Aujourd'hui, ce sera donc le tour des grands blocs parlementaires de s'entretenir avec le Premier ministre désigné pour lui transmettre leurs revendications. D'après ses sources, Mikati souhaiterait concentrer les entretiens qu'il aura avec les députés autour de deux questions : quel gouvernement souhaiteraient-ils et comment conçoivent-ils leur participation ?
Selon un député membre du bloc du Courant du futur, celui-ci songe à poser des conditions à son éventuelle participation au prochain gouvernement. Il pourrait ainsi exiger une représentation proportionnelle à son poids au Parlement. Ce qui serait plutôt difficile à satisfaire, au moins sur le plan de la communauté sunnite. Dans le gouvernement Hariri, c'est le Premier ministre qui avait choisi les ministres sunnites et il n'avait accepté qu'après de longues négociations de laisser le président Sleiman choisir un ministre sunnite, Adnane Kassar (compté dans la part du président, mais « agréé » par le PM). Cette fois, Nagib Mikati est Premier ministre et il souhaiterait avoir à ses côtés soit son allié Mohammad Safadi, soit une des personnalités de Tripoli, peut-être même le fils de Omar Karamé, Fayçal. Tout dépendra bien sûr de la taille du gouvernement. La seconde condition que pourrait réclamer le Courant du futur consisterait dans un engagement officiel et solennel du Premier ministre à respecter le TSL et son action. Mais là, le Premier ministre désigné a une réponse déjà préparée qui se résume à dire : « Je suis président du Conseil des ministres et c'est ce Conseil qui décide, pas moi. »
L'élément positif dans tout cela, c'est que l'idée de négocier avec le Premier ministre désigné d'une éventuelle participation au gouvernement n'est pas rejetée. En principe donc, tous les blocs parlementaires devraient participer à ces consultations, qui permettront de clarifier les positions. Le 14 Mars cherchera, à travers ces consultations, à savoir dans quelle mesure Nagib Mikati s'est engagé auprès du Hezbollah et du 8 Mars au sujet du TSL et s'il y a moyen de le faire renoncer à ses engagements, s'ils existent. Le Hezbollah, lui, ne veut pas participer directement au gouvernement, préférant laisser ses « alliés » et ses « amis » en première ligne. L'agence al-Markaziya a ainsi rapporté hier que le Hezbollah compte proposer les noms de Adnane Sayyed Hussein, Rafic Nasrallah et Samar el-Hajj comme candidats potentiels, mais aucune confirmation officielle n'a pu être obtenue. Certaines informations évoquent aussi le nom du député Nicolas Fattouche, comme ministrable potentiel. Mais ce ne sont encore que de vagues rumeurs. Ce que l'on sait jusqu'à présent, c'est que le Premier ministre Mikati souhaite former son gouvernement au plus tôt (on parle déjà de la semaine prochaine) et il préférerait qu'il soit composé de figures non partisanes, tout en laissant aux différentes parties le soin de choisir leurs représentants.
Si la classe politique est désormais occupée par les pronostics sur le prochain gouvernement, la mobilisation sur le terrain populaire se poursuit puisque le 14 Mars a appelé ses partisans à se rassembler tous les soirs à 18 heures sur la tombe de Rafic Hariri en préparation du grand rassemblement qui devrait se tenir le 14 février, pour la sixième commémoration de son assassinat.
Sur le plan diplomatique, la communauté internationale a continué hier à appeler au dialogue, tout en réservant son opinion définitive en attendant la formation du gouvernement. Une rencontre importante est toutefois prévue à Paris où doit se rendre le secrétaire d'État adjoint américain Jeffrey Feltman après sa visite à Tunis. Feltman, qui est accusé par le 8 Mars de jouer un rôle « négatif » sur la scène libanaise, devrait discuter du dossier libanais avec les responsables français. Au cœur des entretiens : le changement politique qui s'est produit au Liban et, bien sûr, le TSL...
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