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Liban

Mesure purement protocolaire, le Conseil des ministres fixe les élections... au 16 juin

Le cabinet Mikati, qui avait démissionné le 25 mars dernier après avoir enterré à la majorité la loi de 1960 et le comité de surveillance des élections, est revenu hier à la vie, le temps d’une séance, en prenant exactement le contre-pied de ses actes : aussi a-t-il ressuscité la loi de 1960 dans une ultime tentative de réanimer un processus électoral agonisant et d’éviter le report et la prorogation du mandat de la Chambre ; et, avec, le comité de surveillance des élections ! Qu’à cela ne tienne, les ministres ont accompli hier un devoir purement protocolaire en fixant l’échéance électorale au 16 juin... quand bien même aucun parmi eux ne se fairait d’illusions sur le report du scrutin, à commencer par le ministre Nicolas Fattouche, qui avait lui-même élaboré la semaine dernière un projet de loi revêtu du caractère d’urgence en faveur d’une prorogation du mandat de la Chambre...


Le cabinet Mikati a donc rejoint hier le courant parnassien, faisant « de l’art pour l’art », pour reprendre en substance les propos d’un des ministres, qui a estimé que la formule de la prorogation était déjà toute prête et qu’on ne pouvait plus y échapper.


La réunion a débuté par une intervention du président de la République, qui a renouvelé son appel à la primauté absolue de la loi, rejoint à ce niveau par le Premier ministre sortant Nagib Mikati, lequel n’a pu s’empêcher de remarquer qu’il faisait face à une majorité de ministres qui acceptait aujourd’hui ce qu’elle avait refusé il y a deux mois, poussant M. Mikati à saborder le navire et à le quitter.


Le ministre démissionnaire Gebran Bassil, qui avait lui-même proclamé, le 25 mars dernier, la mort de la loi de 1960 et prononcé l’absoute pour le comité de surveillance des élections, a depuis acquis un sens certain de l’humour : « Le comité est ressuscité », a-t-il lancé à l’adresse des journalistes, sur un ton moqueur.
Le ministre démissionnaire Nicolas Fattouche, qui s’est opposé aux décisions du Conseil des ministres, aux côtés des ministres démissionnaires Vreij Saboungian et Panos Manjian, plus sérieux, a asséné à la ronde à son arrivée : « La prorogation passera, quoi que vous fassiez. »


La séance du Conseil des ministres s’est contentée d’approuver des mesures pratiques d’une échéance électorale fictive qu’il a fixée pour le 16 juin, après que le ministre de l’Intérieur eut indiqué la possibilité technique pour le ministère de tenir les élections à cette date. Le Conseil a également désigné le comité de surveillance des élections sur base d’une proposition du ministre de l’Intérieur, choisissant Nadim Abdel Malak comme président de l’instance et André Sader comme vice-président. Il a également choisi Sélim Esta, parmi trois candidats du barreau de Beyrouth, et Khaldoun Naja, parmi trois candidats du barreau de Tripoli, Othman Majzoub et Ghada Halawi, de six candidats du Conseil national de l’audiovisuel, ainsi que Khalil Hindi, Atallah Ghacham et Simon Haddad parmi neuf experts. Il n’y aura pas de dixième membre.


Le Conseil a par ailleurs approuvé le montant alloué à l’organisation des élections, après avoir approuvé la demande du ministre des Finances de réduire la provision exigée du ministère de l’Intérieur de 27 milliards à 22 milliards de LL.
Le ministre démissionnaire de l’Intérieur a par ailleurs affirmé que le scrutin pour les émigrés aurait lieu les 7 et 9 juin dans trois endroits remplissant les conditions pour la participation au scrutin : Sydney, Melbourne et le Koweït. Mais le ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Adnane Mansour, a estimé que cela était injuste parce que la loi stipule qu’il est nécessaire de mettre en place une urne pour chaque deux cents électeurs, ce qui n’est pas possible à Sydney, Melbourne et au Koweït.


Les plaisanteries vont bon train. Un ministre se demande ainsi, moqueur, à quoi bon nommer un comité de surveillance, dont les membres toucheront chacun 8 millions et demi de LL, et lui louer des locaux, alors que tout le monde sait pertinemment que les élections n’auront pas lieu.
Cérémonie protocolaire en trompe-l’œil plutôt étrange, donc, hier, à Baabda, où les dossiers chauds, en l’occurrence la miniguerre civile de Tripoli et l’engagement du Hezbollah dans la guerre syrienne, eux, n’avait même pas droit de cité – sauf peut-être dans les propos du chef de l’État, qui a dénoncé l’attaque à la roquette contre la banlieue sud et exprimé son soutien total à l’armée pour faire régner l’ordre à Tripoli.

Le cabinet Mikati, qui avait démissionné le 25 mars dernier après avoir enterré à la majorité la loi de 1960 et le comité de surveillance des élections, est revenu hier à la vie, le temps d’une séance, en prenant exactement le contre-pied de ses actes : aussi a-t-il ressuscité la loi de 1960 dans une ultime tentative de réanimer un processus électoral agonisant et d’éviter le...

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