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Liban

Le calvaire des malgaches au Liban

Sur une première photo, une lycéenne de 19 ans, le regard sage et sérieux. Sur une deuxième photo, le même visage, méconnaissable, couvert d'hématomes et de brûlures. Saya, une jeune Malgache, est morte en juin 2009 au Liban où elle était partie travailler comme domestique, rapporte l'AFP dans un reportage.
« On nous a dit que c'était un suicide, qu'elle était tombée du sixième étage de l'immeuble. On ne peut pas croire à cette version », raconte Élisa, la tante de Saya, un cliché dans chaque main. En un an, 17 corps de femmes malgaches ont été rapatriés du Liban, selon le Syndicat des travailleurs diplômés en travail social (SPDTS), ONG qui assiste à Antananarivo les victimes et leurs familles. Toutes avaient signé un contrat de trois ans pour travailler comme employée de maison pour 150 dollars par mois. L'État malgache recense plus de 6 000 travailleuses expatriées au pays du Cèdre.
Élisa glisse les photos de Saya dans une pochette. Aujourd'hui, il y a plus urgent : sa sœur cadette est encore au Liban et se plaint d'être maltraitée par ses patrons. La jeune femme est donc venue chercher de l'aide auprès du SPDTS. C'est là, dans une villa située en périphérie de la capitale malgache, que chaque semaine, des dizaines de femmes racontent leur calvaire libanais. « Les filles qui arrivent nous signalent différentes formes d'exploitation : les durées de travail ne sont pas respectées, elles ne perçoivent pas leurs salaires, et certaines sont obligées de se prostituer », explique Norotiana Jeannoda, présidente du SPDTS.
En 2010, l'ONG a compté plus de 500 travailleuses rentrées à Madagascar avant la fin de leur contrat. « Certaines filles arrivent et ne savent même plus qui elles sont ni où elles habitent. Elles sont choquées ou droguées. On les emmène alors à l'hôpital psychiatrique », ajoute Mme Jeannoda.
Officiellement, les autorités malgaches ne délivrent plus d'autorisation de travail pour le Liban depuis novembre 2009. Mais selon les travailleurs sociaux, des jeunes femmes malgaches continuent de partir, recrutées par des agences agissant illégalement avec la complicité de fonctionnaires corrompus, et transitent par d'autres destinations comme l'île Maurice ou les Seychelles. « Il existe un réseau, il faut le casser, mais c'est difficile », confie Jaona Andriamboahangy Ramandasoa, directeur général de la protection sociale, de la famille et de l'enfance au ministère de la Population.
Fin janvier, le gouvernement a annoncé qu'un avion serait prochainement affrété pour rapatrier les travailleuses qui le souhaitent. « On a l'intention de faire revenir environ 78 femmes du Liban. Nous avons reçu plus de 1 000 demandes de la part des familles. Mais toutes ces filles ne veulent pas forcément rentrer, il faudra faire un tri », explique M. Ramandasoa.
Depuis cette annonce, les familles affluent au SPDTS pour déposer des demandes de rapatriement. Le gouvernement compte aussi revoir la liste des recruteurs agréés. « On va voir quelles agences ont failli à leurs devoirs », assure Marguerite Aurette Razanazafy, haut fonctionnaire au sein du ministère de la Fonction publique et du Travail. Les agences de placement, souvent pointées du doigt, affirment se réjouir de cette initiative. « Nous ne sommes pas irréprochables. Il faut donc remettre les choses à plat », admet Joëlle Ravelonjatovo, du syndicat des bureaux de placement à Madagascar.
Sur une première photo, une lycéenne de 19 ans, le regard sage et sérieux. Sur une deuxième photo, le même visage, méconnaissable, couvert d'hématomes et de brûlures. Saya, une jeune Malgache, est morte en juin 2009 au Liban où elle était partie travailler comme domestique, rapporte l'AFP dans un reportage.« On nous a dit que c'était un suicide, qu'elle était tombée du...

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