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À La Une - Éclairage

L’heure de la solution n’a pas encore sonné en Syrie...

À la veille de la rencontre de Genève entre l’émissaire onusien Lakhdar Brahimi et des représentants des États-Unis et de la Russie, certains milieux diplomatiques libanais ne croient pas beaucoup à l’imminence d’une solution de la crise en Syrie, pour une raison très simple : le régime, selon ces milieux, est encore trop fort, contrairement à tous les pronostics ; ils considèrent ainsi que le dernier discours du président syrien à l’opéra de Damas a donné des indices clairs à ce sujet. Indépendamment de la mise en scène qui semble sortir d’une autre époque, Bachar el-Assad, selon eux, a parlé en homme encore fort, présentant un plan de sortie de crise et posant des conditions. De tels propos – ni d’ailleurs la mise en scène – n’auraient pas été possibles si l’homme était aux abois et si son armée était sur le point de s’effriter. Au contraire, disent-ils, Bachar el-Assad a choisi le timing de son discours après que son armée eut marqué quelques points sur le terrain, notamment à Damas et autour de son aéroport, à Alep et également autour de son aéroport et même à Homs et Idleb. Il est clair que l’armée du régime est en train d’adopter de nouvelles tactiques avec l’opposition, laquelle malgré les aides considérables dont elle bénéficie ne parvient toujours pas, près de deux ans après le déclenchement des troubles, à remporter des victoires importantes. De plus, ajoutent ces milieux, cette opposition reste divisée malgré les efforts déployés pour l’unifier, mais elle est surtout désormais dominée par les groupes islamistes qui commencent à inquiéter sérieusement les Occidentaux, États-Unis en tête. Ces mêmes milieux diplomatiques libanais précisent à cet égard que si l’idée de départ était de les envoyer des quatre coins du monde en Syrie pour qu’ils tombent en martyrs sur la nouvelle scène du jihad, ce sont eux maintenant qui sont en train de prendre les initiatives...


Cette nouvelle, soulignent-ils, bénéficie au régime syrien qui profite aussi d’une conjoncture arabe en évolution. Après avoir fortement appuyé les rebelles appelant même ouvertement à les doter d’armes sophistiquées, l’Arabie saoudite, selon eux, est en train de nuancer sa position. C’est ainsi que le ministre des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal s’est déclaré, à l’issue d’une réunion avec son homologue égyptien, en faveur d’une solution politique en Syrie, alors que le fils du roi, le prince Abdel Aziz, a rencontré récemment des officiers syriens en Jordanie. Dûment mandatés par le régime, ceux-ci ont réclamé l’arrêt des aides saoudiennes à l’opposition et selon des rapports diplomatiques, ces aides auraient effectivement diminué sans toutefois s’arrêter. Signe d’un changement dans l’approche saoudienne du dossier syrien, le président Assad n’a pas critiqué l’Arabie dans son dernier discours. De même, des réunions ont eu lieu entre des officiers syriens et des officiers du renseignement égyptien, alors que des États comme le Koweit, le sultanat d’Oman et les Émirats se sont récemment prononcés en faveur d’une solution politique en Syrie. D’ailleurs, le royaume hachémite et les Émirats arabes unis craignent de plus en plus la montée en puissance des islamistes et des Frères musulmans en particulier et commencent à les soumettre à de fortes pressions chez eux. Ce qui permet de croire que la situation actuelle du président syrien serait nettement plus confortable qu’il y a quelques mois. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a choisi de prononcer un discours à ce moment précis.


Mais tout cela ne signifie pas pour autant, estiment ces milieux diplomatiques, qu’il va remporter la partie. Au contraire. La communauté occidentale, États-Unis en tête, ne peut en aucun cas accepter de voir Assad gagner le bras de fer engagé avec son opposition. La crise est donc appelée à se prolonger, Américains et Russes se contentant pour l’instant de mettre des garde-fous. À cet égard, la dernière rencontre de Dublin, entre la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton et le ministre russe des affaires étrangères Serguei Lavrov avait abouti à un accord sur deux points : les Russes s’engageaient à ce que les armes chimiques syriennes soient en lieu sûr et les Américains se prononçaient en faveur d’une solution politique au conflit syrien. Sous ce plafond, tous les coups sont encore permis et la rencontre d’aujourd’hui à Genève ne devrait pas enregistrer de sérieuses percées. Le seul élément nouveau a été donné par le président syrien qui a montré, à travers son discours, qu’il n’est pas sur le point de partir. C’est d’ailleurs ce qui a fortement déplu à la communauté internationale qui s’est empressée de rejeter son plan de sortie de crise. Dans ce contexte, une chose est sûre : l’heure de la solution n’a pas encore sonné et au train où vont les choses, elle ne serait peut-être pas au rendez-vous du prochain sommet russo-américain prévu en mars. Les parties libanaises qui continuent à miser sur un règlement rapide de la crise syrienne, dans un sens ou dans l’autre, devraient revoir leurs calculs. D’ici à la date des élections législatives, annoncées pour la première semaine de juin, il se pourrait bien que rien ne change en Syrie... Mais au Liban, par contre, les prochains mois pourraient être l’occasion d’un nouvel afflux de déplacés avec leur cortège de malheurs, de misères et de troubles.

 

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