Rechercher
Rechercher

Liban

Le Nord ouvert à tous les vents...

Le rectificatif du sénateur américain John McCaine sur ses propos appelant à la création d’une zone sûre pour l’opposition syrienne au Liban, dans lequel il a précisé qu’il pensait surtout à la Jordanie et à la Turquie, n’a visiblement pas convaincu les groupes islamistes du Nord. Des sources diplomatiques précisent d’ailleurs que les propos de M. McCaine ont surtout dérangé l’ambassadrice qui a insisté pour qu’ils soient nuancés...


Toujours est-il que prenant prétexte de la décision de la justice militaire de relâcher les officiers arrêtés après la mort de cheikh Abdel Wahed à un barrage de l’armée, les groupes islamistes ont aussitôt procédé à la fermeture des routes de la région, isolant pratiquement le Akkar du reste du Liban. Pour certains observateurs, il pourrait s’agir en quelque sorte d’un test en prélude au fameux jour J qui permettra aux groupes islamistes alliés de l’opposition syrienne de mettre quasiment la main sur le nord du pays, et de mener à partir de la frontière nord du Liban une attaque contre les forces encore loyales au régime syrien. Ces observateurs affirment en outre que l’État est de moins en moins présent dans cette région qui est désormais presque entièrement livrée à des groupes jusque-là inconnus des habitants. Pour d’autres, ce scénario est tiré par les cheveux, l’idée de « la zone sûre » ayant été abandonnée par l’administration américaine, la secrétaire d’État US l’ayant elle-même affirmé au Premier ministre, au cours de leur dernier entretien téléphonique, en encourageant l’armée libanaise à se déployer aux frontières du Liban. De même, la déclaration de Baabda qui est le fruit des consultations du chef de l’État avec les pays du Golfe a carrément mentionné le refus de la création d‘une zone tampon au Liban. Par conséquent, la fermeture des routes du Akkar ne serait qu’une réaction violente à une décision judiciaire jugée injuste, et il ne faudrait pas lui donner une portée démesurée.


Ce qui est sûr en tout cas, c’est que la situation au Akkar est particulièrement complexe, et depuis la mort de cheikh Abdel Wahed et la remise en liberté par le juge d’instruction de Chadi Maoulawi, l’image de l’État y est de plus en plus ternie. D’abord, le bataillon héliporté de l’armée libanaise qui était déployé dans la région au moment du drame de Koueykhate (le village où se trouvait cheikh Abdel Wahed) a été contraint de se retirer au profit d’un autre considéré comme plus « neutre » par les groupes qui tiennent la région. Mais cela n’a visiblement pas suffi, car des habitants du Akkar rapportent que dans certains villages, les soldats libanais ne peuvent plus circuler en uniforme et se déplacent désormais en civil. Ils ont encore des positions notamment dans les environs des villages de Andkit et Chadra, mais ils ont de moins en moins de barrages et se font aussi discrets que possible. Ce climat crée d’ailleurs un grand malaise dans la région, notamment dans certaines localités comme Kobeyate, qui est considérée comme l’un « des réservoirs » de l’armée. À ce sujet, des spécialistes de la région précisent que la masse salariale versée par l’armée à Wadi Khaled (qui compte 22 villages et quelques 33 000 habitants) s’élève à 400 millions de LL par mois, alors qu’elle est de 1,3 milliard de LL par mois à Kobeyate seulement. Ce qui montre bien le grand nombre de recrues et de retraités de l’armée dans cette bourgade. Pour de nombreux habitants du Akkar, l’armée reste donc une garantie de stabilité et sa présence est non seulement acceptée mais requise. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains députés du bloc du Futur originaires de la région s’étaient rendus récemment chez le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, pour l’assurer du soutien de la population et de sa volonté de voir l’armée renforcer sa présence le long de la frontière avec la Syrie. Toutefois, cette initiative n’a pas été du goût d’autres députés du Nord eux aussi membres du bloc du Futur et, selon certaines informations, il y aurait eu des échanges un peu vifs entre eux au cours de la dernière réunion du bloc.


