Rechercher
Rechercher

Culture - Bipod 2013

Les racines, pivotantes, d’un hip-hop couleur sépia

« The Roots » ? Une gracieuse fête de hip-hop à la française, signée Kader Attou. Un beau patchwork de musiques et de mouvements, pour aller aux racines de cette danse, dans un spectacle couleur sépia. Nostalgie, nostalgie...

Kader Attou et son gang, dans un spectacle qui extrait les « Roots » du hip-hop.

Lorsqu’une œuvre s’intitule The Roots, il est normal de s’attendre à un peu de poésie.
Kader Attou, chorégraphe, danseur et directeur du Centre chorégraphique de La Rochelle, n’y est pas allé par quatre chemins. Il a mis effectivement une bonne dose de souffle lyrique dans sa création, présentée à Beyrouth dans le cadre de Bipod 2013, en collaboration avec l’Institut français du Liban... Une création teintée de nostalgie, également, avec meubles Art déco, disques vinyles, claquettes, mouvements empruntés au cinéma burlesque, au mime et à Steve Austin (la fameuse course bionique au ralenti) mariés subtilement avec le locking, le popping, le boogaloo, le b boying... Un genre de hip-hop néorétro, s’il l’on veut?
Contrairement à ce que pourrait indiquer le titre, The Roots n’est pas, selon son géniteur, un questionnement identitaire. «Cette création interroge la danse hip-hop, il ne s’agit pas d’un spectacle qui traite des racines identitaires. C’est plutôt une autoévaluation, un bilan de mes vingt ans de danse», précise le chorégraphe. Il y esquisse ainsi une réponse à un questionnement qui le taraude sur la nature de sa danse. Comme une ré-interrogation de la danse hip-hop, dans ses mélanges, ses transformations, ses émotions. Ce «mix and match» qui vient du Bronx et que Attou a voulu saluer en nommant sa pièce en anglais.
The Roots s’attache ainsi aux racines, à l’empreinte que l’on laisse, aux rencontres qui nous façonnent.
Né au beau milieu des années 70 en banlieue lyonnaise, Kader Attou a grandi en regardant l’émission consacrée au hip-hop et présentée par le mythique Sidney. C’est bien Attou (en version jeune) que l’on voit, au début du spectacle, assis sur un canapé en biais, la main sur le front, dans une pose méditative et interrogative. Le jeune homme met en marche un électrophone. La chanson Sidney à la casquette à l’envers (oui, celui de l’émission) s’élève. Huit danseurs en costume s’avancent alors et déroulent des mouvements automatiques, qui se cherchent. Le chorégraphe raconte donc ses débuts dans le hip-hop, comment il a été piqué par cette danse à 10 ans. Et comment, après les arts du cirque, il a formellement intégré le circuit de la danse contemporaine. Les recherches, les inspirations, les mélanges, tout cela est illustré dans The Roots, tableau après tableau, sur des musiques de Brahms, Beethoven, bruitages électro... Avec, cerise sur le gâteau, un hommage au père, tout en pudeur. Une phrase, la seule, lancée vers la fin du spectacle. «Mon père travaillait à l’usine Renault. Il passait ses journées à faire des trois huit. Il rentrait fatigué le soir. Je ne comprenais pas pourquoi. Je pensais qu’il faisait des grands huit dans un parc d’attraction.» Une confession inopinée qui bascule The Roots dans une autre dimension. Celle de l’autobiographie et des racines identitaires, justement. Bien que son auteur s’en défende, a priori.
Si chaque danseur exécute seul ses solos, ce sont les tableaux collectifs qui font la force de l’ensemble. L’union fait donc la force, comme le veut, d’ailleurs, le hip-hop lorsqu’il était uniquement danse de rue, c’est-à-dire avant qu’il n’acquiert ses lettres de noblesses. The Roots extrait donc la racine du hip-hop et... de Kader Attou (qui a tout pour y arriver avec succès) avec des gestes issus de la breakdance, du smurf, de l’electronic boogie et du popping, formant une chorégraphie de danse contemporaine dynamique, élancée, poétique et souple.

 

Pour mémoire

Bipod 2013, une neuvième édition « with a twist of Laymoun »

Lorsqu’une œuvre s’intitule The Roots, il est normal de s’attendre à un peu de poésie. Kader Attou, chorégraphe, danseur et directeur du Centre chorégraphique de La Rochelle, n’y est pas allé par quatre chemins. Il a mis effectivement une bonne dose de souffle lyrique dans sa création, présentée à Beyrouth dans le cadre de Bipod 2013, en collaboration avec...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut