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Économie - Investissements

L’appétit retrouvé des entreprises françaises en Turquie

L’orage a fait quelques dégâts, comme à chaque fois. Mais un an après le coup de tabac qui a secoué les relations entre Paris et Ankara, les entreprises françaises sont reparties de plus belle à l’assaut du juteux marché turc, avec l’ambition d’y renforcer leurs positions.


C’était l’hiver dernier. Un temps où, comme s’en amuse aujourd’hui un patron français en Turquie, « il valait mieux garder son drapeau dans sa poche ». Piquées au vif par le vote d’une loi réprimant la négation du génocide arménien de 1915, les autorités turques décidaient de mettre la France à l’index.


Pendant trois mois, les contacts diplomatiques sont gelés, la coopération militaire suspendue et la guerre des mots fait rage. Jusqu’à la décision, en mars, du Conseil constitutionnel français d’annuler le texte incriminé, qui ramène le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan à de meilleurs sentiments à l’endroit de Paris.


Rompues aux poussées de fièvre qui agitent régulièrement la vie du couple franco-turc, les entreprises tricolores ont fait le gros dos.


« Nous ne l’avons pas ressenti, parce que nous ne sommes pas sur les marchés publics, assure Élisabeth Gehringer, la directrice générale adjointe de l’assureur Groupama en Turquie. Les Turcs savent parfaitement faire la différence entre le “business” et la politique. »
Certains y ont toutefois laissé des plumes. « Nous avons perdu deux marchés importants pendant la période, déplore le représentant d’un grand groupe. Nos contacts nous ont confirmé avoir reçu pour instruction de leur gouvernement de ne plus travailler avec des Français... »


Les Turcs nient aujourd’hui avoir donné la moindre consigne de boycott. Mais confirment que les marques françaises ont souffert. « Vous savez ce que c’est, on ne peut pas empêcher les gens d’acheter des Renault ou de faire leurs courses chez Carrefour », observe, amusé, un ministre turc.
La fâcherie de l’hiver est toutefois restée limitée comparée à celles de 2001, quand le Parlement français avait reconnu le génocide arménien, et 2006, lorsque le futur président Nicolas Sarkozy rodait sa campagne pour l’Élysée sur le thème du « non » à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE).

2012 marque le pas
« Il y a cinq ans, on a perdu de gros contrats. Pas cette fois, confie un acteur économique. Des projets ont été gelés mais sont relancés depuis. »


Au final, le bilan de 2012 reste décevant. Avec un peu moins de 13 milliards d’euros d’échanges, l’année sera à peine meilleure que 2011 (12,5 milliards). Malgré quelques beaux « coups » tricolores comme la prise de participation d’Aéroports de Paris (AdP) dans son homologue turc TAV.


Mais le climat politique a changé et redonné de l’appétit aux entreprises tricolores. En novembre, le ministre turc de l’Économie Zafer Caglayan a célébré à Paris « l’ouverture d’une nouvelle époque dans les relations entre nos deux pays ». Et son homologue française du Commerce extérieur Nicole Bricq débarque aujourd’hui à Istanbul avec un aréopage de patrons pour faire fructifier ce « retour de la confiance ».


Avec ses 450 implantations qui emploient 100 000 personnes, la France est solidement installée en Turquie. Troisième partenaire économique européen derrière l’Allemagne et l’Italie, elle dispose des atouts pour améliorer son rang.
Mais la frilosité des patrons français à l’endroit d’un pays qu’ils connaissent mal retarde encore leur marche en avant. « Ils ont encore une vision très négative de la Turquie, déplore le directeur d’Ubifrance en Turquie, Éric Fajole. Il y a peu, l’un d’eux me demandait si on y travaillait le vendredi... »


Et l’hypothèque qui pèse sur les contrats d’État reste une réalité. « C’est vrai, la France est écartée d’un certain nombre de grands appels d’offres depuis 2006 », concède Yves-Marie Laouënan, le vice-président de la Chambre de commerce française en Turquie, « mais cela pourrait changer ».


Le ministre turc de l’Énergie Taner Yildiz a ainsi récemment encouragé la France à postuler pour la construction du troisième réacteur nucléaire turc. Un clin d’œil inenvisageable un an plus tôt.
(Source : AFP)

L’orage a fait quelques dégâts, comme à chaque fois. Mais un an après le coup de tabac qui a secoué les relations entre Paris et Ankara, les entreprises françaises sont reparties de plus belle à l’assaut du juteux marché turc, avec l’ambition d’y renforcer leurs positions.
C’était l’hiver dernier. Un temps où, comme s’en amuse aujourd’hui un patron français en Turquie,...

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