La situation reste donc assez confuse et dans certains milieux, la mobilisation contre l’armée reste vive. En principe, la suite des événements devrait dépendre de la décision du gouvernement au sujet de la possibilité de déférer l’enquête sur la mort de cheikh Abdel Wahed et de son compagnon devant la cour de justice. Mais les habitants estiment, eux, que la situation est beaucoup plus liée aux développements en Syrie qu’à des considérations internes. Si l’opposition commence à perdre du terrain en Syrie, elle voudra forcément renforcer sa présence au Nord pour venir en aide à ses combattants à Homs et ses environs, très proches du Akkar, d’autant que la situation semble bouchée à la frontière turque et à la frontière jordanienne, ces deux pays étant soucieux d’éviter une contagion syrienne chez eux. Au Liban, le laxisme de l’État et de ses institutions ainsi que l’absence de couverture politique claire accordée à l’armée favorisent le renforcement de groupes alliés à l’opposition syrienne. Dans ce contexte, l’administration américaine a beau affirmer qu’elle appuie le déploiement de l’armée libanaise le long des frontières avec la Syrie, tant que l’argent continuera à affluer aux groupes islamistes et que l’État libanais ne se décidera pas à imposer son autorité, le Nord restera ouvert à tous les (mauvais) vents, sur fond de tensions confessionnelles.

Le rectificatif du sénateur américain John McCaine sur ses propos appelant à la création d’une zone sûre pour l’opposition syrienne au Liban, dans lequel il a précisé qu’il pensait surtout à la Jordanie et à la Turquie, n’a visiblement pas convaincu les groupes islamistes du Nord. Des sources diplomatiques précisent d’ailleurs que les propos de M. McCaine ont...

commentaires (4)

Prière lire, dans mon commentaire : dans " ces " disparités, car le " ses " change complètement le sens. Merci.

SAKR LEBNAN

13 h 26, le 10 juillet 2012

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Prière lire, dans mon commentaire : dans " ces " disparités, car le " ses " change complètement le sens. Merci.

    SAKR LEBNAN

    13 h 26, le 10 juillet 2012

  • Très Chère Madame Scarlett Haddad, je vous félicite pour votre article objectif car il dit les pour et les contre. Je tiens seulement à attirer votre attention que : Une illégalité entraîne une autre ! Des abus entraînent d'autres abus ! Une mainmise entraîne une autre mainmise ! Et, bien sûr, les intérêts internationaux, tout comme régionaux, dans ses disparités, y trouvent leur PAIN QUOTIDIEN ! Ils y puisent à satiété...

    SAKR LEBNAN

    07 h 05, le 10 juillet 2012

  • Cher Scarlett, votre article fait mouche. Mais je voudrais pouvoir savoir comment se fait il que les régimes Iraniens et Syriens veulent arrêter le plan Americano-sionisto ... au Liban, ceux la même, qui sont leurs sbires localement et au pouvoir, ne prennent pas la résolution de mettre fin a ce qui se passe au Nord? Le chaos ne leur convient il pas aussi par hasard? Surtout au Hezbollah qui, a travers tout ce qui se passe, en profite pour installer de plus en plus son petit état Fakihiste qu'il impose a pas de tortue au restant du peuple? Petites guerres a droite a gauche, attentats et meurtre non résolus, et si fait, les criminels se terre dans la banlieue devenue cours des miracles, tentatives d'assassinats a la James bond, vols, recels, destruction de propriétés, disputes de gang, tout cela provoquant une situation économique et sécuritaire désastreuse poussant les autres composantes a fuir le pays alors que leurs adeptes sont renvoyés vers le Liban?

    Pierre Hadjigeorgiou

    07 h 01, le 10 juillet 2012

  • Une vérité dans cet article...la présence de l'Armée est non seulement acceptée,elle est requise...L'armée en a marre,en fait..elle est mise à toutes les sauces...l'article de Scarlett ignore comme d'habitude les humilations subies par l'Armée de "l'autre côté" aussi...par contre,Scarlett a raison de dire,si l'opposition commence à perdre du terrain en Syrie...parcequ'entre les lignes,elle ppinte une issue possible au conflit civil et étranger syrien...la possibilité d'une île,non je rigole,la possibilité d'une solution ni ni...la création d'abcès de fixation qui feraient perdurer le conflit syrien pendant des lustres...une horreur pour le Liban,en fait...mais qu'en pense Scarlett pour le Liban???parcequ'en fait,c'est notre seul sujet d'intêret...Et le Liban dans tout çà,Scarlett?

    GEDEON Christian

    06 h 02, le 10 juillet 2012

Retour en haut