Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Révolte

Aux quatre coins d’Alep, la guerre totale...

Les rebelles tiennent bon face aux forces acharnées du régime ; la citadelle d’Alep touchée ; plus de 115 morts hier ; la crise humanitaire s’aggrave.

Des combats acharnés se déroulaient hier entre l’armée syrienne et les insurgés à Alep, pour le contrôle de cette ville si stratégique près de la frontière turque.
Dans le détail, les événements se sont juxtaposés aux quatre coins de la ville. D’abord, les autorités ont affirmé avoir repoussé une attaque rebelle contre l’aéroport international d’Alep, théâtre de combats depuis le 20 juillet. Dans un quartier rebelle, Tariq el-Bab, un obus est tombé sur une boulangerie au moment où les gens faisaient la queue devant l’établissement, faisant une dizaine de morts, dont trois enfants. Des accrochages ont eu lieu dans des secteurs du quartier de Salaheddine. Les insurgés avaient effectué la veille un « retrait tactique » de ce quartier face aux bombardements intenses de l’armée, selon un chef rebelle local. Par ailleurs, une manifestation organisée comme tous les vendredis après la prière depuis le début de la révolte a été violemment réprimée dans un quartier bourgeois, Nouvel Alep, sous contrôle de l’armée. Celle-ci a ouvert le feu sur la foule, tuant un étudiant de 19 ans, a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Alors que les positions rebelles sont bombardées par voies terrestre et aérienne, les manifestations se sont déroulées sous un slogan en forme d’appel à la communauté internationale : « Donnez-nous des armes antiaériennes. » Justement, dans le quartier Hanano, quatre bombes larguées par un Mig 21 sont tombées à l’aube dans la cour du QG de l’ASL et sur un immeuble où il y a eu plusieurs blessés, d’après des journalistes de l’AFP.
Par ailleurs, la citadelle d’Alep, joyau de l’architecture militaire islamique du Moyen Âge, a été touchée par un obus tiré par l’armée syrienne, a indiqué hier le Conseil national syrien (CNS) dans un communiqué. Le CNS y exprime « sa colère contre cette agression qui a visé la mémoire et l’histoire du peuple syrien et celle de l’humanité tout entière » et demande une « intervention de l’Unesco pour protéger ce patrimoine ».
D’après des militants, des bombardements ont également ensanglanté Homs, les violences faisant au total plus de 115 morts à travers le pays. Et près de Damas, trois journalistes syriens travaillant pour une chaîne d’État syrienne ont été capturés par les rebelles alors qu’ils accompagnaient l’armée dans une opération, selon l’OSDH.

HRW et CICR
Au niveau humanitaire, Human Rights Watch a appelé hier les belligérants à « respecter les lois de guerre » en ne visant pas les civils et en ne menant pas d’attaques sans discrimination. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est aussi alarmé de la situation humanitaire à Alep. « Des milliers de personnes ont quitté leur domicile et commencent à se réfugier dans des bâtiments publics, désormais utilisés comme abris temporaires », a indiqué Marianne Gasser, chef de la délégation du CICR en Syrie, ajoutant que plus de 80 écoles accueillaient des déplacés. Le CICR se dit d’autant plus inquiet que « le Croissant-Rouge syrien a dû suspendre la plupart de ses activités en raison du danger extrême sur le terrain ». Selon le CICR, « des dizaines de bénévoles » continuent cependant de travailler sur le terrain et de livrer de la nourriture.

