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À La Une - Droits de la femme - Liban

Nationalité... tu ne transmettras point. Jusqu’à quand ?

Pour la fête des Mères, les Libanaises sont sorties réclamer un des droits les plus primordiaux qui ne leur est toujours pas accordé. Aujourd’hui, le Liban fait partie des rares pays où la femme ne peut pas transmettre la nationalité à ses enfants.

Rassemblement des manifestantes à la place Riad el-Solh. Photo tirée de la page Facebook de la Lebanese Women’s Right to Nationality and Full Citizenship

Il y avait comme un vent de révolte et de déception, hier, à la place Riad el-Solh. Mais pas seulement. La détermination était là aussi. Quelques centaines de femmes ont manifesté sous le thème « La nationalité est un droit pour moi et ma famille », pour rappeler qu’elles n’ont pas oublié, et qu’elles ne sont pas prêtes d’oublier qu’elles n’ont toujours pas le droit de transmettre leur nationalité.


Aujourd’hui au Liban, la loi n°15 de 1925 précise que les mères sont autorisées à transmettre leur nationalité à leurs enfants dans deux cas seulement : lorsque l’enfant est né d’une relation hors mariage et de père inconnu, ou lorsqu’une femme étrangère, mère d’enfants mineurs nés d’un premier mariage avec un père étranger, acquiert la nationalité libanaise en épousant un Libanais. Dans ce cas, la femme peut alors transmettre sa nationalité à ses enfants mineurs non libanais à la mort de son époux.


Des promesses ont été faites, histoire de calmer les ardeurs et de faire oublier le problème. La dernière en question remontre à un an : on avait promis aux Libanaises que leur « cas » serait étudié et qu’une commission allait réfléchir sur la transmission de la nationalité. C’était « un cadeau à l’occasion de la fête des Mères », avait affirmé le Premier ministre Nagib Mikati. « Un cadeau empoisonné », soutient aujourd’hui Lina Abou Habib, présidente du CRTDA (Collectif de recherche, de formation et de développement – Action), moteur de la campagne « Ma nationalité, un droit pour moi et ma famille ». « Les gouvernements promettent et n’agissent pas, ajoute-t-elle. Pour cela, nous visons les prochaines élections. Nous voulons appeler à un vote utile et soutenir les politiciens qui sont en notre faveur. »


Environ 250 personnes étaient présentes, hier, place Riad el-Solh, et se sont solidarisées avec cette cause. Plusieurs femmes, non concernées directement par cette situation, étaient là au nom de l’égalité. Parmi elles, Rita Chemaly qui affirme : « Même deux sœurs ne seraient pas égales devant la loi. Si l’une tombait amoureuse d’un étranger, son enfant aurait besoin d’un visa. » En effet, un enfant issu d’un mariage mixte, lorsque la mère est libanaise, n’est pas considéré libanais et a besoin d’un visa pour vivre dans son propre pays. Des étrangères mariées à des Libanais peuvent, quant à elles, obtenir la nationalité en quelques mois. « Ce qu’on demande, c’est que toutes les femmes libanaises puissent accorder à leurs enfants le droit d’exister en tant que libanais », s’indigne Mme Chemaly.
Pour ce qui est d’exister en tant que libanais, Fatmeh Kebbé, jeune femme d’une vingtaine d’années, de père palestinien, était présente avec sa mère libanaise, Safa Harb, qui manifeste encore aujourd’hui à 75 ans pour ses enfants. « Je suis née au Liban, j’ai grandi ici, je travaille ici, ma vie est ici et pourtant je n’ai droit à rien, même pas à mes droits sociaux et à une vie digne », confie Fatmeh.


Des pays arabes se sont réveillés face à ce problème, tardivement certes, mais le changement a eu lieu, et la mère peut transmettre sa nationalité. En 2007 et 2010 respectivement, le Maroc et la Tunisie ont tous deux, pris conscience de « l’absurdité » de la chose. Ils l’ont peut-être fait par intérêt politique. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un droit fondamental, ne serait-ce qu’au nom d’une saine égalité entre l’homme et la femme.

 

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