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Liban - Éclairage

Un chapelet d’explosions pour mieux enterrer la 1559

Une explosion meurtrière à Bourj Barajneh, une autre dans le camp palestinien de Mieh-Mieh, la découverte d'une cache d'explosifs à proximité du camp de Khiam... Cela au moment même où le Hezbollah, et d'autres fractions opposantes avancent, sans rire, que la 1559 est maintenant complètement exécutée et n'a donc plus lieu d'être, le Liban devant en réclamer l'abolition. En écho à une demande de Damas pour que les délégués libanais et syrien à l'ONU œuvrent de concert dans ce sens. La Syrie rappelle qu'en devenant membre non permanent du Conseil de sécurité, le Liban doit défendre les positions du monde arabe, dont les siennes propres. Elle fait valoir également que le budget de l'émissaire du secrétaire général de l'ONU pour le suivi de la 1559, Terry Roed-Larsen, chargé de remettre un rapport à ce sujet tous les six mois, vient d'être substantiellement réduit.
Que s'est-il passé dans la banlieue sud ? Une voiture du Hamas a sauté dans un parking attenant au siège du mouvement palestinien, situé dans l'immeuble de la Banque du Koweït et du monde arabe. Les miliciens du Hezbollah ont aussitôt entouré le site d'un cordon de sécurité infranchissable, même et surtout, pour la police ou la justice. C'est que l'explosion s'est produite à la veille de la commémoration de la Achoura, le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, devant s'adresser à cette occasion aux foules sur écran géant comme à son habitude. En tout cas, sur le site, les rubans jaunes n'ont été levés et les enquêteurs autorisés que vingt heures après la déflagration. Auparavant, deux camions et un pick-up recouverts de bâches étaient retirés du parking, sans que l'on n'ait pu savoir s'il y avait des personnes à leur bord. Tout comme il n'a pas été possible de préciser de suite si l'explosion, qui a fait des morts, était accidentelle, survenant lors du montage ou du démontage d'une charge ou criminelle, par voiture piégée, le timing coïncidant avec des indications sur une prochaine visite à Beyrouth de Khaled Mechaal, chef politique du Hamas basé à Damas, visite naturellement reportée sine die.
Quoi qu'il en soit, le Hezbollah qui a fait mine il y a quelque temps d'ouvrir la banlieue sud à l'État a vite repris ses cartes. En interdisant aux services officiels l'accès immédiat à une scène de violence, sinon de crime, il a montré qu'il tient à garder son territoire, son État dans l'État. Du même coup, il se contredit définitivement. Car auparavant, il affirmait que c'est l'État lui-même qui refusait d'assumer ses responsabilités dans la banlieue sud, en la privant de toute prestation.
Bien évidemment, les traces et autres indices ont été effacés à Bourj Brajneh, et l'on en sait très peu sur les circonstances de l'explosion. Par contre, à Mieh-Mieh, l'attentat a visé un responsable du Fateh, le commandant Fathi Zeidan.
À Khiam, les Casques bleus espagnols ont saisi, et remis à l'armée libanaise, une quantité d'explosifs. Ils ont pu voir cinq éléments, également porteurs d'explosifs, prendre la fuite. Une série de troubles s'est en outre produite, ces derniers temps, à Beyrouth, à Tripoli et dans la Békaa, du fait que les armes restent excessivement répandues au sein de la population, plus particulièrement aux mains de groupes ou de cellules d'activistes connus. Or les autorités n'interviennent pas pour les désarmer.
Retour à la 1559. Les incidents des derniers jours montrent à la fois qu'elle est encore loin d'avoir été exécutée, et que son existence reste toute symbolique. Tout comme la 1701 dont elle constitue la matrice. La légalité internationale attend du gouvernement libanais, dit d'union, qu'il fasse appliquer ces résolutions, pour la part qui lui revient en propre. Ce qui impliquerait la dissolution des milices libanaises et non libanaises, ainsi que le désarmement des groupes divers, voire des individualités.
Accédant au Conseil de sécurité, le Liban n'a pas intérêt à contrer la communauté internationale. C'est ce que relève l'ancien ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz, qui rappelle qu'une résolution onusienne ne peut être abolie que par son auteur, le Conseil de sécurité. En soulignant dès lors qu'affirmer, comme le font les prosyriens, que la 1559 est caduque, n'est qu'une hérésie juridique. De plus, si le Liban se risque à renier la 1559, Israël se trouverait autorisé à en faire autant pour les résolutions internationales rendues contre lui, dont les 181, 194, 425 et 1701.
Une explosion meurtrière à Bourj Barajneh, une autre dans le camp palestinien de Mieh-Mieh, la découverte d'une cache d'explosifs à proximité du camp de Khiam... Cela au moment même où le Hezbollah, et d'autres fractions opposantes avancent, sans rire, que la 1559 est maintenant complètement exécutée et n'a donc...

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