Diplomatie stérile
Sur le plan diplomatique, Lakhdar Brahimi, un diplomate algérien de 78 ans rompu aux missions délicates, était pressenti à New York pour remplacer Kofi Annan comme envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, malgré les divergences persistantes sur ce dossier au sein du Conseil de sécurité ayant conduit M. Annan à jeter l’éponge la semaine dernière. Il a appelé « le Conseil de sécurité de l’ONU et les États de la région à s’unir pour permettre une transition politique dès que possible », dans un communiqué commun avec le groupe des « Anciens » qui réunit des personnalités œuvrant au règlement des conflits dans le monde.
Pendant ce temps, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a quitté hier soir le Bénin pour se rendre en Turquie où elle doit avoir des entretiens consacrés à la crise syrienne.
La Maison-Blanche a pour sa part annoncé des sanctions contre une compagnie pétrolière syrienne d’État, Sytrol, en raison de ses relations commerciales avec l’Iran, l’allié de Damas qui est lui-même sous le coup de sanctions occidentales pour son programme nucléaire controversé.
Concernant la réunion qui s’est tenue à Téhéran sur la Syrie, elle pourrait déboucher sur une « solution équilibrée » au conflit qui secoue le pays, a estimé hier le quotidien gouvernemental syrien Techrine. Selon le quotidien, la réunion à laquelle ont participé des représentants de 29 pays a été marquée par « deux caractéristiques : un souci réel pour la Syrie et son peuple et la recherche d’une solution objective et logique bannissant l’ingérence dans ses affaires intérieures ». L’Iran a rappelons-le accueilli jeudi une conférence, à laquelle ont notamment participé des représentants de la Russie et la Chine, deux autres soutiens du régime syrien, qui a appelé à l’ouverture d’un « dialogue national » entre l’opposition et le gouvernement syrien.
L’ambassadrice américaine à l’ONU Susan Rice a en contrepartie dénoncé le « rôle malfaisant » de l’Iran dans la crise syrienne, en référence à la conférence de Téhéran.
En France, le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé a dénoncé « l’inertie de la diplomatie française » sur le dossier syrien et demande au président François Hollande d’interrompre ses vacances pour prendre « une initiative diplomatique », dans un entretien au Figaro d’hier. La France a envoyé jeudi un groupement médico-chirurgical militaire à destination de la Jordanie pour venir en aide aux réfugiés syriens, une initiative « qui ne peut tenir lieu d’action diplomatique forte » pour l’UMP.
François Fillon a renchéri en estimant que François Hollande doit « se rendre à Moscou » pour tenter de convaincre le président russe Vladimir Poutine de lâcher le régime de Bachar el-Assad et trouver une solution à la crise en Syrie, dans une interview à paraître aujourd’hui dans Ouest-France.

L’imam de La Mecque
De l’autre côté de l’Atlantique, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a annoncé hier l’intensification des contacts de diplomates de son pays avec les rebelles syriens, à qui le Royaume-Uni va fournir une aide supplémentaire de 6,3 millions d’euros, à l’exclusion d’armes.
En attendant, les critiques continuaient hier de pleuvoir sur le régime syrien et ses alliés. L’imam de La Mecque, premier lieu saint de l’islam, a ainsi exhorté les participants au sommet islamique, prévu mardi dans la ville sainte, à faire preuve de fermeté à l’égard du régime en Syrie, qu’il accuse de « génocide ». Les représentants d’organisations de musulmans, de mosquées et centres islamiques ont également condamné la répression en Syrie et appelé à la collecte de fonds en faveur des civils victimes du conflit, hier à Falls Church en Virginie, près de Washington.
Enfin, la situation en Syrie figurera au menu du troisième sommet Amérique du Sud-pays arabes (ASPA) qui se déroulera à Lima les 1er et 2 octobre, a annoncé hier le vice-ministre des Affaires étrangères du Pérou José Beraun Aranibar.

(Sources : agences et rédaction)
Des combats acharnés se déroulaient hier entre l’armée syrienne et les insurgés à Alep, pour le contrôle de cette ville si stratégique près de la frontière turque. Dans le détail, les événements se sont juxtaposés aux quatre coins de la ville. D’abord, les autorités ont affirmé avoir repoussé une attaque rebelle contre l’aéroport international d’Alep, théâtre de combats...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut