Avec la prolifération des armes, la protection occulte dont bénéficie le Hezbollah et ses partisans, le laxisme des forces armées et la corruption, certaines situations au Liban dépassent la fiction et semblent appartenir à un mauvais remake des films du Far West américain.
Selon des sources concordantes, un homme appelé Mohammad Ali Khatoun, courtier de son état, offrant ses services aux usagers du bureau du service mécanique à Hadeth, a voulu effectuer les formalités d’un véhicule sans pour autant que l’automobile passe les tests de rigueur ; mais un employé a refusé de se plier à ses désiderata. Khatoun a quitté les lieux, après avoir donné quatre coups de poignards à l’employé récalcitrant. Quelque temps après, alors que les locaux grouillaient de monde, il est revenu avec des membres du clan Mokdad, originaires de la Békaa, munis d’armes, de poignards et – nouvelle mode – de battes de base-ball. Certains d’entres eux ont tiré en l’air. D’autres ont menacé les employés en brandissant battes et couteaux, alors que des dizaines d’hommes à mobylette encerclaient l’endroit, bloquant tout le monde à l’intérieur des locaux.
Cette agression a fait neuf blessés parmi les employés du service de la mécanique. Ils n’ont pas été évacués toute de suite vers les hôpitaux ; les membres du clan Mokdad ainsi que des dizaines de courtiers les ont enfermés dans les bureaux complètement encerclés par la horde des attaquants armés.
Interrogés par la presse, les usagers présents – ceux qui effectuent eux-mêmes les formalités administratives – ainsi que les employés ont dénoncé les courtiers qui viennent tous les matins par dizaines proposer leurs services. Pour 50 dollars versés par l’intéressé, et grâce à l’intimidation permanente, ils font la loi, faisant passer « virtuellement » les tests de la mécanique aux véhicules-« clients », même s’ils n’obéissent pas aux normes en vigueur.
Menaces, corruption et chantage...
Les employés du service de la mécanique à Hadeth, qui sont responsables de cette procédure, appartiennent en fait à une entreprise privée qui sous-traite le travail pour le compte de l’État libanais, spécifiquement le ministère de l’Intérieur. Hier, ces employés étaient en état de choc. Chacun d’entre eux avait une histoire à raconter. Ils ont parlé de corruption, de chantage, de travail effectué sous la menace physique, les courtiers les suivant jusqu’à chez eux ou pointant des armes contre eux. Tous ont convenu que des incidents similaires se sont déjà produits au service de Hadeth. Ils ont appelé à la protection de l’armée libanaise, la gendarmerie ne faisant pas l’affaire.
De son côté, le directeur du service de la mécanique, Walid Sleiman, a indiqué que tous les incidents qui ont lieu au service duquel il est responsable sont dus aux courtiers qui menacent les employés et s’en prennent aux clients.
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a commenté l’incident, soulignant que l’entreprise chargée des tests à Hadeth s’était adressée à lui le mois dernier l’appelant à agir pour protéger les lieux. Or, comme c’est une entreprise privée, a-t-il dit, elle ne peut pas solliciter la protection de l’armée ou des FSI, et cela même si elle sous-traite sous le compte de l’État. Mais il semble qu’après l’incident d’hier, le ministre a jugé bon d’envoyer un officier et 20 gendarmes, pour protéger clients et employés...
Commentant l’incident, le député Samy Gemayel a déclaré : « Nous sommes déjà habitués à l’idée qu’il existe au Liban des citoyens de première et d’autres de deuxième catégorie. Les membres du Hezbollah sont des citoyens de première zone, leurs voitures aussi. On savait aussi qu’il y avait les personnes les plus honorables (Achraf el-Nass), leurs voitures sont donc les plus honorables. »
De son côté, le député Hezbollah Ali Ammar a dénoncé l’incident appelant les autorités concernées à faire respecter la loi.
commentaires (20)
Issal Saleh, votre réflexion "Beyrouth n'est pas TelAviv," a déclenché en moi le souvenir d'une chanson de Reggiani, vous deviez être bien jeune à l'époque, celle où il dit " Venise n'est pas en Italie, Venise c'est chez n'importe qui, faites lui l'amour dans un grenier et on s'en fout des gondoliers...".
Jaber Kamel
05 h 34, le 08 octobre 2011