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Liban - Livres

Internet et numérique : quel avenir pour l’éditeur ?

Philippine DE CLERMONT TONNERE

Xavier de Bartillat, directeur des éditions Perrin, et le père Sélim Abou, ancien recteur de l’Université Saint-Joseph. Photo Michel Sayegh

  Invité à l'USJ par le père Sélim Abou, Xavier de Bartillat, directeur des éditions Perrin, expose la situation de l'édition en France.

Comment penser la reconversion du livre à l'heure des nouvelles technologies ? Tel était le thème du débat qui s'est tenu à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth. Maître des éditions Perrin, l'éditeur français Xavier de Bartillat a animé cette discussion aux côtés du père Sélim Abou, ancien recteur de l'université, en compagnie de plusieurs éditeurs et libraires libanais. Âgé de 55 ans, M. de Bartillat est une figure phare du paysage éditorial français. Ancien directeur général des éditions Plon, il est aujourd'hui à la tête de la maison Perrin devenue, sous sa houlette, le premier éditeur sur le marché des livres d'histoire dans l'Hexagone.
« À l'heure actuelle en France, la vente en ligne représente 7 à 8 % du marché et croît de 30 % par an. Chez Perrin, nous diffusons 9 % de nos volumes sur Internet, essentiellement sur les sites fnac.com et Amazon », explique l'éditeur. Devant ce constat, Xavier de Bartillat s'interroge : « Le format des maisons risque d'être bouleversé par le phénomène numérique. La question est de savoir quelle sera la nature de ce bouleversement. Les éditeurs craignent que leurs recettes ne chutent du tiers, voire de la moitié. » Une éventualité inquiétante certes, mais qui pourrait, contre toute attente, ouvrir des perspectives intéressantes aux maisons d'édition. « En même temps, nuance M. de Bartillat, ces nouveaux modes de publication nous permettent d'accéder au lecteur de façon beaucoup plus directe. » Avec le commerce en ligne, nombre d'éditeurs pensent en effet à développer un système de lecture communautaire dont ils pourraient tirer de nouveaux bénéfices. Lesquels viendraient ainsi combler les pertes issues des baisses de la vente en librairie. « On peut imaginer créer une démarche fédérative autour des ouvrages vendus ou téléchargés sur Internet, qui consisterait à rassembler les gens, à communiquer davantage avec nos lecteurs. De cette approche pourrait naître une nouvelle activité commerciale. »
Dans ce contexte, le libraire reste sans doute le maillon le plus menacé de la chaîne du livre. Pour Xavier de Bartillat, sa survie dépend de sa capacité d'adaptation : « Le tout est de repenser les modes de diffusion. Les possibilités de reconversion restent ouvertes. Il va falloir se recentrer sur la capacité de prescription, de conseil, de filtrage. »

Un marché encore incertain
Cette année au Salon du livre à Paris, tous les regards étaient tournés vers le lecteur numérique ; Ebook, tablette dédiée aux livres ou hybride type iPad d'Apple : la vague de nouveaux supports de lecture tend à concurrencer l'édition papier. Tout comme la multiplication des bibliothèques en ligne, qui proposent de télécharger les livres, parfois gratuitement. Parmi elles, le géant Google Books a déjà recensé en 2009 plus de 10 millions d'ouvrages scannés. Dans ce paysage en pleine recomposition, certains vont même jusqu'à se demander si l'industrie du livre n'est pas vouée à devenir le monopole de groupes mondiaux.
Toutefois, ce marché n'en est encore qu'à ses balbutiements. En France, seul un tiers des lecteurs se dit prêt à sauter un jour le pas du livre numérique, à condition que le confort de lecture s'améliore et qu'il soit nettement moins cher que sa version papier. Selon une étude du Centre national du livre (CNL), le public actuel de ce type d'ouvrages serait encore très réduit et concernerait seulement 5 % de la population française. Il s'agirait principalement de jeunes épris de nouvelles technologies, privilégiant des contenus récents, professionnels ou pratiques. Cependant, il y a de grandes chances pour que ce chiffre s'accroisse rapidement. Ainsi le CNL indique que les femmes, très grandes lectrices, pourraient être séduites par ces nouveaux supports.
Beaucoup de questions restent donc encore ouvertes. Pour Xavier de Bartillat, « on n'a encore qu'une maîtrise très aléatoire du numérique, car l'innovation technologique ne cesse d'avancer. Ce sera aussi au lecteur de choisir ce qu'il veut. L'avenir du livre est aussi entre ses mains ».
  Invité à l'USJ par le père Sélim Abou, Xavier de Bartillat, directeur des éditions Perrin, expose la situation de l'édition en France.Comment penser la reconversion du livre à l'heure des nouvelles technologies ? Tel était le thème du débat qui s'est tenu à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth....

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