notamment évoqué avec lui l’implication du Hezbollah en Syrie.
À la question de savoir si sa visite au chef du CPL est motivée par la tension qui marque les relations de ce courant avec ses alliés, le diplomate a répondu par la négative, soulignant que « cela n’a rien à voir avec ce qui se passe au Liban sur le plan interne ».
Prié de commenter sa déclaration matinale dans laquelle il critique ouvertement le Hezbollah, M. Aassiri a affirmé avoir évoqué avec le général Aoun « tout ce qui concerne le citoyen libanais ainsi que notre attachement à la paix civile. Nous avons parlé de tout, y compris du Hezbollah ».
Des sources proches de la réunion ont précisé que l’ambassadeur saoudien a expliqué à son interlocuteur la position de son pays concernant l’ingérence du Hezbollah en Syrie, soulignant que l’implication du parti chiite « n’arrange pas les choses ».
Michel Aoun a répondu à ces propos, affirmant que « ce que fait l’autre camp n’arrange pas les choses non plus, à commencer par le phénomène “Assir”, en passant par ce qui se passe au Liban-Nord. Ce qui peut véritablement aider le Liban, c’est le fait que les parties œuvrent dans l’intérêt du Liban en premier », a-t-il dit.
Le chef du CPL a également insisté devant son visiteur sur la nécessité d’encourager le sunnisme modéré au Liban. Ce à quoi l’ambassadeur a répondu en affirmant que son pays est en faveur des sunnites modérés. Les deux hommes ont convenu du fait que les manifestations « takfiries » ne s’inscrivent pas dans la culture et la mentalité libanaises.
De son côté, le député Farid el-Khazen a affirmé que la rencontre entre Michel Aoun et l’ambassadeur saoudien « est venue compléter une série de rencontres qui avaient eu lieu récemment entre les deux parties ». M. Khazen a ajouté que les canaux de communication sont actuellement « ouverts entre le général Aoun et l’Arabie saoudite en ce qui concerne la situation libanaise ».
Le député a précisé que ces rencontres ont commencé il y a plus de deux mois, « avant même le problème de la prorogation (du mandat du Parlement) et des autres dossiers conflictuels ». Et d’insister sur le fait que ces entretiens « n’ont rien à voir avec les divergences de points de vue entre le CPL et le tandem chiite ». En réponse à une question, M. Khazen a précisé que les questions litigieuses avec les alliés du CPL « sont rendues publiques. Il s’agit de divergences et non de tension », a-t-il souligné, ajoutant que « le camp politique adverse n’a pas cessé d’affirmer que le CPL était dépendant de ses alliés et qu’il n’avait pas d’emprise sur ses décisions ».
À la question de savoir si le général Aoun envisage de se rendre bientôt en Arabie saoudite, il a répondu que l’opportunité existe, « mais pas pour l’instant ». « Il ne faut pas s’imaginer qu’il y a un revirement de position à chaque fois que deux responsables décident de s’entretenir », a-t-il conclu, conseillant aux journalistes de ne pas aller trop loin dans les spéculations.
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commentaires (6)
Mr Assiri, à une voyelle près je vous aurai demander de changer de nom, on en a un et çà suffit comme ça ! mais donnez nous une seule raison pour que le hezb résistant doive "reconsidérer sa position ....". Avez vous condamner une fois le massacre des chiites et des chrétiens au M.O ?? juste à cette question , ensuite je vous balancerai les autres. Merci , excellence ( en quoi , en fait ????....)
Jaber Kamel
13 h 16, le 03 juillet 2013